"On pourrait la vendre !" 19.04.15
J'avais lu que les birmans n'étaient pas autorisés à accueillir des étrangers chez eux pour y passer la nuit. Notre guide July me l'avait confirmé en précisant la raison avancée par le gouvernement à l'origine de cette interdiction : chaque personne qui passe la nuit chez un habitant est une personne en moins dans un hôtel donc un manque à gagner pour l'économie du pays, ni plus ni moins. July avait l'air d'être d'accord avec cette idée.
Je ne m'aventurerai pas sur un article politico-orienté, mais pendant ce mois passé au Myanmar je me suis souvent demandé dans quelle mesure ce pays sortant de 50 ans de dictature militaire et aujourd'hui officiellement déclaré comme "république" était encore sous l'influence du "big brother" militaire, dans quelle mesure les habitants avaient ressenti, dans leur quotidien, une amélioration de leurs conditions, quel regard ils portent sur l'histoire de leur pays, quels sont leurs espoirs pour le futur notamment au regard des élections qui approchent (novembre prochain), de quel œil ils voient l'explosion du tourisme etc.
Trois personnes m'auront particulièrement ouvert la porte à une meilleure compréhension de ce qu'est le Myanmar aujourd'hui, trois personnes de trois générations différentes, avec leur propre histoire, leur propre regard, leur propre façon de transmettre leur message. Le genre de rencontre et d'échange qui enrichit considérablement un voyage : July, 24 ans, notre guide pendant le trek vers le lac Inle, Mr Anthony, dans les 70 ans probablement, travaillant dans une guesthouse à Mawlamyine et enfin Khin, 49 ans, vivant avec ses parents et ses deux filles dans un petit appartement à Yangon.
Le matin de mon départ de Mawlamyine (qui, soit dit en passant, est une petite ville très agréable en bord de fleuve et face à laquelle se trouve une belle ile qui regorge d'artisans : fabrication d'ardoises d'écoliers, travail du bois, forets d'hévéas et transformation du caoutchouc etc. ), Mr Anthony vient frapper à ma porte une première fois, il vient me demander si je pars aujourd'hui, nous discutons un peu puis il repart en me laissant finir de ranger mon sac. Quelques minutes plus tard il revient, cela me fait rire et il me pince alors les deux joues tel un poupon "oh tu es trop mignonne !" (ou comment quelqu'un peut te donner l'impression d'avoir 5 ans) moi aussi j'aurais pu lui pincer les deux joues à ce petit monsieur tout mignon. Il me donne alors une carte avec ses coordonnées en me demandant de lui écrire, et aussi de revenir. Plus tard, lorsque je lui remettrai le livre qu'il m'avait prêté et conseillé lire (autobiographie poignante d'une jeune birmane) il me dira :
"Tu peux oublier Mr Anthony, mais n'oublie pas la Birmanie", me demandant aussi de faire lire ce livre autour de moi et d'encourager les gens à venir visiter le pays : alors à ceux qui lisent l'anglais : Little Daughter, de Zola Phan.
Pour ma part c'est certain, je reviendrai. Un mois, ce fut bien trop court, il reste encore tant à découvrir... en attendant, souhaitons que le pays s'enclenche vraiment dans une dynamique de pacification, d'ouverture au monde et de respect des droits de l'homme, mais d'après Khin, le chemin semble encore bien long.
Je ne m'aventurerai pas sur un article politico-orienté, mais pendant ce mois passé au Myanmar je me suis souvent demandé dans quelle mesure ce pays sortant de 50 ans de dictature militaire et aujourd'hui officiellement déclaré comme "république" était encore sous l'influence du "big brother" militaire, dans quelle mesure les habitants avaient ressenti, dans leur quotidien, une amélioration de leurs conditions, quel regard ils portent sur l'histoire de leur pays, quels sont leurs espoirs pour le futur notamment au regard des élections qui approchent (novembre prochain), de quel œil ils voient l'explosion du tourisme etc.
Trois personnes m'auront particulièrement ouvert la porte à une meilleure compréhension de ce qu'est le Myanmar aujourd'hui, trois personnes de trois générations différentes, avec leur propre histoire, leur propre regard, leur propre façon de transmettre leur message. Le genre de rencontre et d'échange qui enrichit considérablement un voyage : July, 24 ans, notre guide pendant le trek vers le lac Inle, Mr Anthony, dans les 70 ans probablement, travaillant dans une guesthouse à Mawlamyine et enfin Khin, 49 ans, vivant avec ses parents et ses deux filles dans un petit appartement à Yangon.
Le matin de mon départ de Mawlamyine (qui, soit dit en passant, est une petite ville très agréable en bord de fleuve et face à laquelle se trouve une belle ile qui regorge d'artisans : fabrication d'ardoises d'écoliers, travail du bois, forets d'hévéas et transformation du caoutchouc etc. ), Mr Anthony vient frapper à ma porte une première fois, il vient me demander si je pars aujourd'hui, nous discutons un peu puis il repart en me laissant finir de ranger mon sac. Quelques minutes plus tard il revient, cela me fait rire et il me pince alors les deux joues tel un poupon "oh tu es trop mignonne !" (ou comment quelqu'un peut te donner l'impression d'avoir 5 ans) moi aussi j'aurais pu lui pincer les deux joues à ce petit monsieur tout mignon. Il me donne alors une carte avec ses coordonnées en me demandant de lui écrire, et aussi de revenir. Plus tard, lorsque je lui remettrai le livre qu'il m'avait prêté et conseillé lire (autobiographie poignante d'une jeune birmane) il me dira :
"Tu peux oublier Mr Anthony, mais n'oublie pas la Birmanie", me demandant aussi de faire lire ce livre autour de moi et d'encourager les gens à venir visiter le pays : alors à ceux qui lisent l'anglais : Little Daughter, de Zola Phan.
Pour ma part c'est certain, je reviendrai. Un mois, ce fut bien trop court, il reste encore tant à découvrir... en attendant, souhaitons que le pays s'enclenche vraiment dans une dynamique de pacification, d'ouverture au monde et de respect des droits de l'homme, mais d'après Khin, le chemin semble encore bien long.
***
4h30 du matin dans un appartement d'un quartier de Yangon :
Un papi allongé par terre dans un demi sommeil : C'est toi Khin ? Qui est avec toi ?
Khin : c'est une étrangère
Le papi : quoi ?
Khin : UNE ÉTRANGÈRE ! Elle va dormir ici, tu la verras demain.
Le papi : une étrangère... ? Ahahaha, une étrangère !
***
Après Mawlamyine, il me restait encore quelques jours avant l'expiration de mon visa et mon retour prévu vers Bangkok. Mon guide touristique s'arrêtait à Mawlamyine et n'évoquait rien de la partie la plus méridionale du pays. C'est peut être bien pour ça que j'ai décidé d'y aller, outre le fait d'en avoir parlé avec mes copains de trek ?
Après 10h de bus et un nouveau trajet de nuit très épique, j'atteignis donc Tavoy (ou Dawei).
A propos des changements de noms, décidés du jour au lendemain, Khin m'a fait remarquer quelque chose de très pertinent lorsque je lui ai demandé pourquoi elle appelait encore son pays "Burma" (Birmanie en anglais) alors que cela fait maintenant plus de 25 ans qu'il s'appelle Myanmar : "Le nom, c'est l'identité, m'a-t-elle répondu. Imagine qu'on te dise du jour au lendemain : tiens au fait, tu ne t'appelles plus Marion, à partir de maintenant ce sera ... (elle a cherché un prénom français, je lui ai suggéré Bernadette). Voilà, on nous a dit "maintenant c'est le Myanmar", mais le Myanmar n'existe pas, n'a pas d'histoire, notre pays c'est la Birmanie ! Qui dans le monde connaît le Myanmar même aujourd'hui ?" Elle m'a demandé. Et j'ai bien dû reconnaître que moi même je faisais figurer les deux noms sur mon blog et que j'utilisais Birmanie naturellement plutôt que Myanmar.
En bref, selon elle un changement de nom c'est une volonté de nier le passé et elle s'y refuse.
