Rishi Valley School et le programme RIVER (partie 2/2) 06.02.15
Dans la vallée où se situe le campus se trouvent de petits villages disséminés ici et là, villages dans lesquels vivent principalement des familles d'agriculteurs et d'éleveurs.
Jusqu'à la fin des années 90 les enfants de ces villages étaient officiellement scolarisés dans les quelques écoles publiques de la vallée.
Officiellement seulement. Le nombre d'écoles étant bien inférieur au nombre de villages, une grande partie des enfants devaient parcourir de nombreux kilomètres matin et soir pour se rendre à l'école, parfois depuis le haut de leur colline à l'accès chaotique. Ajoutons à cela le travail des enfants dans les champs pendant les périodes de récolte, un enseignement très magistral et basé sur de vieux livres complètement déconnectés de la réalité du quotidien de ces enfants, un fort taux d'absentéisme des enseignants, d'abandon de la scolarité très tôt entrainant dans cet état de l'Inde l'un des plus fort taux d'illettrisme.
C'est pour remédier à ces conditions lamentables d'apprentissage que le centre d'éducation de Rishi Valley a mis en place un programme visant à développer et implanter une méthode et des conditions d'enseignement permettant à tous les enfants dans un rayon d'une quinzaine de kilomètre autour du campus d'être scolarisés dans leur village et de bénéficier d'un enseignement de qualité adapté à leurs besoins.
Il en résulte aujourd'hui plus de 15 ans après le début du projet deux écoles pilotes et un centre de formation des enseignants, ainsi que 16 écoles satellites situées dans chacun des 16 villages alentours. Un taux d'alphabétisation de 100% et des enfants qui ont l'opportunité d'être scolarisés gratuitement dans leur village et de poursuivre jusqu'en 5e à l'école pilote en bénéficiant d'un hébergement sur place durant la semaine pour les plus éloignés.
Qu'est ce que j'entends par "enseignement de qualité" ?
Le centre de ressources éducatives de Rishi Valley a mis au point une méthode MGML (multi grade multi level) comprendre : adaptée aux classes uniques multi-niveaux qui correspondent à la réalité puisque toutes ces écoles ne comportent chacune qu'une seule classe et accueillent parfois jusqu'à 40 élèves de 3 à 10-12 ans. Création d'une méthode ayant pour objectif de permettre à tout ce petit monde d'apprendre à son niveau, à son rythme, de manière la plus autonome possible, en lien avec leur environnement proche, leurs traditions, en coopération avec les parents, et le reste des habitants du village.
Cette méthode s'accompagne d'un matériel ["school in a box"] spécialement conçu pour être le plus économe possible, à base de cartes plastifiées réutilisables, et évitant au maximum l'utilisation de cahiers/papiers. C'est beau, non ? Et ça se présente comment tout ça exactement ?
Jusqu'à la fin des années 90 les enfants de ces villages étaient officiellement scolarisés dans les quelques écoles publiques de la vallée.
Officiellement seulement. Le nombre d'écoles étant bien inférieur au nombre de villages, une grande partie des enfants devaient parcourir de nombreux kilomètres matin et soir pour se rendre à l'école, parfois depuis le haut de leur colline à l'accès chaotique. Ajoutons à cela le travail des enfants dans les champs pendant les périodes de récolte, un enseignement très magistral et basé sur de vieux livres complètement déconnectés de la réalité du quotidien de ces enfants, un fort taux d'absentéisme des enseignants, d'abandon de la scolarité très tôt entrainant dans cet état de l'Inde l'un des plus fort taux d'illettrisme.
C'est pour remédier à ces conditions lamentables d'apprentissage que le centre d'éducation de Rishi Valley a mis en place un programme visant à développer et implanter une méthode et des conditions d'enseignement permettant à tous les enfants dans un rayon d'une quinzaine de kilomètre autour du campus d'être scolarisés dans leur village et de bénéficier d'un enseignement de qualité adapté à leurs besoins.
Il en résulte aujourd'hui plus de 15 ans après le début du projet deux écoles pilotes et un centre de formation des enseignants, ainsi que 16 écoles satellites situées dans chacun des 16 villages alentours. Un taux d'alphabétisation de 100% et des enfants qui ont l'opportunité d'être scolarisés gratuitement dans leur village et de poursuivre jusqu'en 5e à l'école pilote en bénéficiant d'un hébergement sur place durant la semaine pour les plus éloignés.
Qu'est ce que j'entends par "enseignement de qualité" ?
Le centre de ressources éducatives de Rishi Valley a mis au point une méthode MGML (multi grade multi level) comprendre : adaptée aux classes uniques multi-niveaux qui correspondent à la réalité puisque toutes ces écoles ne comportent chacune qu'une seule classe et accueillent parfois jusqu'à 40 élèves de 3 à 10-12 ans. Création d'une méthode ayant pour objectif de permettre à tout ce petit monde d'apprendre à son niveau, à son rythme, de manière la plus autonome possible, en lien avec leur environnement proche, leurs traditions, en coopération avec les parents, et le reste des habitants du village.
Cette méthode s'accompagne d'un matériel ["school in a box"] spécialement conçu pour être le plus économe possible, à base de cartes plastifiées réutilisables, et évitant au maximum l'utilisation de cahiers/papiers. C'est beau, non ? Et ça se présente comment tout ça exactement ?
Je vais essayer d'être simple dans l'explication de cette méthode qui peut apparaitre complexe quand on la découvre pour la première fois.
Prenons l'exemple de la classe de l'école pilote. 38 élèves inscrits, 34 élèves présents quand j'y suis allée la première fois. Une enseignante principale, femme du village formée par Rishi Valley et une enseignante assistante.
Durant la journée, les enfants alternent entre activités de groupe, dont beaucoup d'entre elles sont liées aux jeux et pratiques traditionnelles comme le théâtre d'ombre dont j'ai assisté à une représentation improvisée, en deux minutes un cadre blanc, des marionnettes animées pour me représenter un passage du Mahabarata, bruitages, chants, toute la classe participe, fière ! Un superbe moment, après lequel le travail a repris individuellement et dans le calme. Le travail individuel est au cœur de la méthode. Il permet de respecter le rythme et l'évolution de chaque élèves dans les domaines de la langue et des mathématiques.
Les élèves suivent un programme allant de l'équivalent du cp au cm2. A chaque niveau est associé une couleur et une échelle de progression. Le premier niveau est par exemple représenté par une échelle de progression rose.
Un élève qui commence sa scolarité va donc commencer son apprentissage du telugu (langue locale) au premier niveau de l'échelle rose et avec les activités associées. Parmi ces activités, certaines vont nécessiter la présence de l'enseignant, un code (animal) lui indiquera donc a quelle table il devra s'asseoir, les autres élèves seront ou bien à cette même table, ou bien en activité semi autonome supervisée par l'assistante, ou bien en entrainement totalement autonome ou enfin en tutorat : à la table du tutorat, ce sont des élèves ayant réussi une activité donnée qui, coiffés d'une couronne de réussite deviennent tuteurs pour les autres élèves dans le domaine en question.
Prenons l'exemple de la classe de l'école pilote. 38 élèves inscrits, 34 élèves présents quand j'y suis allée la première fois. Une enseignante principale, femme du village formée par Rishi Valley et une enseignante assistante.
Durant la journée, les enfants alternent entre activités de groupe, dont beaucoup d'entre elles sont liées aux jeux et pratiques traditionnelles comme le théâtre d'ombre dont j'ai assisté à une représentation improvisée, en deux minutes un cadre blanc, des marionnettes animées pour me représenter un passage du Mahabarata, bruitages, chants, toute la classe participe, fière ! Un superbe moment, après lequel le travail a repris individuellement et dans le calme. Le travail individuel est au cœur de la méthode. Il permet de respecter le rythme et l'évolution de chaque élèves dans les domaines de la langue et des mathématiques.
Les élèves suivent un programme allant de l'équivalent du cp au cm2. A chaque niveau est associé une couleur et une échelle de progression. Le premier niveau est par exemple représenté par une échelle de progression rose.
Un élève qui commence sa scolarité va donc commencer son apprentissage du telugu (langue locale) au premier niveau de l'échelle rose et avec les activités associées. Parmi ces activités, certaines vont nécessiter la présence de l'enseignant, un code (animal) lui indiquera donc a quelle table il devra s'asseoir, les autres élèves seront ou bien à cette même table, ou bien en activité semi autonome supervisée par l'assistante, ou bien en entrainement totalement autonome ou enfin en tutorat : à la table du tutorat, ce sont des élèves ayant réussi une activité donnée qui, coiffés d'une couronne de réussite deviennent tuteurs pour les autres élèves dans le domaine en question.
Les élèves vont ainsi chaque jour évoluer à leur rythme dans leurs apprentissages, à l'aide d'un matériel élaboré en lien avec leur environnement proche. Rapidement, un élève à l'aise en mathématiques pourra terminer toutes les étapes du premier niveau et passer au second voire au troisième tandis qu'en langue s'il a besoin de plus de temps il le prendra si nécessaire, accompagné par ses pairs et par l'adulte.
L'enseignant garde trace des étapes franchies et suit de près l'évolution de chacun des élèves. Globalement, voilà l'idée. Les élèves sont parfaitement autonomes dans ce système a l'aide d'un codage qu'ils maitrisent. Ce qui permet d'avoir une ambiance de travail studieuse et sereine alors que je le rappelle nous sommes dans une petite salle avec 4 tables et presque 35 enfants, 38 lorsque la classe est au complet.
L'enseignant garde trace des étapes franchies et suit de près l'évolution de chacun des élèves. Globalement, voilà l'idée. Les élèves sont parfaitement autonomes dans ce système a l'aide d'un codage qu'ils maitrisent. Ce qui permet d'avoir une ambiance de travail studieuse et sereine alors que je le rappelle nous sommes dans une petite salle avec 4 tables et presque 35 enfants, 38 lorsque la classe est au complet.
Au delà de cette méthode d'apprentissage, un lien fort est entretenu avec les parents, les familles, et d'une manière générale les habitants du village. Les jardins de l'école sont entretenus ensemble, les contes traditionnels oraux sont transmis par les villageois, retranscrits et utilisés comme partie du programme, theatre, danse, musiques et arts traditionnels sont pratiqués sous le regard et les conseils des anciens, des activités impliquant tout le village et visant à rendre vivant et donner du sens aux apprentissages sont régulièrement organisés comme les enquêtes au village : recensement des espèces animales locales, enquête thématiques ( transport, logement etc) et le fabuleux "Metric Mela" un moment vécu comme une fête ou tous les habitants sont pesés, mesurés, etc pour permettre aux élèves de manipuler les unités de mesure en contexte et de déterminer qui est le plus grand du village par exemple, un moment amusant attendu avec impatience par les enfants comme les adultes.
Cette méthode est aujourd'hui également traduite en anglais et adaptée dans de nombreuses autres écoles rurales de l'Andhra Pradesh. Comme je le disais également dans l'article précédent, des enseignants européens viennent chaque année passer quelques mois dans le centre de formation pour s'inspirer de ces pratiques.
Si, comme dans toute méthode celle-ci présente des limites, j'ai trouvé formidable le travail qui a été ici accompli et, de nouveau, repars avec un carnet plein de notes pour mon retour en France ...
Je ne pouvais rêver un début de voyage aussi enrichissant professionnellement parlant !
Si, comme dans toute méthode celle-ci présente des limites, j'ai trouvé formidable le travail qui a été ici accompli et, de nouveau, repars avec un carnet plein de notes pour mon retour en France ...
Je ne pouvais rêver un début de voyage aussi enrichissant professionnellement parlant !
Rishi Valley School et le programme RIVER (partie 1/2) 03.02.15
"L'éducation dans le vrai sens de ce mot consiste à comprendre l'enfant tel qu'il est, sans lui imposer l'image de ce que nous pensons qu'il devrait être [...] Tout idéal est une véritable barrière à la compréhension que nous pouvons avoir de l'enfant et à celle qu'il peut avoir de lui-même."
Jiddu Krishnamurti, De l'éducation
Jiddu Krishnamurti, De l'éducation
Le campus de Rishi Valley est situé dans une vallée de l'Andra Pradesh, à 14km de la ville la plus proche. Isolée dans la campagne indienne, entourée de belles collines, l'école accueille 360 enfants de 8 à 18 ans (du 4th grade équivalant le cm1 au 12th grade équivalant la terminale).
Il s'agit d'un internat et les enfants ne rentrent chez eux que deux fois par an pour un mois lors des vacances de Diwali en novembre et deux mois pour les grandes vacances en avril et mai. Les enseignants vivent aussi sur place.
En plus de l'école, le campus comprend un hôpital, une galerie d'art, un centre d'étude sur le philosophe Krishnamurti qui a fondé l'école en 1931 et quelques logements très agréables pour ceux qui comme moi veulent découvrir ce que l'endroit a de particulier.
C'est donc entre lectures au centre d'étude, observation dans les classes, balades dans les environs et partage des repas avec enfants et enseignants que j'ai passé trois semaines à Rishi Valley.
Ici comme dans les autres écoles fondées par le philosophe ailleurs en Inde (4 écoles) en Californie (Oak Grove) et en Angleterre (Brockwood Park), on suit le programme national et les élèves passent les examens nationaux soit, en Inde, un examen en 10th et le deuxième à la fin de la scolarité secondaire en 12th.
Ce qui différencie ces écoles c'est d'une part la manière dont se déroulent les apprentissages et d'autre part la nature et la qualité de la relation entre enseignants et élèves.
Comme je le détaillerai un peu plus loin, Rishi Valley met l'accent sur les disciplines artistiques et propose des activités encourageant les élèves à interagir avec leur environnement immédiat. Tout est également mis en œuvre pour leur permettre de découvrir et comprendre leur univers psychologique. Pour Krishnamurti, il est en effet important de faire l'expérience des sentiments car ils sont l' "essence même de la vie" et ainsi l'éducation devrait éveiller cette forme d'intelligence et rendre les enfants sensibles à toute chose et non pas en faire des machines programmées ou des singes savants.
"Un esprit bien formé est un esprit qui pense, qui est actif, dynamique, c'est un esprit qui regarde, qui observe, qui écoute et qui ressent."
Aussi, j'ai pu observer qu'ici on considère vraiment qu'apprendre n'est pas seulement puiser des connaissances dans des livres, c'est aussi être constamment ouvert sur l'environnement extérieur : admirer le coucher du soleil, observer la nature au quotidien, et être aussi ouvert et attentif à ses ressentis, disons à son environnement intérieur.
Ce que j'ai aimé dans la découverte des écrits de Krishnamurti (essais philosophiques et retranscriptions de conversations qu'il tenait régulièrement avec élèves et enseignants) c'est qu'il pousse ses lecteurs ou auditeurs à s'interroger sans cesse, à "se libérer du connu", sans se considérer comme détenteur d'une réponse universelle, ne se plaçant pas dans la position d'un gourou. Contrairement à l'impression que m'avaient laissée Sri Aurobindo et La Mère à Auroville qui, bien que rejetant eux même la notion de culte, se retrouvent affichés et encensés (au sens propre du terme) partout, salles de classe comprises, me laissant un peu perplexe face à cette contradiction.
Rentrons maintenant un peu plus dans le concret des choses, comment se passe une journée pour un élève de Rishi Valley ?
A 6h du matin, du lundi au samedi, le réveil sonne dans les dortoirs. Les enfants se prêtent à quelques petits exercices physiques en guise de réveil musculaire jusqu'à 6h30 avant de se préparer pour aller prendre le petit déjeuner qui est partagé collectivement dans la "cantine". Enseignants et élèves mangent ensemble, chacun s'assoit ou il veut. Il y a un service pour les juniors (4th grade - 8th grade) et leurs enseignants et un second pour les seniors. Comme durant chaque repas, une clochette sonne pour inviter tout le monde à garder le silence un petit moment avant de reprendre sa conversation.
7h40 les élèves les plus jeunes se retrouvent en classe pour une petite heure avant de se rendre à l'assemblée matinale : les 360 élèves et tous les enseignants se retrouvent alors dans le grand hall, chacun vient calmement s'asseoir pour commencer la journée en chansons : durant un bon quart d'heure ces quelques 400 personnes entonnent des chants traditionnels en Sanskrit, un beau moment qui rassemble et de termine par 5 minutes de silence avant que chacun ne rejoigne sa classe.
Ce qui différencie ces écoles c'est d'une part la manière dont se déroulent les apprentissages et d'autre part la nature et la qualité de la relation entre enseignants et élèves.
Comme je le détaillerai un peu plus loin, Rishi Valley met l'accent sur les disciplines artistiques et propose des activités encourageant les élèves à interagir avec leur environnement immédiat. Tout est également mis en œuvre pour leur permettre de découvrir et comprendre leur univers psychologique. Pour Krishnamurti, il est en effet important de faire l'expérience des sentiments car ils sont l' "essence même de la vie" et ainsi l'éducation devrait éveiller cette forme d'intelligence et rendre les enfants sensibles à toute chose et non pas en faire des machines programmées ou des singes savants.
"Un esprit bien formé est un esprit qui pense, qui est actif, dynamique, c'est un esprit qui regarde, qui observe, qui écoute et qui ressent."
Aussi, j'ai pu observer qu'ici on considère vraiment qu'apprendre n'est pas seulement puiser des connaissances dans des livres, c'est aussi être constamment ouvert sur l'environnement extérieur : admirer le coucher du soleil, observer la nature au quotidien, et être aussi ouvert et attentif à ses ressentis, disons à son environnement intérieur.
Ce que j'ai aimé dans la découverte des écrits de Krishnamurti (essais philosophiques et retranscriptions de conversations qu'il tenait régulièrement avec élèves et enseignants) c'est qu'il pousse ses lecteurs ou auditeurs à s'interroger sans cesse, à "se libérer du connu", sans se considérer comme détenteur d'une réponse universelle, ne se plaçant pas dans la position d'un gourou. Contrairement à l'impression que m'avaient laissée Sri Aurobindo et La Mère à Auroville qui, bien que rejetant eux même la notion de culte, se retrouvent affichés et encensés (au sens propre du terme) partout, salles de classe comprises, me laissant un peu perplexe face à cette contradiction.