Cette discussion nous l'avons eu aussi avec July qui quant à elle a voulu nous piéger en nous demandant "dans quel pays sommes nous ?", la voyant venir nous lui avons répondu "le Myanmar!". Pour elle, qui appartient à une autre génération que Khin et qui est née après le changement de nom du pays, Myanmar signifierait "la fin des combats", aussi accorde-t-elle de l'importance à ce que l'on ne se trompe pas de nom.
Tavoy donc, ou Dawei, comme bon vous semblera, est une assez jolie ville, avec un certain nombre de vieux bâtiments de l'époque coloniale qui lui donnent un certain charme, peu de circulation ce qui la rend agréable à arpenter à pied. C'est d'ailleurs en marchant à l'aveugle (impossible de trouver un plan de la ville) que j'ai rencontré André, un allemand de 28 ans qui s'est installé à Tavoy il y a 6 mois : la belle aubaine, il allait pouvoir m'en dire un peu plus sur son ressenti, et me conseiller pour le peu de temps que j'avais à passer par ici.
André est venu dans cette partie de la Birmanie pour travailler avec des locaux ayant envie de développer le tourisme dans la région mais ne parlant pas suffisamment bien l'anglais. A l'aide d'un interprète, il les aide donc et les conseille dans leurs projets. Par ailleurs, en allant déjeuner avec lui dans une petite gargote perdue dans le dédale des rues de Tavoy j'ai pu assister à une initiative remarquable : nous avons été servis par une jeune birmane de 16 ans tenant le petit restaurant installé devant sa maison, dans un anglais très fragile elle prend la commande, réalise nos plats et nous sert. André et moi discutons un moment puis il appelle la jeune fille à notre table, elle vient s'installer et commence alors un petit rituel que j'ignorais : c'est l'heure du cours d'anglais ! Elle se présente et m'interroge sur mon nom, mon âge, ma profession, depuis combien de temps et pour combien de temps je suis en Birmanie etc. Le professeur veille, et la corrige quand nécessaire, elle répète, elle semble ravie de pouvoir se prêter à ce petit jeu et améliorer ainsi son anglais. André m'expliquera plus tard qu'il va ainsi déjeuner dans 4/5 endroits différents dans la ville, conseille les propriétaires sur les plats que les touristes apprécient le plus ou bien la façon dont ils doivent doser le piment, ou bien encore, comme ce fut le cas ici, donne des petites leçons d'anglais pour qu'ils soient au minimum capable de maitriser la communication de base entre serveur/client et au mieux qu'ils puissent s'ils le souhaitent entamer une petite conversation. Bien joué André, bel exemple à donner aux expatriés !
Sur son conseil, j'ai loué un scooter et suis allée explorer les superbes environs. La région est très vallonnée et couverte de forets, le tout baigné par la mer d'Andaman. Autrement dit la balade en elle même a été aussi plaisante que ma destination finale (dont je me souviens la prononciation mais n'ai aucune idée de la façon dont je peux l'écrire !), à une bonne heure au sud de Tavoy. Un minuscule village de pêcheurs, 4/5 maisons tout au plus, bordé d'un coté par la mer et une superbe plage de sable blanc sur des kilomètres et de l'autre par un bras beaucoup moins profond sur lequel reposaient ce jour là quelques beaux bateaux colorés arborant de multiples petits drapeaux. Après avoir salué les quelques habitants que j'ai pu croiser dans ce village bien silencieux, je suis allée marcher sur cette belle plage puis ai vite été appelée par l'eau et ses belles ondulations. J'y ai passé deux bonnes heures sans apercevoir âme qui vive, beau moment de rêverie dans une eau incroyablement chaude, 30 degrés d'après ma recherche en rentrant.
De retour sur la plage, pour faire sécher le sarong avec lequel je me suis baignée je me pose quelques instants et entend derrière moi des pas dans le sable : un petit curieux de 2/3 ans très vite suivi par son frère et sa sœur. Ensemble, nous passerons un long moment, j'ai du d'abord leur présenter tout ce que contenait mon sac à dos qui les intriguait beaucoup, les laissant essayer ce qu'il était possible d'essayer (lunettes de soleil, baume à lèvres, crème solaire...) mais leur attention se sera surtout focalisée sur un petit cadenas : c'est fou le temps que l'on peut passer avec trois enfants autour d'un seul petit objet d'apparence insignifiante.
Au retour, je m'arrêterai sur la plage la plus proche de Tavoy et donc aussi la plus populaire, pour y apprécier avec les locaux le coucher du soleil puis rentrer avant la nuit noire, et profiter de nouveau de ces reliefs, cette verdure, avec la sensation de liberté que procure une balade en deux roues. Tavoy fut donc un endroit très agréable pour passer mes derniers jours en Birmanie.
***
Le lendemain matin de mon arrivée dans cette famille, après avoir pris un copieux petit déjeuner.
La mami, me regardant : "............" ! (en birman)
Explosion de rire du papi, de Khin et de ses deux filles tous ensemble. Je m'empresse alors de leur demander ce que cette gentille mami vient de dire de si drôle pour rigoler avec eux. Petit malaise.
Khin : Non mais elle plaisantait, c'était pour rire.
Le papi : Elle est malade ma femme, elle perd un peu la tête, parfois elle parle comme une enfant.
Remarque suite à laquelle mon visage a du marquer un signe de tristesse puisqu'il s'est empressé de rajouter : " mais tu sais, moi je dis qu'elle a de la chance : elle revit une seconde jeunesse !!" et d'arborer un grand sourire serein.
Toujours est-il que si je savais maintenant que cette mami était malade et que son mari portait sur elle un regard encore rempli d'affection et de tendresse, je ne savais toujours pas ce qu'elle venait de dire en me regardant, j'insistai donc de nouveau auprès de Khin qui finit par me traduire, gênée :
"On pourrait la vendre !", voilà ce qu'avait gentiment proposé la mami après m'avoir observé longuement...
***
Pour remonter à Yangon j'ai pris un bus de jour, enfin le trajet durant 16h nous avons aussi roulé de nuit et sommes arrivés vers 4h du matin à Yangon mais j'ai tout de même pu profiter de toute la première partie du voyage pour contempler la région.
C'est en montant dans le bus que Khin m'a interpellée en me demandant le numéro de mon siège, et a eu l'air satisfait lorsque je lui ai répondu que mon siège était celui à coté du sien. C'est ainsi que durant ce trajet nous avons fait connaissance et qu'elle a fini par me proposer m'accueillir chez elle à Yangon jusqu'à mon départ vers Bangkok le surlendemain. Sans le savoir, elle a un peu coupé l'herbe sous le pied à Su-Su, assise derrière nous.
J'avais rencontré Su-Su en me rendant à la gare, dans les transports en commun, elle s'était tout de suite intéressée à moi et nous avions commencé à échanger. Su-Su est enseignante à l'université de Yangon, département de zoologie. Son thème de recherche concerne une espèce bien particulière de serpent que l'on trouve dans la région de Tavoy. Déçue qu'il ne me reste qu'une seule journée avant de repartir elle me donne ses coordonnées et me demande de revenir, me disant que sa soeur construit actuellement une Guest House à Bago et qu'elle aimerait m'y inviter quand je reviendrai. Plus tard, lors d'un des nombreux arrêts du bus pour se rassasier elle m'offrira mon repas et me proposera de venir diner chez elle le lendemain, invitation que j'ai du refuser, ayant déjà accepté celle de Khin.
Les conversations avec Khin durant le trajet ont été riches. Soucieuse de pouvoir m'apprendre des choses elle répondait volontiers à mes interrogations, profitait des arrêts pour me faire découvrir des aliments que je ne connaissais pas comme le mangoustan par exemple, un joli petit fruit rond et violet qui révèle une chair blanche enfermée dans une peau à l'intérieur fushia ... gouter ce fruit aura été aussi délicieux que d'en observer les couleurs ! Ensemble nous avons aussi grignoté du tamarin et des graines de tournesol tout en papotant de sujets divers sur la Birmanie.