Rentrons maintenant un peu plus dans le concret des choses, comment se passe une journée pour un élève de Rishi Valley ?
A 6h du matin, du lundi au samedi, le réveil sonne dans les dortoirs. Les enfants se prêtent à quelques petits exercices physiques en guise de réveil musculaire jusqu'à 6h30 avant de se préparer pour aller prendre le petit déjeuner qui est partagé collectivement dans la "cantine". Enseignants et élèves mangent ensemble, chacun s'assoit ou il veut. Il y a un service pour les juniors (4th grade - 8th grade) et leurs enseignants et un second pour les seniors. Comme durant chaque repas, une clochette sonne pour inviter tout le monde à garder le silence un petit moment avant de reprendre sa conversation.
7h40 les élèves les plus jeunes se retrouvent en classe pour une petite heure avant de se rendre à l'assemblée matinale : les 360 élèves et tous les enseignants se retrouvent alors dans le grand hall, chacun vient calmement s'asseoir pour commencer la journée en chansons : durant un bon quart d'heure ces quelques 400 personnes entonnent des chants traditionnels en Sanskrit, un beau moment qui rassemble et de termine par 5 minutes de silence avant que chacun ne rejoigne sa classe.
2 fois par semaine, les assemblées des juniors et seniors sont séparées et prennent alors une forme différente : contes pour les plus jeunes, quizz, jeux, exposés d'élèves etc.
Les cours reprennent jusqu'à 10h40 (pause jus de fruit), puis jusqu'au déjeuner 12h ou 13h selon le niveau. L'après midi les élèves sortent de classe à 15h30 et pour tout le monde, après une petite pause gouter, c'est le moment des activités sportives.
En marge du programme et des matières habituelles (anglais, mathématiques, sciences environnementales et sciences sociales, 2e et 3e langue), les élèves ont une heure de yoga par semaine, 2h hebdomadaires de temps consacré à la vie de la classe et une heure de temps philosophique ou ce sont les enfants qui choisissent les sujets qu'ils veulent aborder. Ces moments ont lieu en extérieur. Enfin, ils ont l'opportunité de profiter très régulièrement (4h par semaine pour les 5h grade par exemple) des salles d'art plastiques et d'exprimer leur créativité dans des domaines aussi variés que la peinture, la couture/broderie/tricot, la menuiserie, la poterie, la teinture (kalamkari, batik), la sculpture, l'imprimerie, la photographie ... mais aussi la musique et la danse dans lesquels ils peuvent se spécialiser s'ils le souhaitent.
Le soir, de 18h15 à 18h30 enfants et enseignants se réunissent de nouveau pour l'astachal : dehors sur une plateforme naturelle chacun vient s'asseoir pour observer ensemble le coucher du soleil, en silence, avant d'aller diner.
Ce que je retiendrai particulièrement après avoir passé trois semaines dans ce lieu qui est bien plus qu'une école ?
- comme je l'avais déjà remarqué à Auroville il me semble très positif de proposer des moments de silences réguliers, invitant ceux qui s'en sentent capable à fermer les yeux, ne serait-ce que quelques instants, avant certaines activités, avant le repas. Cela permet de de poser, se relaxer, cela contribue à instaurer une ambiance de travail.
- ils ne notent pas les élèves avant l'équivalent de la seconde, année du premier examen national, ne donnent que peu de devoirs (deux soirs par semaine, pas de devoirs écrits et rien qui ne prenne trop de temps.) Il n'y a pas d'évaluation formelle avant l'équivalent du collège, avant ça le travail d'évaluation par l'enseignant des progrès des élèves se base uniquement sur l'observation du travail effectué en classe par les élèves ( effectif maximum de 20 élèves et 25-27 à partir de l'équivalent de la 5e).
- l'accent porté sur les arts et surtout la diversité des pratiques proposées
- la relation privilégiée que les enfants entretiennent au quotidien avec leurs enseignants, bien sur liée au fait que tous vivent ensemble.
- l'idée que l'éducation de l'éducateur est primordiale. Et je vous ajoute une citation tirée de nouveau de l'ouvrage que je recommande à tous mes collègues De l'éducation, Krishnamurti :
" Malheureusement, lorsqu'il s'agit de comprendre un problème, la plupart des professeurs ne considèrent pas l'élève comme un partenaire à égalité : de leur position supérieure ils donnent des indications à l'élève, lequel est bien au dessous d'eux. De tels rapports ne font qu'intensifier la peur chez l'un et chez l'autre. Quelle est l'origine de cette inégalité ? Le maître redoute-t-il d'être mis au jour ? Établit-il cette distance pour sauvegarder sa dignité, son importance ? Sa susceptibilité ? Cet isolement hautain n'est certes pas fait pour briser les barrières entre êtres humains.
Après tout, l'éducateur son élève sont en train de s'aider mutuellement à s'instruire."
- les discussions philosophiques ayant lieu chaque semaine et le fait que les élèves sortent régulièrement de l'espace classe pour partager des moments de coopération au cœur de leur environnement, pratique que j'avais déjà pu remarquer à l'école Freinet ou j'ai passé 3 mois l'an dernier.
Les cours reprennent jusqu'à 10h40 (pause jus de fruit), puis jusqu'au déjeuner 12h ou 13h selon le niveau. L'après midi les élèves sortent de classe à 15h30 et pour tout le monde, après une petite pause gouter, c'est le moment des activités sportives.
En marge du programme et des matières habituelles (anglais, mathématiques, sciences environnementales et sciences sociales, 2e et 3e langue), les élèves ont une heure de yoga par semaine, 2h hebdomadaires de temps consacré à la vie de la classe et une heure de temps philosophique ou ce sont les enfants qui choisissent les sujets qu'ils veulent aborder. Ces moments ont lieu en extérieur. Enfin, ils ont l'opportunité de profiter très régulièrement (4h par semaine pour les 5h grade par exemple) des salles d'art plastiques et d'exprimer leur créativité dans des domaines aussi variés que la peinture, la couture/broderie/tricot, la menuiserie, la poterie, la teinture (kalamkari, batik), la sculpture, l'imprimerie, la photographie ... mais aussi la musique et la danse dans lesquels ils peuvent se spécialiser s'ils le souhaitent.
Le soir, de 18h15 à 18h30 enfants et enseignants se réunissent de nouveau pour l'astachal : dehors sur une plateforme naturelle chacun vient s'asseoir pour observer ensemble le coucher du soleil, en silence, avant d'aller diner.
Ce que je retiendrai particulièrement après avoir passé trois semaines dans ce lieu qui est bien plus qu'une école ?
- comme je l'avais déjà remarqué à Auroville il me semble très positif de proposer des moments de silences réguliers, invitant ceux qui s'en sentent capable à fermer les yeux, ne serait-ce que quelques instants, avant certaines activités, avant le repas. Cela permet de de poser, se relaxer, cela contribue à instaurer une ambiance de travail.
- ils ne notent pas les élèves avant l'équivalent de la seconde, année du premier examen national, ne donnent que peu de devoirs (deux soirs par semaine, pas de devoirs écrits et rien qui ne prenne trop de temps.) Il n'y a pas d'évaluation formelle avant l'équivalent du collège, avant ça le travail d'évaluation par l'enseignant des progrès des élèves se base uniquement sur l'observation du travail effectué en classe par les élèves ( effectif maximum de 20 élèves et 25-27 à partir de l'équivalent de la 5e).
- l'accent porté sur les arts et surtout la diversité des pratiques proposées
- la relation privilégiée que les enfants entretiennent au quotidien avec leurs enseignants, bien sur liée au fait que tous vivent ensemble.
- l'idée que l'éducation de l'éducateur est primordiale. Et je vous ajoute une citation tirée de nouveau de l'ouvrage que je recommande à tous mes collègues De l'éducation, Krishnamurti :
" Malheureusement, lorsqu'il s'agit de comprendre un problème, la plupart des professeurs ne considèrent pas l'élève comme un partenaire à égalité : de leur position supérieure ils donnent des indications à l'élève, lequel est bien au dessous d'eux. De tels rapports ne font qu'intensifier la peur chez l'un et chez l'autre. Quelle est l'origine de cette inégalité ? Le maître redoute-t-il d'être mis au jour ? Établit-il cette distance pour sauvegarder sa dignité, son importance ? Sa susceptibilité ? Cet isolement hautain n'est certes pas fait pour briser les barrières entre êtres humains.
Après tout, l'éducateur son élève sont en train de s'aider mutuellement à s'instruire."
- les discussions philosophiques ayant lieu chaque semaine et le fait que les élèves sortent régulièrement de l'espace classe pour partager des moments de coopération au cœur de leur environnement, pratique que j'avais déjà pu remarquer à l'école Freinet ou j'ai passé 3 mois l'an dernier.
- le très faible pourcentage de cours magistraux. En mathématiques par exemple les élèves sont invités a manipuler, jouer, expérimenter pendant des SEMAINES avec des éléments tournant autour d'une notion en particulier comme les nombres rationnels et décimaux par exemple, avant que le concept soit dégagé et éclairci - les élèves participant activement à l'élaboration de cette conceptualisation, ayant découverts chacun à leur façon et avec l'aide de leurs pairs des éléments de compréhension résultant de leur simple questionnement face aux problèmes posés par le matériel proposé. En classe on parle de "self-directed learning" ou apprentissage auto-dirigé.