Il faut dire que les sujets venaient par eux même en jetant un coup d'oeil par la fenêtre. Prenons pour exemple la route complètement défoncée sur laquelle notre bus s'est aventurée pendant plusieurs heures. C'est l'unique route qui rejoint Tavoy depuis Mawlamyine, actuellement en train d'être rénovée et élargie. L'occasion pour Khin de me faire par de sa colère : "Tu vois, pendant des années le gouvernement n'a rien fait pour nous, il s'est enrichi (la Birmanie possède de nombreuses ressources naturelles sources de revenus intéressants comme les pierres précieuses et notamment les rubis dans le nord du pays) mais ne nous en n'a pas fait profiter." Par là elle signifiait que cette route est restée dans un état désastreux pendant des années alors que d'après elle l'état avait les moyens de la rénover, d'autant qu'il ne s'agit pas d'une route secondaire mais bien du seul moyen d'accès terrestre vers le sud du pays. Aussi, pendant des années, la saison des pluies rendant la route absolument inempruntable, la seule possibilité pour se rendre dans cette région était l'avion...
Bon, mais alors aujourd'hui c'est chouette alors, parce que la route est en travaux et sera bientôt une belle voie lisse et large ? Sauf qu'à y regarder de plus près, on a du mal à se réjouir : la route étant bordée d'un coté par un ravin et de l'autre par un flanc de montagne, les habitants des villages alentours sont payés une misère pour "casser la montagne" à coups de pioche, puis casser de nouveau les gros blocs de pierre en plus petits, puis plus petits encore jusqu'à obtenir de petits cailloux qui serviront au revêtement de la route. Quelques pioches oui, mais j'ai en vu certains casser des cailloux à la main... Et parmi ces travailleurs, de nombreux enfants.
***
Ok, pas de panique, ils m'ont dit qu'elle était malade et qu'elle "parlait parfois comme une enfant", elle ne va pas non plus me sauter à la gorge ... Mais alors pourquoi vient-elle se pencher au dessus de moi alors que j'essaye de trouver le sommeil, et enchaine des allers-retours incessants entre la pièce principale de l'appartement où dorment au sol Khin et son père et l'espace un peu plus confiné où j'ai été installée ?? Je fermerai l'oeil bien plus tard dans la nuit quand elle aura finalement décidé d'aller dormir... par terre sur le balcon, certainement à la recherche d'une relative fraicheur.
Partager le quotidien de cette famille a été une superbe façon de finir mon séjour au Myanmar, me rappelant un peu la fin de mon séjour en Inde, également passé en famille. Je me souviendrai particulièrement de ce grand père de 85 ans avec lequel j'ai regardé les informations en anglais pendant des heures en commentant ce que nous y voyions, et plus amusant, avoir regardé avec eux un film américain "Mrs Doubfire" en devant leur expliquer régulièrement pourquoi telle situation était drôle ou bien pourquoi cet homme était en train de se déguiser en femme dans les toilettes d'un restaurant chic : " alors il s'agit en fait de l'ex mari qui se déguise en femme pour se faire passer pour une nounou et ainsi pouvoir passer du temps avec ses enfants tous les jours sans que son ex femme ne s'en doute" ... Oui parce que l'arrivée de la télévision satellite c'est bien, mais parfois il faudrait un petit topo culturel préalable avant le visionage de films aussi éloignés de leur culture ! Nous avons en tout cas bien ri et ce fut l'un des bons moments passés ensemble, l'un de mes derniers bons moments dans ce pays.
A très bientôt, Myanmar !
Lue mai ? Mata mai ? 25.03.15
Ça avait pourtant mal commencé.
Trois crevaisons et 7h30 d'attente plus tard, c'est à 23h30 que notre bus arrive enfin à Kalaw, alors que nous avions quitté Bagan à 7h le matin. Ce trajet aussi épique que pénible dans les dernières heures, aura eu deux avantages : il m'aura permis de rencontrer les personnes qui deviendront mes compagnons de trek et, parce que nous avons dû repousser notre départ d'une journée à cause de notre arrivée tardive, nous aura permis d'assister à une cérémonie incroyable...
De Kalaw au lac Inle, 3 jours de trek dans la montagne à la rencontre des habitants appartenant aux tribus Da-nu et Pa-O.
Pendant ces trois jours, nous avons marché sur des chemins de terre rouge traversant les champs et les rizières (pour la plupart asséchées, ou bien utilisées pour y cultiver ail et pomme de terre), grimpé des chemins caillouteux dans la montagne, traversé des forêts de pins et d'eucalyptus en savourant l'ombre des arbres, marché sur des routes en plein soleil, traversé des villages déserts - leurs habitants travaillant dans les champs - avons été pris en stop par un camion pour ne pas manquer le début de la cérémonie, nous sommes arrêtés ici et là pour boire un thé, nous reposer quelques temps, ou encore cueilli des orchidées pour en découvrir la saveur le soir même ... La salade d'orchidées blanches restera d'ailleurs l'un des meilleurs plats que j'aurais gouté ici ! (
Mais surtout, surtout, lors de ce trek nous avons rencontré des birmans issus de différentes tribus (il y a 135 tribus au Myanmar), rencontres qui ont été facilitées par le fait que notre adorable guide July, 24 ans, a pu selon la situation faire l'interprète ou bien nous apprendre quelques mots/phrases nous permettant d'échanger avec ces habitants.
Retour sur trois moments forts de ce trek :
Un déjeuner intergénérationel dans un village Da-nu
Lorsque nous arrivons dans le village de Sharpin après environ 3h de marche dans les hauteurs de Kalaw, nous apercevons à la terrasse d'une grande maison en tek un couple de personnes âgées et quelques bouilles d'enfants. Ils nous attendent.
L'avantage du Myanmar où certes le tourisme est en pleine expansion depuis quelques années, c'est que l'on est loin encore du tourisme de masse et que si de plus en plus de trek comme celui que nous avons entrepris s'organisent, les villageois ne voient pas pour autant les groupes s'enchaîner devant leur maison et l'on sent donc une réelle authenticité dans l'échange. Dans ce village-ci par exemple, la dernière visite datait d'il y a trois mois. C'est donc tout sourire que ces adorables grands-parents et trois de leurs vingt-deux petits enfants nous ont accueillis dans leur grande maison pour le déjeuner. Un bon moment de partage, parfois en anglais avec le mari qui se débrouillait très bien et semblait avoir beaucoup de connaissances notamment géographiques, nous retiendrons son mythique "olalalala" qui suivait beaucoup de nos réponses à ses questions.
"D'où venez vous ?"
- "de France"
- "Olalalala !!"
Avec les petites j'ai pu échanger quelques moments de complicité à travers des comptines et jeux de mains traditionnels tandis qu'un autre vieux monsieur donnait un cours de méditation à l'une d'entre nous. La photographie aura une fois de plus été un moyen de communication et d'échange et l'une des petites filles notamment aura été très intéressée par l'utilisation de mon appareil que nous avons manipulé ensemble pour prendre ses grands-parents en photo et il en ressortira l'un de mes clichés préférés de la journée !
Trois crevaisons et 7h30 d'attente plus tard, c'est à 23h30 que notre bus arrive enfin à Kalaw, alors que nous avions quitté Bagan à 7h le matin. Ce trajet aussi épique que pénible dans les dernières heures, aura eu deux avantages : il m'aura permis de rencontrer les personnes qui deviendront mes compagnons de trek et, parce que nous avons dû repousser notre départ d'une journée à cause de notre arrivée tardive, nous aura permis d'assister à une cérémonie incroyable...
De Kalaw au lac Inle, 3 jours de trek dans la montagne à la rencontre des habitants appartenant aux tribus Da-nu et Pa-O.
Pendant ces trois jours, nous avons marché sur des chemins de terre rouge traversant les champs et les rizières (pour la plupart asséchées, ou bien utilisées pour y cultiver ail et pomme de terre), grimpé des chemins caillouteux dans la montagne, traversé des forêts de pins et d'eucalyptus en savourant l'ombre des arbres, marché sur des routes en plein soleil, traversé des villages déserts - leurs habitants travaillant dans les champs - avons été pris en stop par un camion pour ne pas manquer le début de la cérémonie, nous sommes arrêtés ici et là pour boire un thé, nous reposer quelques temps, ou encore cueilli des orchidées pour en découvrir la saveur le soir même ... La salade d'orchidées blanches restera d'ailleurs l'un des meilleurs plats que j'aurais gouté ici ! (
Mais surtout, surtout, lors de ce trek nous avons rencontré des birmans issus de différentes tribus (il y a 135 tribus au Myanmar), rencontres qui ont été facilitées par le fait que notre adorable guide July, 24 ans, a pu selon la situation faire l'interprète ou bien nous apprendre quelques mots/phrases nous permettant d'échanger avec ces habitants.
Retour sur trois moments forts de ce trek :
Un déjeuner intergénérationel dans un village Da-nu
Lorsque nous arrivons dans le village de Sharpin après environ 3h de marche dans les hauteurs de Kalaw, nous apercevons à la terrasse d'une grande maison en tek un couple de personnes âgées et quelques bouilles d'enfants. Ils nous attendent.
L'avantage du Myanmar où certes le tourisme est en pleine expansion depuis quelques années, c'est que l'on est loin encore du tourisme de masse et que si de plus en plus de trek comme celui que nous avons entrepris s'organisent, les villageois ne voient pas pour autant les groupes s'enchaîner devant leur maison et l'on sent donc une réelle authenticité dans l'échange. Dans ce village-ci par exemple, la dernière visite datait d'il y a trois mois. C'est donc tout sourire que ces adorables grands-parents et trois de leurs vingt-deux petits enfants nous ont accueillis dans leur grande maison pour le déjeuner. Un bon moment de partage, parfois en anglais avec le mari qui se débrouillait très bien et semblait avoir beaucoup de connaissances notamment géographiques, nous retiendrons son mythique "olalalala" qui suivait beaucoup de nos réponses à ses questions.
"D'où venez vous ?"
- "de France"
- "Olalalala !!"
Avec les petites j'ai pu échanger quelques moments de complicité à travers des comptines et jeux de mains traditionnels tandis qu'un autre vieux monsieur donnait un cours de méditation à l'une d'entre nous. La photographie aura une fois de plus été un moyen de communication et d'échange et l'une des petites filles notamment aura été très intéressée par l'utilisation de mon appareil que nous avons manipulé ensemble pour prendre ses grands-parents en photo et il en ressortira l'un de mes clichés préférés de la journée !
Un village Pa-O au petit matin
Après une nuit en pointillé dans la grande pièce unique d'une maison traditionnelle (en tek une fois encore), je suis réveillée aux aurores et décide alors d'aller me balader dans le village que nous avons atteint en fin de journée la veille et n'avons pas vraiment eu le temps de découvrir avant la tombée de la nuit. Nous sommes au sein d'une tribu Pa-O, les habitants ne parlent pas le myanmar (ou birman) mais une langue qui leur est propre, aussi notre guide nous a-t-elle appris la veille en marchant qu'ici il n'était pas d'usage de saluer les gens en leur disant "bonjour", mais plutôt en leur demandant selon le cas où ils allaient ou ce qu'ils faisaient (cf le titre de cet article).
C'est donc avec ces phrases en tête que je m'aventure au sein du village peu de temps après le lever du soleil. Déjà, on peut sentir une certaine effervescence, sur le chemin je croise des femmes portant des bidons qu'elles vont remplir au seul point d'eau du village, en les croisant je leur souri simplement, n'osant pas encore essayer de communiquer dans leur langue. Ici, des enfants jouent dehors, là, on attèle les buffles pour aller aux champs, là bas, on récupère de quoi allumer un feu dans la cuisine, on s'attèle à un chantier de construction en cours, on se lave... Bref, il doit être aux alentours de 7h et le village est déjà bien éveillé et affairé ça et là.
"Lue mai ?", je demande enfin à une femme dont je croise le chemin : un sourire qui s'élargit et une simple réponse à ma question, elle vient certainement de me répondre qu'elle va chercher de l'eau. "Mata mai?", je demande à cette autre femme la pelle à la main sur un tas de cendre, à elle aussi de me répondre puis de me montrer mon appareil photo, je lui propose alors de la photographier, elle me parle, semble hésitante "laa de" je lui dit, lui signifiant qu'elle est belle, elle rigole, replace son turban et alors je peux la photographier puis lui montrer les clichés, avant de continuer mon chemin et elle son travail. Pendant une petite heure je marche au sein du village et ne me lasse pas de demander aux habitants où ils vont et ce qu'il font, et cela les fait souvent rire s'ils sont plusieurs, ou sourire quand ils sont seuls. A l'autre bout du village une femme est venue à ma rencontre et a d'emblée enlevé son turban me proposant de me le faire essayer, amusant. Elle a adoré regarder les photos prises ensemble.
Les femmes Pa-O portent donc un turban souvent orange mais parfois vert et bleu,
et des vêtements noirs, la plupart du temps constitués de quatre
épaisseurs, dont certaines en laine... Oui, vêtement noirs, en laine,
par 35 degrés même lorsqu'elles travaillent en plein soleil dans les
champs, car ici le poids de la tradition est encore très fort. L'origine
de la couleur de leurs vêtements remonte à une légende ancienne selon
laquelle certaines tribus auraient pour ancêtre commun un dragon ayant
pondu deux œufs, l'un noir, ayant dévié vers l'est le long de la rivière
et duquel serait issue la tribu Pa-O, s'habillant en noir pour cette
raison, et l'autre blanc, duquel serait issue une autre tribu habitant
plus loin au nord mais parlant un langage très proche malgré
l'éloignement géographique et s'habillant pour leur part en blanc. Autre
particularité de certains villages Pa-O, la plupart des maisons ne
comportent pas de fenêtre mais uniquement des portes, en référence à
l'habitation légendaire du dragon : la grotte, qui ne possède qu'une
entrée.
Cérémonie du noviciat à Yay Kaung Doe
Deuxième jour, après une matinée de marche, un repas pris sur le bord de la route, une heure supplémentaire de marche, un tour dans la remorque d'un camion assis sur un tas de gravier puis une dernière demi heure à pied au son de la musique diffusée dans le village dont nous nous rapprochons peu à peu nous voilà arrivés.
La première impression est celle d'une kermesse ! Des enceintes crachent comme elles peuvent de la musique, parsemés par ci par la on trouve dans le village des vendeurs de boissons, de nourriture, des stands pour les enfants : un seul cadeau à gagner : des armes en plastique, fille ou garçon, choisis ta petite ou grosse arme colorée ! (...) il y a beaucoup de monde dans ce petit village dans les montagnes, on reconnait que nous sommes dans une tribu Pa-O par leur façon de s'habiller. On sent l'agitation, l'excitation de quelque chose qui se prépare ... Notre guide demande aux habitants où se trouvent les maisons des familles qui organisent cette cérémonie du noviciat, au cours de laquelle 38 jeunes garçons vont devenir moines. Nous finissons par entrer dans une maison ou la préparation bat son plein : les trois enfants sont maquillés, habillés de vêtements de satin colorés, décorés de bijoux, on d'affaire ça et là autour d'eux dans cette maison qui a été décorée pour l'occasion, des sucreries ont aussi été préparées pour les invités - dont nous faisons désormais partie. Ce remue ménage doit certainement durer depuis un bon moment et les enfants ont l'air complètement épuisés, le plus jeune manquant plusieurs fois de s'endormir. Notre guide nous expliquera que ce genre de célébration coutant extrêmement cher aux habitants (aux parents des futures novices notamment), elle n'a pas lieu tous les ans et dans ce village par exemple, la dernière avait eu lieu 8 ans auparavant.
Nous quitterons un peu plus tard la maison pour nous diriger vers les hauteurs du village, où s'élève un superbe monastère en tek, sur la place duquel se déroulera l'essentiel de la cérémonie.