Mais plutôt qu'une méthode pédagogique, l'enseignement proposé dans cette école repose plutôt sur une réflexion globale (initiée par Krishnamurti dont les textes sont requestionnés chaque semaine avec enseignants, visiteurs et élèves volontaires), de ce que peu être une éducation "appropriée" pour reprendre le terme du philosophe.
Les enseignants sont des accompagnants, des partenaires, et les enfants s'épanouissent dans un environnement privilégié et cohérent.
Cela m'a poussé à me demander dans quelle mesure cette école, en jouant le rôle d'une sorte de sanctuaire en marge des maux de notre société ( je n'ai par exemple pas vu de signe de violence - verbale ou physique - durant ces 3 semaines ) pouvait couper ces enfants d'une réalité qu'ils devront affronter (avant d'envisager de la changer eux même !!).
C'est un ancien élève revenu à l'école quelques jours par nostalgie qui a répondu à ma question.
"Je dois avouer que lorsque j'ai fini la scolarité à Rishi Valley je ne savais pas du tout ce que je voulais faire, ce qui a pu inquiéter mon entourage mais j'avais conscience d'une chose, c'est que j'avais suffisamment confiance en moi pour savoir que le jour ou je déciderai de faire quelque chose, j'y arriverai.
Les premiers mois à l'université de New Dehli ont été très durs, c'était loin d'être le même environnement, mais je m'y suis fait, avec sérénité"
Aujourd'hui, ce jeune homme concilie quotidiennement travail et passion en travaillant comme journaliste sportif pour un journal local du nord de l'Inde et revient de temps à autres à Rishi Valley pour revoir ses anciens professeurs.
Rishi Valley, un endroit qui m'a semblé presque idyllique et ou les enfants bénéficient d'une éducation juste et cohérente. Mais le revers de la médaille, c'est que c'est aussi une école très élitiste, qui attire énormément et doit donc être sélective : 12% des élèves souhaitant étudier (et vivre) à Rishi Valley sont finalement reçus. La scolarité y est aussi payante.
En revanche, non loin de là dans les écoles rurales, un projet initié et soutenu par Rishi Valley a vu le jour et bénéficie aux enfants des villages alentours qui sont tous scolarisés gratuitement et apprennent selon une méthode bien particulière dont je vais maintenant vous parler, méthode qui attire depuis quelques années enseignants allemands et suisses qui viennent se former pendant 6 mois ... "À quand des enseignants français ?" est la question que l'on m'a posé à l'issue de mon passage dans ces écoles rurales ...
Tranche de vie 30.01.15
5h30, encore.
Depuis le fond de mon lit que je n'envisage pas de quitter de si tôt j'entends déjà une agitation dans les pièces avoisinantes. V., un indien rencontré à Sadhana Forest et qui m'accueille généreusement pendant 3 jours à Chennai n'a pas l'air lui non plus d'avoir envie de se lever. Nous sommes jeudi 15 janvier et c'est aujourd'hui la journée la plus importante des fêtes de Pongal qui durent 4 jours. Je ne sais pas ce qui m'attends mais je suis ravie à l'idée de partager ces quelques jours dans une famille indienne.
Arrivée la veille, c'est par de larges sourires que j'ai été accueillie par les parents et la petite soeur de V. Nous échangeons nos prénoms, ils me souhaitent la bienvenue et me demandent des précisions sur mes gouts alimentaires pour ne pas faire d'impair lors de la préparation des différents repas que je partagerai avec eux.
Leur maison se situe à quelques kilomètres du centre ville de Chennai (anciennement Madras) dans un quartier assez calme en terme de circulation/agitation générale mais non loin de l'aéroport et sa nuisance sonore. Chennai est une grande ville indienne de 9 millions d'habitants (soit plus de deux fois la population parisienne) et qui s'étend sur 60 km le long de la cote est de l'état du Tamil Nadu dont elle est la capitale. Visiter la ville par moi même ne me réjouissait pas vraiment, c'est pourquoi j'ai accueilli les bras ouverts l'opportunité de pouvoir la découvrir avec l'un de ses habitants.
Je dépose mes affaires dans la chambre que je partagerai ce soir et nous partons à moto V. et moi pour une première découverte de Chennai. C'est le cœur bien accroché que je fais confiance à mon conducteur pour s'aventurer dans les rues encombrées de Chennai, slalomant entre rickshaw bus voitures et deux roues dans une allure qui me semble un peu vive mais assurée. Comme le remarquait très bien ma maman venue me rendre visite en Inde récemment, malgré la circulation et le manque de priorités établies, les indiens ne montrent pas de signe d'énervement ou d'agressivité comme on peut le voir en France et le klaxon omniprésent n'est qu'un moyen supplémentaire de prévenir les autres conducteurs de sa présence.
Mon guide du jour m'emmène d'abord sur le mont saint Thomas ou l'apôtre éponyme est mort en martyre en 52 et sur lequel a été érigée une église. Quelques guirlandes, une crèche grandeur nature et de nombreuses tables et bancs entassés sont les traces restantes des fêtes de Noël qui attirent chaque année en ce lieu de nombreux chrétiens de Chennai. Il faut dire que bien que l'église en elle même soit assez banale le lieu ou elle est implantée offre une belle vue à 360 degrés sur la ville, que j'observe ce jour là au coucher du soleil.
C'est donc entre chien et loup que nous retrouvons la moto pour rejoindre le très beau temple de Kapalishwara dédié à Shiva, situé juste en retrait de la plage dans un quartier huppé de Chennai, triplicane. Je suis V. pour la puja (rituel d'offrande aux divinités) l'écoutant m'avouer que bien qu'étant hindou il ne vient dans les temples que lorsqu'il les fait visiter à ses invités, contrairement à son père qui, "plus spirituel que lui", s'y rend deux fois par jour.
Nous terminerons cette sortie par une longue discussion sur la plage en contrebas du temple, m'en apprenant un peu plus sur la vie de mon hôte.
"J'aurais bien besoin de deux trois autres vies !" est l'une de ses remarques qui m'aura le plus marquée, faisant suite au récit de son enfance et à la liste de ses ambitions actuelles.
V. a arrêté l'école a 13 ans pour commencer à travailler et ainsi aider ses parents qui se trouvaient à ce moment la en grandes difficultés pour subvenir aux besoins de la famille et risquaient de perdre leur toit. Il cumule donc les petits emplois et si aujourd'hui il se sent riche de l'expérience accumulée depuis en travaillant ici et là et en ayant un peu grimpé l'échelle sociale et accédé à des métiers plus valorisants à ses yeux, il a tout de même la sensation d'être passé à côté de son enfance.
Sa sœur, qui a eu un peu plus de chance que lui a pu terminer sa scolarité secondaire et fait actuellement des études supérieures "en attendant" de pouvoir aller à l'étranger faire une formation pour devenir pilote de ligne. C'est son rêve, exprimé sur les murs de la chambre qu'elle partage avec son grand frère, c'est aussi le rêve de la famille, exprimé dans leurs yeux pétillants quand ils en parlent. Un rêve qui a un coût financier démesuré comparativement au revenu indien moyen. V. s'est pourtant fixé pour objectif de réunir la somme nécessaire et cherche donc à travailler à l'étranger pour y parvenir.
Il faut savoir que pour les indiens il est extrêmement difficile d'obtenir un visa de séjour dans un pays étranger, quelques pays faisant cependant exception comme Singapour ou la Malaisie. Une expérience courte mais réussie a Singapour encourage V. à retourner dès que possible dans ce pays trouver un travail sur le long terme qui lui permettrait de réunir la somme nécessaire pour financer le rêve de sa sœur.
"J'aurais bien besoin de deux ou trois autres vies".
La seconde ambition de V. c'est de voyager, de découvrir le monde. Il sait déjà précisément dans quels pays il a envie de se rendre et ce qu'il a envie d'y visiter. Accueillant "régulièrement" des voyageurs comme moi chez lui il en profite chaque fois pour en apprendre un peu plus sur le pays du visiteur. Économie, politique, habitudes sociales tout y passe et l'intéresse, coût de la vie aussi, pour savoir quel budget il devra prévoir ... Autant dire que les infos que je lui ai données sur Paris lui ont mis une claque !
Mais je le rappelle, obtenir un Visa pour des pays comme la France est un véritable défi pour un indien comme V.
Dans tous les coins de rue des villes on peut trouver de petites boutiques devancées d'un panneau Visa / passeport pour aider les indiens dans leur démarches ou bien promettre - contre une coquette somme d'argent - le succès de leur demande mais d'après V. qui a plusieurs fois tenté l'expérience il n'y a rien de très fiable dans tout cela et finalement à part perdre un peu d'argent il n'a rien obtenu.
V. a été l'une de ces rencontres touchantes dont mon voyage est parsemé. Simple, humble, généreux et accueillant, il m'a fait passer trois jours formidables à Chennai en me baladant à droite à gauche, me présentant ses amis ( avec lesquels j'ai passé quelques heures, et qui avaient une addiction pour les photos prises avec leur téléphone portable, surtout quand une occidentale peut se trouver sur la photo ! ), me faisant partager de bons moments en famille, decouvrir un festival de danse indienne ...