Quelques temps plus tard, c'est depuis l'une des fenêtres de ce monastère que j'ai pu observer - non sans émotion - le spectacle qui s'est offert à nous. La procession commence : musique traditionnelle (notamment percussions, diverses sortes de tambours, gongs, cloches...), danseurs, les jeunes novices assis sur de sublimes petits chevaux que l'on a décoré, on leur jette des fleurs, tout le village est là, autour, dispersé sur la place, en hauteur, autour de moi, devant, derrière, les couleurs des turbans, celles qui ornent les chevaux, les fleurs partout, les vêtements des novices, ce défilé nous en met plein la vue, nous sommes tous très émus par ce qu'y s'en dégage, on sent que c'est un moment fort pour le village, pour les familles, et on se sent très privilégiés de pouvoir assister à cela.
Ce moment restera certainement l'un des plus fort de ce long voyage et je remercie les circonstances et les connaissances de la guide pour nous avoir permis de vivre cela...
Cérémonie du noviciat à Yay Kaung Doe
Deuxième jour, après une matinée de marche, un repas pris sur le bord de la route, une heure supplémentaire de marche, un tour dans la remorque d'un camion assis sur un tas de gravier puis une dernière demi heure à pied au son de la musique diffusée dans le village dont nous nous rapprochons peu à peu nous voilà arrivés.
La première impression est celle d'une kermesse ! Des enceintes crachent comme elles peuvent de la musique, parsemés par ci par la on trouve dans le village des vendeurs de boissons, de nourriture, des stands pour les enfants : un seul cadeau à gagner : des armes en plastique, fille ou garçon, choisis ta petite ou grosse arme colorée ! (...) il y a beaucoup de monde dans ce petit village dans les montagnes, on reconnait que nous sommes dans une tribu Pa-O par leur façon de s'habiller. On sent l'agitation, l'excitation de quelque chose qui se prépare ... Notre guide demande aux habitants où se trouvent les maisons des familles qui organisent cette cérémonie du noviciat, au cours de laquelle 38 jeunes garçons vont devenir moines. Nous finissons par entrer dans une maison ou la préparation bat son plein : les trois enfants sont maquillés, habillés de vêtements de satin colorés, décorés de bijoux, on d'affaire ça et là autour d'eux dans cette maison qui a été décorée pour l'occasion, des sucreries ont aussi été préparées pour les invités - dont nous faisons désormais partie. Ce remue ménage doit certainement durer depuis un bon moment et les enfants ont l'air complètement épuisés, le plus jeune manquant plusieurs fois de s'endormir. Notre guide nous expliquera que ce genre de célébration coutant extrêmement cher aux habitants (aux parents des futures novices notamment), elle n'a pas lieu tous les ans et dans ce village par exemple, la dernière avait eu lieu 8 ans auparavant.
Nous quitterons un peu plus tard la maison pour nous diriger vers les hauteurs du village, où s'élève un superbe monastère en tek, sur la place duquel se déroulera l'essentiel de la cérémonie.
Quelques temps plus tard, c'est depuis l'une des fenêtres de ce monastère que j'ai pu observer - non sans émotion - le spectacle qui s'est offert à nous. La procession commence : musique traditionnelle (notamment percussions, diverses sortes de tambours, gongs, cloches...), danseurs, les jeunes novices assis sur de sublimes petits chevaux que l'on a décoré, on leur jette des fleurs, tout le village est là, autour, dispersé sur la place, en hauteur, autour de moi, devant, derrière, les couleurs des turbans, celles qui ornent les chevaux, les fleurs partout, les vêtements des novices, ce défilé nous en met plein la vue, nous sommes tous très émus par ce qu'y s'en dégage, on sent que c'est un moment fort pour le village, pour les familles, et on se sent très privilégiés de pouvoir assister à cela.
Ce moment restera certainement l'un des plus fort de ce long voyage et je remercie les circonstances et les connaissances de la guide pour nous avoir permis de vivre cela...
Bagan, enchanteresse
Cela fait 2 jours que je suis à Bagan et j'ai déjà pu explorer de nombreux temples, pagodes, monastères en arpentant la vallée à vélo.
Bagan, ce lieu est presque indescriptible ... Imaginez un espace naturel d'une quarantaine de km², quelques villages, le tout situé au bord de l'Irrawady, la rivière qui traverse le pays. Et surtout, surtout, imaginez plus de 2000 temples et pagodes de briques datant du XIème siècle pour les plus vieux, dispersés ça et là dans cette vallée. A perte de vue des constructions religieuses de différentes tailles, à l'architecture traditionnelle mais présentant chaque fois une petite particularité que ce soit dans ses ornementations extérieures ou dans (ce qu'il reste de) ses décorations intérieures, ses fresques murales, la représentation du Buddha que l'on trouve toujours dans ces bâtiments, souvent démesurément grande par rapport à l'espace disponible.
Sur les deux routes principales et au pied des quelques temples les plus célèbres on croise parfois des cars de touristes, mais la plupart de temps, c'est seul que l'on peut découvrir, en toute intimité, les édifices qui se trouvent sur notre chemin, décidé au hasard des pistes de sables se présentant à nous. En quittant la route, on emprunte ce petit chemin là (mais pourquoi ne m'ont ils pas dit tout de suite que j'allais galérer avec un vélo de ville : imaginez-vous pédaler sur la plage, ça ressemble un peu à ça parfois...avant que je ne troque mon joli petit vélo citadin contre un VTT bien plus adapté), on se rapproche tranquillement d'un temple en espérant que la porte soit ouverte, on dépose son vélo, quitte ses chaussures et l'exploration commence.
Parfois, les murs intérieurs sont complètement nus, les fresques ont disparues ou bien sont trop abimées pour que l'on puisse en apprécier le style. D'autres fois, c'est le regard de la représentation du Buddha qui nous surprend, ou bien les couleurs encore éclatantes des peintures. Souvent, un petit escalier intérieur très étroit et raide nous mène sur une terrasse, où l'on peut trouver à nouveau un escalier et grimper encore. De tout la haut, on apprécie alors la superbe vue sur la vallée. Lorsque la chaleur n'est pas trop écrasante, c'est un bonheur de rester là, sur l'une de ces terrasses, à l'ombre du stûpa.
La chaleur, parlons-en. Le premier jour à Bagan, lorsque, partant vers 7h du matin sur mon joli vélo prête pour une première journée de pédalage/découverte je croisais plus de personnes en scooter ou vélo électrique que sur de vrais vélos je me disais que c'était dommage de passer à coté du plaisir de pédaler tranquillement plutôt que d'entendre sans cesse le son du moteur, allant parfois trop vite pour savourer le paysage et se laisser surprendre par une construction qui ne se révèle qu'au dernier moment. Puis, j'ai compris. Nous sommes en mars, et la chaleur birmane est sèche, il n'y a pas d'air, peu d'ombre et le soleil tape très fort dès 9h du matin, autrement dit et pour résumer : je n'ai jamais autant peiné (pour rester polie) à vélo !! Sans compter ces longs faux-plats sournois qui nous font croire que les km vont être facile à avaler malgré les 40 degrés, mais non, que néni, les temples de Bagan en mars, ça se mérite !
Pour autant, j'ai adoré pédaler avec les locaux, perdre une course contre un garçon de 7/8ans, entendre "keep cycling !!!" par un jeune birman me dépassant à scooter, et échanger des sourires compatissants avec les autres visiteurs qui comme moi avaient choisi l'option vélo et si c'était à refaire, je ne changerais rien.
3ème jour. 4h30, outch, ça pique. Préparation rapide, lampe torche à la main, et c'est parti je me dirige vers le temple que j'ai repéré la veille un peu en retrait d'un grand temple sur lequel beaucoup de visiteurs se retrouvent le matin pour apprécier le lever du soleil. Le "mien" sera plus petit mais j'espère ainsi m'y retrouver seule. Il fait frais, personne sur la grande route sur laquelle on ne voit rien car les lampes pourtant présentes ne sont pas allumées, on se laisse donc parfois surprendre par une ornière, un chien qui traverse, ah un autre cycliste, un birman qui transporte je ne sais quoi dans un énorme sac de riz sur son porte bagage. Je me retrouve derrière deux autres touristes mais qui tournent avant moi, vers le grand temple.
J'arrive à 5h15 devant l'édifice, la porte est fermée ... Après avoir fait le tour je repère la hutte du gardien auquel je vais demander de m'ouvrir. Il m'accompagne gentiment jusqu'au pied de l'escalier et m'éclaire de sa lampe torche, avant de retourner se coucher. Me voilà en haut du temple, prête à apprécier ce lever de soleil.
Un rêve éveillé. Voilà comment je pourrais décrire ce moment. Noir, bleu, violet, rose, jaunâtre, le ciel passe par toute les couleurs et peu à peu la vallée se révèle, les temples les plus lointains sont tout juste décelables dans la brume qui couvre le paysage, apportant sa touche de douceur et de magie. Personne ne vient troubler ce spectacle et mes seuls compagnons sont un écureuil qui monte et descend sans cesse les parois du temples et les oiseaux nichant dans les arbres que le temple surplombe.
Si le ciel est illuminé depuis déjà un moment, on aperçoit enfin le soleil dans son orange tendre, juste à coté d'un temple des plus anciens et dans un état de ruine. C'est beau, paisible, saisissant.
L'apogée de ce spectacle sera l'apparition soudaine d'une dizaine de montgolfières. Porteuses d'un symbole qui m'est cher, au delà de leur grace voluptueuse à s'élever en douceur au dessus de ces temples, de ces arbres, leur présence a suffit à renforcer l'émotion du moment pour faire de cet instant, de ce lever de soleil birman, une expérience inoubliable ...
L'odeur du jasmin. 09.03.15
Dimanche 8 mars. A l'occasion de la journée internationale des femmes était organisé dans la ville le Yangon Women's Festival qui a duré toute la semaine avec une série d'événements et dont la soirée de clôture se tenait ce dimanche soir à l'institut français de Yangon.
Après avoir marché toute la journée, visité pagodes, musée et bibliothèque, je décide de prendre l'option taxi pour rejoindre l'institut situé à 5km de l'endroit où je loge.
L'accueil est chaleureux, on me demande à mon arrivée sur les lieux de remplir un papier pour savoir d'où je viens et ce que je fais ici à Yangon, on m'offre une série de petites choses à grignoter, à lire, je passe différents stands d'organisations diverses engagées dans le domaine des droits de la femme et puis prends place sur l'une des chaises en plastique placées devant la scène, sur laquelle une birmane est en train de prononcer un discours... en birman. Je me demande si la soirée va se dérouler tout en birman et si je suis la seule parmi les gens présents à ne pas comprendre la langue ...
Le discours terminé la "présentatrice" reprends le micro - en anglais, ouf! - pour annoncer la suite : s'enchaineront alors différents discours en anglais par des birmanes ayant été invitées à l'occasion du festival, sur des thèmes qu'elles ont choisi et en lien avec leur parcours, de la femme d'affaire qui nous parle de l'importance de trouver des "mentors" pour nous épauler, nous accompagner et nous encourager dans ce que l'on entreprend, à la jeune designer qui exprime la nécessité de suivre ses passions dans la vie, d'oser sans se mettre de limite, en passant par la chanteuse pop abordant la construction de la confiance en soi chez les jeunes femmes. Chanteuses, chanteur et groupes se sont d'ailleurs succédés, entre pop et rn'b, reprises de tubes ou écritures personnelles, une soirée très agréable et variée ( dans le style et la qualité !), je retiendrai particulièrement le court métrage réalisé par le Yangon film club sur le thème du mariage arrangé, très réussi.
Après avoir marché toute la journée, visité pagodes, musée et bibliothèque, je décide de prendre l'option taxi pour rejoindre l'institut situé à 5km de l'endroit où je loge.
L'accueil est chaleureux, on me demande à mon arrivée sur les lieux de remplir un papier pour savoir d'où je viens et ce que je fais ici à Yangon, on m'offre une série de petites choses à grignoter, à lire, je passe différents stands d'organisations diverses engagées dans le domaine des droits de la femme et puis prends place sur l'une des chaises en plastique placées devant la scène, sur laquelle une birmane est en train de prononcer un discours... en birman. Je me demande si la soirée va se dérouler tout en birman et si je suis la seule parmi les gens présents à ne pas comprendre la langue ...
Le discours terminé la "présentatrice" reprends le micro - en anglais, ouf! - pour annoncer la suite : s'enchaineront alors différents discours en anglais par des birmanes ayant été invitées à l'occasion du festival, sur des thèmes qu'elles ont choisi et en lien avec leur parcours, de la femme d'affaire qui nous parle de l'importance de trouver des "mentors" pour nous épauler, nous accompagner et nous encourager dans ce que l'on entreprend, à la jeune designer qui exprime la nécessité de suivre ses passions dans la vie, d'oser sans se mettre de limite, en passant par la chanteuse pop abordant la construction de la confiance en soi chez les jeunes femmes. Chanteuses, chanteur et groupes se sont d'ailleurs succédés, entre pop et rn'b, reprises de tubes ou écritures personnelles, une soirée très agréable et variée ( dans le style et la qualité !), je retiendrai particulièrement le court métrage réalisé par le Yangon film club sur le thème du mariage arrangé, très réussi.
Lorsque la soirée se termine et qu'il est temps de rentrer, la chaleur est tombée, les rues se sont vidées, l'air est enfin respirable et c'est donc à pied que j'entreprends le chemin du retour. Je longe une grande route où les taxis me klaxonnent pour me signaler leur présence, je passe devant de nombreux portails gardés par des hommes en uniforme, traverse un parc, m'arrête quelques instant pour observer la pagode Shwe Dagon illuminée. Les vendeurs de rue font leur vaisselle, un moine prend le thé assis sur son petit tabouret en plastique, je continue ma route.
On m'interpelle gentiment, les sourires s'échangent, les bus sont encore bondés et les regards curieux par delà les fenêtres m'amusent.
L'odeur du jasmin.
Bien que la circulation soit réduite à cette heure, je prends parfois du temps à traverser ces grands boulevards de plusieurs voies, car ici pas de passage piétons ni d'indication nous permettant de traverser sans risque, il faut jauger, estimer, et se lancer avec hâte, quitte à parfois traverser la route en deux temps.
C'est ainsi que je me retrouve sur une petite plateforme en plein milieu d'un gros carrefour et qu'à ma grande surprise j'aperçois un enfant de 4-5 ans assis un peu plus loin. Un regard tout autour : les voitures nous éblouissant avec leur feux, mais aucun adulte à l'horizon, et là bas cet enfant avec une poignée de fils sur lesquels on a accroché du jasmin et qu'il devait certainement essayer de vendre depuis un certain temps, allant j'imagine au devant des voitures attendant leur tour de passer le carrefour.
Lorsqu'il m'aperçoit il se rapproche doucement et me propose à demi mot son jasmin. D'abord je lui fait signe que non, je ne lui en achèterai pas, tout en lui souriant. Je ne donne pas aux mendiants et n'achète habituellement rien aux enfants que l'on fait travailler dans la rue pour éviter d'encourager ce genre de pratique. Ce soir là, ce fut différent et je suis sortie de mes principes... Je ne me voyais pas traverser et le laisser là sans avoir passé un peu de temps avec ce tout jeune garçon. Nous nous sommes donc assis à coté, sur cet ilot de béton, éclairés aléatoirement par les phares des véhicules, entourés par le bruit de leur moteur. Nous nous sommes observés, je lui ai souri, n'ai pas obtenu de sourire en retour même lorsque je lui ai tendu un billet de faible valeur et qu'il m'a abandonné la moitié de ses fils de jasmin. Et puis l'observation a continué, je n'avais rien dans mon sac, pas un crayon pour dessiner avec lui, rien. J'obtiendrai finalement son sourire lorsque je lui ai prononcé mon prénom et que d'emblée il me prononça le sien, ainsi que lorsque nous avons observé ensemble quelques clichés que j'avais pris dans la rue et son propre portrait pris juste avant que nous nous quittions.
On m'interpelle gentiment, les sourires s'échangent, les bus sont encore bondés et les regards curieux par delà les fenêtres m'amusent.
L'odeur du jasmin.
Bien que la circulation soit réduite à cette heure, je prends parfois du temps à traverser ces grands boulevards de plusieurs voies, car ici pas de passage piétons ni d'indication nous permettant de traverser sans risque, il faut jauger, estimer, et se lancer avec hâte, quitte à parfois traverser la route en deux temps.