"Tu sais mon rêve c'est de voyager, mais ça restera peut être qu'un rêve, en fait je ne demande pas grand chose, si je peux payer les études de ma sœur et gagner suffisamment d'argent dans ma vie pour mettre de coté et ne dépendre de personne quand je serai vieux alors ça me va."
Revenons au matin de Pongal.
Lorsque nous nous levons vers 9h, je me vois offrir un petit déjeuner : des vermicelles de riz assez épicés, un peu hard dès le matin d'autant plus que lorsque l'on est invité, il est toujours difficile de rendre une assiette à moitié pleine, je sens déjà que la journée va être culinaire ! Un peu comme chez nous à Noël !
Mon impression ne m'avait pas trompée car lorsque nous sommes allés dans le temple le plus proche de la maison quelques temps après, nous nous sommes régalé de Pongal sucré (sorte de risotto a base de noix de cajou, cardamome, noix de coco).
Durant la matinée, V. m'a emmené grimper le phare pour me rendre compte de l'étendue de la ville, puis arpenter la marina et toutes ses petites échoppes.
Sur le trajet du retour, je m'amuse à observer les hommes et femmes à l'arrière des motos portant jusqu'à chez eux une ou plusieurs immenses tiges de canne à sucre, traditionnellement consommée lors de Pongal. Devant la plupart des maisons sont dessinés des kolams, un dessin de bienvenue ressemblant à une sorte de mandala, tracé à la farine de riz et laissé blancs ou bien colors, égayant les rues bétonnées de Chennai.
Retour à la maison pour le déjeuner. Nous nous installons dans la pièce principale : une planche de bois qui sert de canapé le jour et de lit pour le père de famille la nuit et 3 chaises en plastique, le tout agencé autour du meuble central contenant une petite télévision et surmonté d'une très grosse peluche ours rose un peu poussiéreuse qui doit avoir élu domicile sur ce meuble depuis quelque année. La pièce est simple, on vient exceptionnellement y rajouter une table basse car ce midi c'est fête, il faut de la place pour installer la bonne dizaine de plats cuisinés depuis tôt ce matin et que vais pouvoir déguster avec eux, en famille. Riz, dahl, sambar, vada, pongal salé et pongal sucré, payasam de citrouille en dessert ... Un délice, un moment alliant faste et simplicité, des discussions variées sur la France, l'Inde, le voyage...
Je ne pourrai pas illustrer ces trois jours à Chennai par des photos car j'ai souhaité laisser mon appareil rangé dans le sac pour profiter au mieux de mes derniers instants en Inde, profiter sans intermédiaire, et ne compter que sur ma propre mémoire pour sauvegarder ces belles images et les sensations qui s'y rattachent.
Merci V., merci pour ces beaux instants de partage.
Depuis le fond de mon lit que je n'envisage pas de quitter de si tôt j'entends déjà une agitation dans les pièces avoisinantes. V., un indien rencontré à Sadhana Forest et qui m'accueille généreusement pendant 3 jours à Chennai n'a pas l'air lui non plus d'avoir envie de se lever. Nous sommes jeudi 15 janvier et c'est aujourd'hui la journée la plus importante des fêtes de Pongal qui durent 4 jours. Je ne sais pas ce qui m'attends mais je suis ravie à l'idée de partager ces quelques jours dans une famille indienne.
Arrivée la veille, c'est par de larges sourires que j'ai été accueillie par les parents et la petite soeur de V. Nous échangeons nos prénoms, ils me souhaitent la bienvenue et me demandent des précisions sur mes gouts alimentaires pour ne pas faire d'impair lors de la préparation des différents repas que je partagerai avec eux.
Leur maison se situe à quelques kilomètres du centre ville de Chennai (anciennement Madras) dans un quartier assez calme en terme de circulation/agitation générale mais non loin de l'aéroport et sa nuisance sonore. Chennai est une grande ville indienne de 9 millions d'habitants (soit plus de deux fois la population parisienne) et qui s'étend sur 60 km le long de la cote est de l'état du Tamil Nadu dont elle est la capitale. Visiter la ville par moi même ne me réjouissait pas vraiment, c'est pourquoi j'ai accueilli les bras ouverts l'opportunité de pouvoir la découvrir avec l'un de ses habitants.
Je dépose mes affaires dans la chambre que je partagerai ce soir et nous partons à moto V. et moi pour une première découverte de Chennai. C'est le cœur bien accroché que je fais confiance à mon conducteur pour s'aventurer dans les rues encombrées de Chennai, slalomant entre rickshaw bus voitures et deux roues dans une allure qui me semble un peu vive mais assurée. Comme le remarquait très bien ma maman venue me rendre visite en Inde récemment, malgré la circulation et le manque de priorités établies, les indiens ne montrent pas de signe d'énervement ou d'agressivité comme on peut le voir en France et le klaxon omniprésent n'est qu'un moyen supplémentaire de prévenir les autres conducteurs de sa présence.
Mon guide du jour m'emmène d'abord sur le mont saint Thomas ou l'apôtre éponyme est mort en martyre en 52 et sur lequel a été érigée une église. Quelques guirlandes, une crèche grandeur nature et de nombreuses tables et bancs entassés sont les traces restantes des fêtes de Noël qui attirent chaque année en ce lieu de nombreux chrétiens de Chennai. Il faut dire que bien que l'église en elle même soit assez banale le lieu ou elle est implantée offre une belle vue à 360 degrés sur la ville, que j'observe ce jour là au coucher du soleil.
C'est donc entre chien et loup que nous retrouvons la moto pour rejoindre le très beau temple de Kapalishwara dédié à Shiva, situé juste en retrait de la plage dans un quartier huppé de Chennai, triplicane. Je suis V. pour la puja (rituel d'offrande aux divinités) l'écoutant m'avouer que bien qu'étant hindou il ne vient dans les temples que lorsqu'il les fait visiter à ses invités, contrairement à son père qui, "plus spirituel que lui", s'y rend deux fois par jour.
Nous terminerons cette sortie par une longue discussion sur la plage en contrebas du temple, m'en apprenant un peu plus sur la vie de mon hôte.
"J'aurais bien besoin de deux trois autres vies !" est l'une de ses remarques qui m'aura le plus marquée, faisant suite au récit de son enfance et à la liste de ses ambitions actuelles.
V. a arrêté l'école a 13 ans pour commencer à travailler et ainsi aider ses parents qui se trouvaient à ce moment la en grandes difficultés pour subvenir aux besoins de la famille et risquaient de perdre leur toit. Il cumule donc les petits emplois et si aujourd'hui il se sent riche de l'expérience accumulée depuis en travaillant ici et là et en ayant un peu grimpé l'échelle sociale et accédé à des métiers plus valorisants à ses yeux, il a tout de même la sensation d'être passé à côté de son enfance.
Sa sœur, qui a eu un peu plus de chance que lui a pu terminer sa scolarité secondaire et fait actuellement des études supérieures "en attendant" de pouvoir aller à l'étranger faire une formation pour devenir pilote de ligne. C'est son rêve, exprimé sur les murs de la chambre qu'elle partage avec son grand frère, c'est aussi le rêve de la famille, exprimé dans leurs yeux pétillants quand ils en parlent. Un rêve qui a un coût financier démesuré comparativement au revenu indien moyen. V. s'est pourtant fixé pour objectif de réunir la somme nécessaire et cherche donc à travailler à l'étranger pour y parvenir.
Il faut savoir que pour les indiens il est extrêmement difficile d'obtenir un visa de séjour dans un pays étranger, quelques pays faisant cependant exception comme Singapour ou la Malaisie. Une expérience courte mais réussie a Singapour encourage V. à retourner dès que possible dans ce pays trouver un travail sur le long terme qui lui permettrait de réunir la somme nécessaire pour financer le rêve de sa sœur.
"J'aurais bien besoin de deux ou trois autres vies".
La seconde ambition de V. c'est de voyager, de découvrir le monde. Il sait déjà précisément dans quels pays il a envie de se rendre et ce qu'il a envie d'y visiter. Accueillant "régulièrement" des voyageurs comme moi chez lui il en profite chaque fois pour en apprendre un peu plus sur le pays du visiteur. Économie, politique, habitudes sociales tout y passe et l'intéresse, coût de la vie aussi, pour savoir quel budget il devra prévoir ... Autant dire que les infos que je lui ai données sur Paris lui ont mis une claque !
Mais je le rappelle, obtenir un Visa pour des pays comme la France est un véritable défi pour un indien comme V.
Dans tous les coins de rue des villes on peut trouver de petites boutiques devancées d'un panneau Visa / passeport pour aider les indiens dans leur démarches ou bien promettre - contre une coquette somme d'argent - le succès de leur demande mais d'après V. qui a plusieurs fois tenté l'expérience il n'y a rien de très fiable dans tout cela et finalement à part perdre un peu d'argent il n'a rien obtenu.
V. a été l'une de ces rencontres touchantes dont mon voyage est parsemé. Simple, humble, généreux et accueillant, il m'a fait passer trois jours formidables à Chennai en me baladant à droite à gauche, me présentant ses amis ( avec lesquels j'ai passé quelques heures, et qui avaient une addiction pour les photos prises avec leur téléphone portable, surtout quand une occidentale peut se trouver sur la photo ! ), me faisant partager de bons moments en famille, decouvrir un festival de danse indienne ...
"Tu sais mon rêve c'est de voyager, mais ça restera peut être qu'un rêve, en fait je ne demande pas grand chose, si je peux payer les études de ma sœur et gagner suffisamment d'argent dans ma vie pour mettre de coté et ne dépendre de personne quand je serai vieux alors ça me va."
Revenons au matin de Pongal.
Lorsque nous nous levons vers 9h, je me vois offrir un petit déjeuner : des vermicelles de riz assez épicés, un peu hard dès le matin d'autant plus que lorsque l'on est invité, il est toujours difficile de rendre une assiette à moitié pleine, je sens déjà que la journée va être culinaire ! Un peu comme chez nous à Noël !
Mon impression ne m'avait pas trompée car lorsque nous sommes allés dans le temple le plus proche de la maison quelques temps après, nous nous sommes régalé de Pongal sucré (sorte de risotto a base de noix de cajou, cardamome, noix de coco).
Durant la matinée, V. m'a emmené grimper le phare pour me rendre compte de l'étendue de la ville, puis arpenter la marina et toutes ses petites échoppes.
Sur le trajet du retour, je m'amuse à observer les hommes et femmes à l'arrière des motos portant jusqu'à chez eux une ou plusieurs immenses tiges de canne à sucre, traditionnellement consommée lors de Pongal. Devant la plupart des maisons sont dessinés des kolams, un dessin de bienvenue ressemblant à une sorte de mandala, tracé à la farine de riz et laissé blancs ou bien colors, égayant les rues bétonnées de Chennai.
Retour à la maison pour le déjeuner. Nous nous installons dans la pièce principale : une planche de bois qui sert de canapé le jour et de lit pour le père de famille la nuit et 3 chaises en plastique, le tout agencé autour du meuble central contenant une petite télévision et surmonté d'une très grosse peluche ours rose un peu poussiéreuse qui doit avoir élu domicile sur ce meuble depuis quelque année. La pièce est simple, on vient exceptionnellement y rajouter une table basse car ce midi c'est fête, il faut de la place pour installer la bonne dizaine de plats cuisinés depuis tôt ce matin et que vais pouvoir déguster avec eux, en famille. Riz, dahl, sambar, vada, pongal salé et pongal sucré, payasam de citrouille en dessert ... Un délice, un moment alliant faste et simplicité, des discussions variées sur la France, l'Inde, le voyage...
Je ne pourrai pas illustrer ces trois jours à Chennai par des photos car j'ai souhaité laisser mon appareil rangé dans le sac pour profiter au mieux de mes derniers instants en Inde, profiter sans intermédiaire, et ne compter que sur ma propre mémoire pour sauvegarder ces belles images et les sensations qui s'y rattachent.
Merci V., merci pour ces beaux instants de partage.
D'autres écoles, d'autres approches 26.01.14
Voyager en Asie pendant plusieurs mois me permet une ouverture sur cette partie du monde que je ne connaissais pas et qui m'attirait. J'y découvre ainsi différentes cultures, des paysages exotiques, j'y fais de nouvelles expériences. Comme pendant tout voyage, j'apprends aussi beaucoup sur moi, m'enrichis de chaque nouvelle rencontre et profite de chaque petit moment avant qu'il ne rejoigne la case souvenir, en essayant de ne pas trop rêver les suivants.
Mais ce voyage ce n'est pas que cela. Mon entrée dans le métier de professeur des écoles l'an dernier et avant cela, pendant mes études à l'iufm, a entrainé un questionnement général sur l'enseignement, l'éducation. Puisque les textes disent que je dispose d'une - relative ... ? on le verra bien - liberté pédagogique alors qu'ai-je envie d'en faire ? et pourquoi ?
Pédagogues, psychologues, philosophes, didacticiens, politiques, parents, société en générale, tout le monde a ses théories, son avis, ses convictions sur la question de l'éducation. Influencés par le poids de la tradition, par des habitudes culturelles, ou par la recherche, ou plus inconsciemment parfois par le souvenir et les sentiments liés à sa propre expérience scolaire...
Entre ce que l'on nous apprend à l'iufm, l'écart entre les théories et la pratique, nos lectures personnelles, nos valeurs, nos intuitions aussi, nos observations dans de nombreuses classes et les aberrations ou superbes initiatives que l'on peut y voir, bref tout ceci dans la tête d'un jeune professeur débutant peut dérouter.
Je ne considère pas ce métier comme un seul moyen de gagner la vie et pense qu'il est nécessaire de prendre le temps de se questionner sans cesse, de prendre du recul sur certaines pratiques, certaines théories, de voir ce qui se fait ici et la par des enseignants, des éducateurs qui eux aussi s'interrogent et innovent en ayant pour principe commun l'épanouissement de l'enfant qui vient passer 6h par jour à l'école. Pour quoi au juste ? Et dans quelles conditions ?
Ce voyage me permet donc aussi cette prise de recul et c'est pour cette raison que j'ai déjà visité plusieurs écoles proposant des approches alternatives encore autres que celle que l'on peut voir en Europe, ai échangé avec parents, enseignants et élèves de ces écoles, que je continue de lire et découvrir par ce biais les réflexions de divers auteurs acteurs de l'éducation en France et à l'etranger, contemporains ou non. Tout cela me permet peu a peu de mettre au clair ma propre conception de l'enseignement, ce métier que j'ai choisi.
Je ne cherche rien de rigide, pas une méthode applicable clé en main, je ne veux pas m'enfermer dans un courant de pensée et suivre à la lettre les dires de telle ou telle personne. Il me semble qu'aucune pratique n'est totalement idéale ou totalement néfaste et que l'on peut ici et là, en France et ailleurs, en ville ou à la campagne, dans le privé comme dans le public, trouver des pratiques intéressantes qui, éclairées par notre propre conception de l'enseignement peuvent nous aider non pas à être des enseignants parfaits mais à réussir à proposer une réponse cohérente aux questions pour quoi ces enfants viennent ils passer 6h par jour à l'école et qu'est ce que je mets en place pour y parvenir ?
Pourquoi, pour quoi ? Certainement pas pour y acquérir un savoir livresque mais les moyens de s'épanouir progressivement dans sa vie d'enfant puis d'adulte.
Comment ? Pas dans la compétition, la soumission, la peur de la punition ou l'espoir de récompense, et c'est bien cette certitude qui me mène à m'intéresser aux pédagogies dites alternatives. Car dans beaucoup d'écoles c'est ce dont les élèves font l'expérience au quotidien, à travers un enseignement trop centré autour de l'autorité de l'enseignement (le "Maître") comme détenteur de la vérité, à travers l'enchainement d'évaluations notées qui deviennent un but en soi et augmentent l'esprit de compétition tout en appauvrissant l'idée qu'apprendre peut être un plaisir en soi, et tant d'autres pratiques qui aussi fréquentes soient elles ne me semblent pas pertinentes voir complètement contre productives pour certains élèves, dont quelques uns vont jusqu'à vivre leur expérience scolaire comme un traumatisme, ressentant une inadéquation entre leurs besoins et ce que l'école leur offre.
Alors voilà, j'explore ici et là d'abord en France en m'intéressant de près à la pédagogie Freinet et ici en Inde en essayant de passer quelques temps dans des écoles proposant des approches singulières qui font sens d'une manière ou d'une autre avec mes réflexions propres.
Mais ce voyage ce n'est pas que cela. Mon entrée dans le métier de professeur des écoles l'an dernier et avant cela, pendant mes études à l'iufm, a entrainé un questionnement général sur l'enseignement, l'éducation. Puisque les textes disent que je dispose d'une - relative ... ? on le verra bien - liberté pédagogique alors qu'ai-je envie d'en faire ? et pourquoi ?
Pédagogues, psychologues, philosophes, didacticiens, politiques, parents, société en générale, tout le monde a ses théories, son avis, ses convictions sur la question de l'éducation. Influencés par le poids de la tradition, par des habitudes culturelles, ou par la recherche, ou plus inconsciemment parfois par le souvenir et les sentiments liés à sa propre expérience scolaire...
Entre ce que l'on nous apprend à l'iufm, l'écart entre les théories et la pratique, nos lectures personnelles, nos valeurs, nos intuitions aussi, nos observations dans de nombreuses classes et les aberrations ou superbes initiatives que l'on peut y voir, bref tout ceci dans la tête d'un jeune professeur débutant peut dérouter.
Je ne considère pas ce métier comme un seul moyen de gagner la vie et pense qu'il est nécessaire de prendre le temps de se questionner sans cesse, de prendre du recul sur certaines pratiques, certaines théories, de voir ce qui se fait ici et la par des enseignants, des éducateurs qui eux aussi s'interrogent et innovent en ayant pour principe commun l'épanouissement de l'enfant qui vient passer 6h par jour à l'école. Pour quoi au juste ? Et dans quelles conditions ?