C'est ainsi que je me retrouve sur une petite plateforme en plein milieu d'un gros carrefour et qu'à ma grande surprise j'aperçois un enfant de 4-5 ans assis un peu plus loin. Un regard tout autour : les voitures nous éblouissant avec leur feux, mais aucun adulte à l'horizon, et là bas cet enfant avec une poignée de fils sur lesquels on a accroché du jasmin et qu'il devait certainement essayer de vendre depuis un certain temps, allant j'imagine au devant des voitures attendant leur tour de passer le carrefour.
Lorsqu'il m'aperçoit il se rapproche doucement et me propose à demi mot son jasmin. D'abord je lui fait signe que non, je ne lui en achèterai pas, tout en lui souriant. Je ne donne pas aux mendiants et n'achète habituellement rien aux enfants que l'on fait travailler dans la rue pour éviter d'encourager ce genre de pratique. Ce soir là, ce fut différent et je suis sortie de mes principes... Je ne me voyais pas traverser et le laisser là sans avoir passé un peu de temps avec ce tout jeune garçon. Nous nous sommes donc assis à coté, sur cet ilot de béton, éclairés aléatoirement par les phares des véhicules, entourés par le bruit de leur moteur. Nous nous sommes observés, je lui ai souri, n'ai pas obtenu de sourire en retour même lorsque je lui ai tendu un billet de faible valeur et qu'il m'a abandonné la moitié de ses fils de jasmin. Et puis l'observation a continué, je n'avais rien dans mon sac, pas un crayon pour dessiner avec lui, rien. J'obtiendrai finalement son sourire lorsque je lui ai prononcé mon prénom et que d'emblée il me prononça le sien, ainsi que lorsque nous avons observé ensemble quelques clichés que j'avais pris dans la rue et son propre portrait pris juste avant que nous nous quittions.
Premières impressions 09.03.15
Bangkok, aéroport Don Muang. Discussion au comptoir d'enregistrement Air Asia avec la jeune hôtesse.
- Vous allez où ?
- Yangon.
- Vous savez que faire faire son Visa au Cambodge plutôt qu'à Bangkok comme vous ça coûte deux fois moins cher ?
- Ah, ben non je ne savais pas, tant pis pour moi.
- Vous allez rester combien de temps, une semaine ?
- Un mois.
- Tout ça ? C'est trop long !
- Vous êtes déjà allée en Birmanie ?
- Une fois.
- Ça ne vous a pas plu ?
- Non.
- Pour quelle raison ?
- C'est trop "nature". Et la nourriture n'est pas bonne, elle pue.
- Ah. D'accord, bon eh bien merci, bonne journée !
Allons voir ce pays "nature" à la nourriture "qui pue" (sacré argument ahah !).
En Birmanie la connexion internet est apparemment quasi impossible en dehors de Yangon, alors nous partirons du principe : "pas de nouvelles, bonnes nouvelles !" lorsque j'aurais quitté la ville.
Mingalaba !
Je suis donc arrivée ce vendredi 6 mars en Birmanie, à Yangon capitale économique du pays ( et ancienne capitale administrative avant que la junte ne décide du jour au lendemain en 2006 de la destituer de ses fonctions au profit d'une ville construite de toute pièce : Naypyidaw - au prix d'une gigantesque entreprise de déboisement de la foret de teck qui couvrait la zone...)
Le trajet aéroport - centre ville s'est fait en taxi, après une longue négociation amusante avec le chauffeur qui m'a aidé à trouver deux autres personnes pour partager le voyage et donc le coût total. Petit bavardage très intéressant avec ce chauffeur à l'anglais tout à fait correct. Il porte le longyi sorte de longue jupe traditionnelle qui ressemble au dhoti indien (porté uniquement par les hommes) ou au sarong laotien et que portent aussi les femmes.
Je demande à ce premier interlocuteur de m'apprendre mes premiers mots en birmans, apprentissage qui continuera tout au long du trajet vers l'auberge de jeunesse dans laquelle j'avais réservé un lit. Enfin je retrouve une langue qu'il ne me semble pas impossible à prononcer : je veux dire par là que comme le français ou l'indhi elle n'est pas tonale, tandis qu'en Thaïlande ou au Laos par exemple, un mot prononcé avec le mauvais ton peut avoir une toute autre signification, aussi était-il difficile dans ces pays de se faire comprendre lorsque l'on essayait de parler la langue.
Bonjour, au revoir, merci, combien cela coûte-t-il ?, eau, comment t'appelles-tu ? Voilà entre autre à quoi se résume pour le moment ce que je sais dire en birman... Le chauffeur m'a également appris à compter mais pour le moment c'est encore un peu difficile de tout retenir, en revanche je sais lire et écrire les chiffres à la birmane chose indispensable si l'on veut prendre les bus locaux dont le numéro des lignes n'est jamais écrit en chiffres arabes.
L'écriture birmane est d'ailleurs assez jolie, très ronde avec beaucoup de formes récurrentes comme le c que l'on trouve orienté vers la droite ou gauche ou vers le haut le bas etc, et auquel viennent se greffer d'autres traits pour former d'autres lettres mais moins complexes à tracer que le thai, le lao ou encore les dialectes indiens.
J'ai passé la soirée en compagnie d'un français expatrié en Birmanie depuis deux ans et demi et une hollandaise rencontrée a l'aéroport, flâner dans les rues environnantes m'a permis d'échanger les premiers sourires avec les habitants qui semblent assez discrets, agréables et accueillants. Au delà de la tenue vestimentaire décrite plus haut, beaucoup de femmes et certains hommes se couvrent les joues ou bien tout le visage de thanakha, une crème obtenue à partir d'écorce de l'arbre portant le même nom que l'on frotte sur une pierre pour obtenir un aspect crémeux. Dans la rue entre les stands alimentaires on trouve beaucoup de vendeurs de thanakha, mais aussi des vendeurs de feuilles de bétel et de noix d'arec, dont les birmans semblent majoritairement addicts... si j'avais pu croiser en Inde (et même gouter, horreur) quelques hommes macher cet mixture, ici en Birmanie je dirais que 80% des sourires que l'on m'offre sont écarlates et l'on voit/entend très régulièrement dans la rue les mastiqueurs cracher le tout. Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de bétel, il s'agit d'une plante dont on récupère les feuilles, sur lesquelles on dispose un peu de chaux et une noix d'arec, on plie le tout et l'on mache ... bouche toute rouge garanti, et effets similaires à la nicotine, l'addiction allant de paire.
A priori lorsque l'on arrive à Yangon la première impression est celle d'une ville en décrépitude, un peu sombre avec toutes ces façades noircies, un peu triste avec son quadrillage de rues trop ordonnées et presque pénible à cause de la chaleur sèche et étouffante qui y règne en ce mois de mars et la circulation, les embouteillages qui semblent omniprésents.
Puis, on prend le temps de marcher. Quitter les grands axes, se balader dans les ruelles, lever les yeux, humer, observer la ville tôt le matin ... Et finalement on lui trouve un certain charme dans son éclectisme : on peut s'extasier devant une immense pagode d'or comme celle de Shwe Dagon que j'ai découverte à l'aube, en présence des fidèles venus eux aussi juste avant le lever du soleil pour encenser le site et s'y recueillir, on s'y promène pieds nus, comblé par par l'ambiance et la vue spectaculaire. Et puis on tourne la tête vers une autre direction et face à nous s'élèvent alors de gros gratte-ciel uniformes et lisses. A leurs pieds, au détour des petites rues, de vieux bâtiments coloniaux au charme incroyable mais laissés à l'abandon et à l'avenir très incertain dans cette ville où tout va très vite depuis quelques années et qui est en train de changer complètement de visage. Quel dommage pour cet héritage architectural amené à disparaitre... J'ai voulu explorer ces différents lieux à l'abandon comme le Pegu Club, un ancien club privé de style victorien ou le Secrétariat (ancien siège du gouvernement) mais ce sont barbelés et cadenas qui m'ont accueillis, et la Birmanie n'est pas un pays où l'on se sent de passer par dessus un portail même pour quelques beaux clichés ! Alors je me suis contentée de lecture sur ces différents lieux chargés d'histoire, lectures qui m'ont d'ailleurs permises de réaliser que la Birmanie a souvent été évoquée dans la littérature occidentale chez des auteurs aussi célèbres que Kessel, Orwell ou Kipling, ce dernier ayant d'ailleurs écrit un superbe poème "Sur la route de Mandalay", inspiré par les discussions des gentleman fréquentés lors de son passage au Pegu Club ... quand je vous dis que ce lieu est attirant, j'aurais adoré pouvoir m'imaginer tout ça en me balandant dans ce qu'il reste des grandes pièces qui contenaient autrefois de grands billards ... mais c'est ainsi !