Ce voyage me permet donc aussi cette prise de recul et c'est pour cette raison que j'ai déjà visité plusieurs écoles proposant des approches alternatives encore autres que celle que l'on peut voir en Europe, ai échangé avec parents, enseignants et élèves de ces écoles, que je continue de lire et découvrir par ce biais les réflexions de divers auteurs acteurs de l'éducation en France et à l'etranger, contemporains ou non. Tout cela me permet peu a peu de mettre au clair ma propre conception de l'enseignement, ce métier que j'ai choisi.
Je ne cherche rien de rigide, pas une méthode applicable clé en main, je ne veux pas m'enfermer dans un courant de pensée et suivre à la lettre les dires de telle ou telle personne. Il me semble qu'aucune pratique n'est totalement idéale ou totalement néfaste et que l'on peut ici et là, en France et ailleurs, en ville ou à la campagne, dans le privé comme dans le public, trouver des pratiques intéressantes qui, éclairées par notre propre conception de l'enseignement peuvent nous aider non pas à être des enseignants parfaits mais à réussir à proposer une réponse cohérente aux questions pour quoi ces enfants viennent ils passer 6h par jour à l'école et qu'est ce que je mets en place pour y parvenir ?
Pourquoi, pour quoi ? Certainement pas pour y acquérir un savoir livresque mais les moyens de s'épanouir progressivement dans sa vie d'enfant puis d'adulte.
Comment ? Pas dans la compétition, la soumission, la peur de la punition ou l'espoir de récompense, et c'est bien cette certitude qui me mène à m'intéresser aux pédagogies dites alternatives. Car dans beaucoup d'écoles c'est ce dont les élèves font l'expérience au quotidien, à travers un enseignement trop centré autour de l'autorité de l'enseignement (le "Maître") comme détenteur de la vérité, à travers l'enchainement d'évaluations notées qui deviennent un but en soi et augmentent l'esprit de compétition tout en appauvrissant l'idée qu'apprendre peut être un plaisir en soi, et tant d'autres pratiques qui aussi fréquentes soient elles ne me semblent pas pertinentes voir complètement contre productives pour certains élèves, dont quelques uns vont jusqu'à vivre leur expérience scolaire comme un traumatisme, ressentant une inadéquation entre leurs besoins et ce que l'école leur offre.
Alors voilà, j'explore ici et là d'abord en France en m'intéressant de près à la pédagogie Freinet et ici en Inde en essayant de passer quelques temps dans des écoles proposant des approches singulières qui font sens d'une manière ou d'une autre avec mes réflexions propres.
A Auroville j'ai passé quelques jours à la Kindergarten, l'une des 4 écoles maternelles.
Auroville ne compte que 2000 habitants et l'on trouve pourtant une dizaine d'"écoles" pour les enfants de 2 à 18 ans.
L'éducation est le domaine auquel la ville consacre la plus grande partie de son budget. Un centre de recherche, le SAIIER (Sri Aurobindo International Institute of Educational Research) et ses 216 chercheurs aux multiples nationalités consacre depuis les années 80 son activité autour de champs expérimentaux dans le domaine de l'éducation et permet ainsi aux porteurs d'initiatives éducatives de mener à bien leur projets, certains sont donc encore à naître comme Lilaloka (http://lilalokaproject.blogspot.com/ )
Ici, l'école est gratuite pour les habitants d'Auroville, ainsi que les activités extra scolaires. La ville se donne donc les moyens de ses ambitions en terme d'éducation et cela se ressent lorsque l'on observe les conditions d'accueil des enfants dans une école comme la Kindergarten.
Dans cette école de 4 classes se retrouvent chaque jour 60 enfants ( le maximum fixé par l'équipe pour ne pas dépasser 15 enfants par classe), 7 enseignants principaux et presque autant d'enseignants assistants sans compter les enseignants spécialisés (danse, sport, jeu de peintre, ATB).
Les enfants arrivent de manière échelonnée entre 8h15 et 9h (ou 9h30 dans la classe des plus petits), ont une pause collation le matin précédant la recréation, déjeunent avec les enseignants à 12h puis repartent chez eux à 13h, tous les jours du lundi au vendredi.
D'une manière générale, l'école dans les choix globaux qui ont été faits et les enseignants dans leur manière d'accompagner les enfants, sont fortement inspirés par la philosophie de Sri Aurobindo et de la Mère (Mirra Alfassa, à l'origine de la création d'Auroville) qui parlent d'éducation intégrale en ce qu'elle devrait selon eux viser à aider l'enfant à développer non pas seulement ses capacités mentales mais toutes les parties qui constituent son être à savoir - selon leurs termes - le mental, le physique, le psychique, le vital et le spirituel. Le processus de développement des facultés de l'enfant se faisant selon leur inclination, la rapidité de leur progression, leurs dispositions naturelles et leur nature profonde "Swadharma".
Ce que je retiendrai particulièrement de ma visite dans l'école est la bienveillance et le respect mutuel instauré naturellement entre enfants et adultes, la sérénité générale lors des différentes activités et le fait que la plupart d'entre elle débute par un moment de silence, et deux pratiques, celle du jeu de peindre (méthode Arno Stern) à laquelle j'ai été initiée en assistant et participant à une séance et enfin celle de l'ATB (Awareness Through the Body = éveil de la conscience par le corps) la première étant facultative et la seconde ayant lieu une fois par semaine : à partir d'une série d'exercices et de jeux la méthode encourage la concentration et mène les enfants à une conscience de toutes les parties de leur corps, une révélation pour moi qui changera très certainement ma façon de mener les séances de motricité en maternelle (méthode qui se pratique aussi jusqu'à l'âge adulte). J'aimerais en donner des détails, je viendrai certainement compléter et article plus tard.
La semaine prochaine je vous parlerai de Rishi Valley et de mes derniers jours en Inde à Chennai passés au sein d'une famille indienne à l'occasion des fêtes de Pongal.
Je suis maintenant en Thaïlande depuis une semaine, mon blog a donc un temps de décalage ... qui pourrait croire que le temps me manque alors que je n'ai aucune obligation dans mon quotidien de voyageuse ? Disons qu'il y a tellement à voir, à faire, que je ne prends pas toujours le temps de rédiger ce que je veux vous faire partager et surtout, que je n'ai pas toujours l'envie de passer du temps devant un ordinateur capricieux...
Mais ce blog me tient à coeur donc même s'il y a parfois de grandes pauses, je ne l'abandonne pas pour autant et les prochains articles sont déjà presque terminés.
A très vite !
Auroville ne compte que 2000 habitants et l'on trouve pourtant une dizaine d'"écoles" pour les enfants de 2 à 18 ans.
L'éducation est le domaine auquel la ville consacre la plus grande partie de son budget. Un centre de recherche, le SAIIER (Sri Aurobindo International Institute of Educational Research) et ses 216 chercheurs aux multiples nationalités consacre depuis les années 80 son activité autour de champs expérimentaux dans le domaine de l'éducation et permet ainsi aux porteurs d'initiatives éducatives de mener à bien leur projets, certains sont donc encore à naître comme Lilaloka (http://lilalokaproject.blogspot.com/ )
Ici, l'école est gratuite pour les habitants d'Auroville, ainsi que les activités extra scolaires. La ville se donne donc les moyens de ses ambitions en terme d'éducation et cela se ressent lorsque l'on observe les conditions d'accueil des enfants dans une école comme la Kindergarten.
Dans cette école de 4 classes se retrouvent chaque jour 60 enfants ( le maximum fixé par l'équipe pour ne pas dépasser 15 enfants par classe), 7 enseignants principaux et presque autant d'enseignants assistants sans compter les enseignants spécialisés (danse, sport, jeu de peintre, ATB).
Les enfants arrivent de manière échelonnée entre 8h15 et 9h (ou 9h30 dans la classe des plus petits), ont une pause collation le matin précédant la recréation, déjeunent avec les enseignants à 12h puis repartent chez eux à 13h, tous les jours du lundi au vendredi.
D'une manière générale, l'école dans les choix globaux qui ont été faits et les enseignants dans leur manière d'accompagner les enfants, sont fortement inspirés par la philosophie de Sri Aurobindo et de la Mère (Mirra Alfassa, à l'origine de la création d'Auroville) qui parlent d'éducation intégrale en ce qu'elle devrait selon eux viser à aider l'enfant à développer non pas seulement ses capacités mentales mais toutes les parties qui constituent son être à savoir - selon leurs termes - le mental, le physique, le psychique, le vital et le spirituel. Le processus de développement des facultés de l'enfant se faisant selon leur inclination, la rapidité de leur progression, leurs dispositions naturelles et leur nature profonde "Swadharma".
Ce que je retiendrai particulièrement de ma visite dans l'école est la bienveillance et le respect mutuel instauré naturellement entre enfants et adultes, la sérénité générale lors des différentes activités et le fait que la plupart d'entre elle débute par un moment de silence, et deux pratiques, celle du jeu de peindre (méthode Arno Stern) à laquelle j'ai été initiée en assistant et participant à une séance et enfin celle de l'ATB (Awareness Through the Body = éveil de la conscience par le corps) la première étant facultative et la seconde ayant lieu une fois par semaine : à partir d'une série d'exercices et de jeux la méthode encourage la concentration et mène les enfants à une conscience de toutes les parties de leur corps, une révélation pour moi qui changera très certainement ma façon de mener les séances de motricité en maternelle (méthode qui se pratique aussi jusqu'à l'âge adulte). J'aimerais en donner des détails, je viendrai certainement compléter et article plus tard.