Pour la partie photos il faudra patienter, cela prend bien trop de temps et d'autres choses m'appellent !
photos en haut de l'article : fidèles à la pagode Shwe Dagon Pagoda, enfants à la Pagoda Sule et une façade d'immeuble dans le centre ville.
ci dessous : Le batiment du Secrétariat.
- Vous allez où ?
- Yangon.
- Vous savez que faire faire son Visa au Cambodge plutôt qu'à Bangkok comme vous ça coûte deux fois moins cher ?
- Ah, ben non je ne savais pas, tant pis pour moi.
- Vous allez rester combien de temps, une semaine ?
- Un mois.
- Tout ça ? C'est trop long !
- Vous êtes déjà allée en Birmanie ?
- Une fois.
- Ça ne vous a pas plu ?
- Non.
- Pour quelle raison ?
- C'est trop "nature". Et la nourriture n'est pas bonne, elle pue.
- Ah. D'accord, bon eh bien merci, bonne journée !
Allons voir ce pays "nature" à la nourriture "qui pue" (sacré argument ahah !).
En Birmanie la connexion internet est apparemment quasi impossible en dehors de Yangon, alors nous partirons du principe : "pas de nouvelles, bonnes nouvelles !" lorsque j'aurais quitté la ville.
Mingalaba !
Je suis donc arrivée ce vendredi 6 mars en Birmanie, à Yangon capitale économique du pays ( et ancienne capitale administrative avant que la junte ne décide du jour au lendemain en 2006 de la destituer de ses fonctions au profit d'une ville construite de toute pièce : Naypyidaw - au prix d'une gigantesque entreprise de déboisement de la foret de teck qui couvrait la zone...)
Le trajet aéroport - centre ville s'est fait en taxi, après une longue négociation amusante avec le chauffeur qui m'a aidé à trouver deux autres personnes pour partager le voyage et donc le coût total. Petit bavardage très intéressant avec ce chauffeur à l'anglais tout à fait correct. Il porte le longyi sorte de longue jupe traditionnelle qui ressemble au dhoti indien (porté uniquement par les hommes) ou au sarong laotien et que portent aussi les femmes.
Je demande à ce premier interlocuteur de m'apprendre mes premiers mots en birmans, apprentissage qui continuera tout au long du trajet vers l'auberge de jeunesse dans laquelle j'avais réservé un lit. Enfin je retrouve une langue qu'il ne me semble pas impossible à prononcer : je veux dire par là que comme le français ou l'indhi elle n'est pas tonale, tandis qu'en Thaïlande ou au Laos par exemple, un mot prononcé avec le mauvais ton peut avoir une toute autre signification, aussi était-il difficile dans ces pays de se faire comprendre lorsque l'on essayait de parler la langue.
Bonjour, au revoir, merci, combien cela coûte-t-il ?, eau, comment t'appelles-tu ? Voilà entre autre à quoi se résume pour le moment ce que je sais dire en birman... Le chauffeur m'a également appris à compter mais pour le moment c'est encore un peu difficile de tout retenir, en revanche je sais lire et écrire les chiffres à la birmane chose indispensable si l'on veut prendre les bus locaux dont le numéro des lignes n'est jamais écrit en chiffres arabes.
L'écriture birmane est d'ailleurs assez jolie, très ronde avec beaucoup de formes récurrentes comme le c que l'on trouve orienté vers la droite ou gauche ou vers le haut le bas etc, et auquel viennent se greffer d'autres traits pour former d'autres lettres mais moins complexes à tracer que le thai, le lao ou encore les dialectes indiens.
J'ai passé la soirée en compagnie d'un français expatrié en Birmanie depuis deux ans et demi et une hollandaise rencontrée a l'aéroport, flâner dans les rues environnantes m'a permis d'échanger les premiers sourires avec les habitants qui semblent assez discrets, agréables et accueillants. Au delà de la tenue vestimentaire décrite plus haut, beaucoup de femmes et certains hommes se couvrent les joues ou bien tout le visage de thanakha, une crème obtenue à partir d'écorce de l'arbre portant le même nom que l'on frotte sur une pierre pour obtenir un aspect crémeux. Dans la rue entre les stands alimentaires on trouve beaucoup de vendeurs de thanakha, mais aussi des vendeurs de feuilles de bétel et de noix d'arec, dont les birmans semblent majoritairement addicts... si j'avais pu croiser en Inde (et même gouter, horreur) quelques hommes macher cet mixture, ici en Birmanie je dirais que 80% des sourires que l'on m'offre sont écarlates et l'on voit/entend très régulièrement dans la rue les mastiqueurs cracher le tout. Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de bétel, il s'agit d'une plante dont on récupère les feuilles, sur lesquelles on dispose un peu de chaux et une noix d'arec, on plie le tout et l'on mache ... bouche toute rouge garanti, et effets similaires à la nicotine, l'addiction allant de paire.
A priori lorsque l'on arrive à Yangon la première impression est celle d'une ville en décrépitude, un peu sombre avec toutes ces façades noircies, un peu triste avec son quadrillage de rues trop ordonnées et presque pénible à cause de la chaleur sèche et étouffante qui y règne en ce mois de mars et la circulation, les embouteillages qui semblent omniprésents.
Puis, on prend le temps de marcher. Quitter les grands axes, se balader dans les ruelles, lever les yeux, humer, observer la ville tôt le matin ... Et finalement on lui trouve un certain charme dans son éclectisme : on peut s'extasier devant une immense pagode d'or comme celle de Shwe Dagon que j'ai découverte à l'aube, en présence des fidèles venus eux aussi juste avant le lever du soleil pour encenser le site et s'y recueillir, on s'y promène pieds nus, comblé par par l'ambiance et la vue spectaculaire. Et puis on tourne la tête vers une autre direction et face à nous s'élèvent alors de gros gratte-ciel uniformes et lisses. A leurs pieds, au détour des petites rues, de vieux bâtiments coloniaux au charme incroyable mais laissés à l'abandon et à l'avenir très incertain dans cette ville où tout va très vite depuis quelques années et qui est en train de changer complètement de visage. Quel dommage pour cet héritage architectural amené à disparaitre... J'ai voulu explorer ces différents lieux à l'abandon comme le Pegu Club, un ancien club privé de style victorien ou le Secrétariat (ancien siège du gouvernement) mais ce sont barbelés et cadenas qui m'ont accueillis, et la Birmanie n'est pas un pays où l'on se sent de passer par dessus un portail même pour quelques beaux clichés ! Alors je me suis contentée de lecture sur ces différents lieux chargés d'histoire, lectures qui m'ont d'ailleurs permises de réaliser que la Birmanie a souvent été évoquée dans la littérature occidentale chez des auteurs aussi célèbres que Kessel, Orwell ou Kipling, ce dernier ayant d'ailleurs écrit un superbe poème "Sur la route de Mandalay", inspiré par les discussions des gentleman fréquentés lors de son passage au Pegu Club ... quand je vous dis que ce lieu est attirant, j'aurais adoré pouvoir m'imaginer tout ça en me balandant dans ce qu'il reste des grandes pièces qui contenaient autrefois de grands billards ... mais c'est ainsi !
Pour la partie photos il faudra patienter, cela prend bien trop de temps et d'autres choses m'appellent !
photos en haut de l'article : fidèles à la pagode Shwe Dagon Pagoda, enfants à la Pagoda Sule et une façade d'immeuble dans le centre ville.
ci dessous : Le batiment du Secrétariat.