La semaine prochaine je vous parlerai de Rishi Valley et de mes derniers jours en Inde à Chennai passés au sein d'une famille indienne à l'occasion des fêtes de Pongal.
Je suis maintenant en Thaïlande depuis une semaine, mon blog a donc un temps de décalage ... qui pourrait croire que le temps me manque alors que je n'ai aucune obligation dans mon quotidien de voyageuse ? Disons qu'il y a tellement à voir, à faire, que je ne prends pas toujours le temps de rédiger ce que je veux vous faire partager et surtout, que je n'ai pas toujours l'envie de passer du temps devant un ordinateur capricieux...
Mais ce blog me tient à coeur donc même s'il y a parfois de grandes pauses, je ne l'abandonne pas pour autant et les prochains articles sont déjà presque terminés.
A très vite !
De Varkala à Rishi Valley School, venez prendre le bus ! 23.12.14
1. Where are you from ?
2. What's your name ?
3. Are you married ?
Voilà les trois questions qui me sont - dans cet ordre - chaque fois posées par les indiens qui viennent à ma rencontre.
Depuis que j'ai quitté Auroville et Pondichéry fin novembre, c'est en prenant des bus locaux que j'ai vadrouillé dans le sud-ouest de l'Inde.
J'ai appris que les horaires n'étaient que pure décoration, que lorsque l'on est une femme des places nous sont réservées à lavant du bus, derrière le chauffeur, je me suis souvent retrouvée assise avec le sac à dos sur les genoux, une tête de bébé sur l'épaule , une fesse dans le vide et l'extrémité du foulard de ma voisine dans le nez, priant malgré tout pour que personne ne ferme cette fenêtre qui, certes, fait voler les tissus colorés dans ma figure, mais me permet surtout de me maintenir vivante dans cette masse étoufante.
Le bus, c'est fun !
Il faut deux fois plus de temps qu'en France pour parcourir un nombre donné de kilomètres, souvent cumuler les bus pour arriver à la destination finale, ne pas avoir le mal des transports et bien sur, avoir le coeur bien accroché. Les reins solides aussi. Ah, et l'option "boules quies" peut ne pas être si ridicule si vous vous trouvez juste derrière le chauffeur et son accessoire favori, vous l'avez deviné : le klaxon. Pardon, le klaaaaaaaaaaxoooooooooooooon , pour être plus représentative. De quoi éjecter votre tympan - ou ce qu'il en rest - à l'autre bout du bus (pas le votre, celui qui vous suit.)
Mais j'adore le bus en Inde, malgré tout ça. Et après ces trois semaines de balade ici et là et une vingtaine de bus empruntés, j'ai toujours été la seule occidentale à bord. Alors oui c'est certain je me fais remarquer et pour plus d'une raison, mais c'est tellement plaisant de se sentir immergée dans la population du pays au sein duquel on vient passer quelques temps.
J'ai un sac qui prend de la place, je suis française (enfin ça, ils ne peuvent le dire avec certitude, d'ou la première question récurante), je suis une femme et, oh non c'est pas vrai ? je voyage seule. Regards curieux, interrogateurs, sourires et souvent quelqu'un pour venir entamer la conversation en me posant dans un anglais plus ou moins approximatif les trois fameuses questions qui, une fois mes réponses données sont suivies généralement de :
1. oh, from Paris ??! ( Replique qui n'est pas propre à l'Inde, je vous l'accord)
2. (...) Maria ? Myriam ? Mario ? (bon, vas-y pour le prénom que tu préfères, j'abandonne l'idée de leur faire prononcer le -ion)
3. Ah. (...) But you are alone ? Where are your parents ?
Quand leur maitrise de l'anglais le permet, cette dernière question - si je suis mariée et comment se fait-il que je voyage seule - a souvent mené a des discussions intéressantes me permettant mieux de comprendre certains points de la société indienne (et cest toujours plus sympa de les découvrir de cette façon plutôt que de lire son guide du routard ou la page wikipedia du "mariage arrangé indien").
Plus qu'un moyen de transport chaotique et un lieu de rencontres instructives, le bus me permet de découvrir les paysages de l'Inde du sud, entre les villes bondées et poluées comme Bangalore, les plaines quasi désertiques, les côtes bordées de cocotiers, les fraiches montagnes et collines verdoyantes ... Il est plaisant d'avoir un apperçu acceléré (autant que puisse l'être un paysage qui défile à la vitesse d'un bus indien) des endroits que je prends ensuite le temps de découvrir plus intimement, de l'intérieur.
Et puis le bus, c'est bien sur tuos ces gens silencieux (ou non) que l'on observe ( à notre tour) en se demandant : qui sont-ils ? ou vont-ils ? à quoi pensent-ils ?
Pendant ces trois semaines et entre deux voyages en bus, j'ai découvert - c'est le moment de sortir votre atlas ou d'ouvrir un onglet "google map - les belles falaises de Varkal, les backwaters de Kollam découverts à bord d'une péniche et ceux d'Allepey parcourus dans un adorable petit houseboat dans lequel j'ai passé la nuit, l'ashram d'Amritapuri, les restes du passé colonial de Fort Kochi. Puis j'ai pris de l'altitude, me suis baladée dans les superbes plantations de thé à Munnar, ai randonné dans les montagnes Nilgiri, aurai presque pu dormir avec un bonnet à Coonoor, avant de retrouver la chaleur des plaines à Mysore. Mysore et son bois de santalm sa soie fabuleuse dont la visite de l'usine a été un émerveillement, son palace illuminé qui nous emporte dans un conte des mille et une nuits ...
Tout cela, je vous laisse le découvrir en photos en attendant le prochain article sur le lieu ou je me trouve en ce moment : le campus de Rishi Valley School, une école fondée par le philosophe indien Jiddu Krishnmamurti et au sein duquel je reste trois semaines ... j'ai déjà très envie de vous en parler, de partager avec vous mes observations, le prochain article aura donc pour thème les écoles alternatives que j'ai pu visiter en Inde, à Auroville et ici à Rishi Valley.
En attendant, joyeux noel à tous !
2. What's your name ?
3. Are you married ?
Voilà les trois questions qui me sont - dans cet ordre - chaque fois posées par les indiens qui viennent à ma rencontre.
Depuis que j'ai quitté Auroville et Pondichéry fin novembre, c'est en prenant des bus locaux que j'ai vadrouillé dans le sud-ouest de l'Inde.
J'ai appris que les horaires n'étaient que pure décoration, que lorsque l'on est une femme des places nous sont réservées à lavant du bus, derrière le chauffeur, je me suis souvent retrouvée assise avec le sac à dos sur les genoux, une tête de bébé sur l'épaule , une fesse dans le vide et l'extrémité du foulard de ma voisine dans le nez, priant malgré tout pour que personne ne ferme cette fenêtre qui, certes, fait voler les tissus colorés dans ma figure, mais me permet surtout de me maintenir vivante dans cette masse étoufante.
Le bus, c'est fun !
Il faut deux fois plus de temps qu'en France pour parcourir un nombre donné de kilomètres, souvent cumuler les bus pour arriver à la destination finale, ne pas avoir le mal des transports et bien sur, avoir le coeur bien accroché. Les reins solides aussi. Ah, et l'option "boules quies" peut ne pas être si ridicule si vous vous trouvez juste derrière le chauffeur et son accessoire favori, vous l'avez deviné : le klaxon. Pardon, le klaaaaaaaaaaxoooooooooooooon , pour être plus représentative. De quoi éjecter votre tympan - ou ce qu'il en rest - à l'autre bout du bus (pas le votre, celui qui vous suit.)
Mais j'adore le bus en Inde, malgré tout ça. Et après ces trois semaines de balade ici et là et une vingtaine de bus empruntés, j'ai toujours été la seule occidentale à bord. Alors oui c'est certain je me fais remarquer et pour plus d'une raison, mais c'est tellement plaisant de se sentir immergée dans la population du pays au sein duquel on vient passer quelques temps.
J'ai un sac qui prend de la place, je suis française (enfin ça, ils ne peuvent le dire avec certitude, d'ou la première question récurante), je suis une femme et, oh non c'est pas vrai ? je voyage seule. Regards curieux, interrogateurs, sourires et souvent quelqu'un pour venir entamer la conversation en me posant dans un anglais plus ou moins approximatif les trois fameuses questions qui, une fois mes réponses données sont suivies généralement de :
1. oh, from Paris ??! ( Replique qui n'est pas propre à l'Inde, je vous l'accord)
2. (...) Maria ? Myriam ? Mario ? (bon, vas-y pour le prénom que tu préfères, j'abandonne l'idée de leur faire prononcer le -ion)
3. Ah. (...) But you are alone ? Where are your parents ?
Quand leur maitrise de l'anglais le permet, cette dernière question - si je suis mariée et comment se fait-il que je voyage seule - a souvent mené a des discussions intéressantes me permettant mieux de comprendre certains points de la société indienne (et cest toujours plus sympa de les découvrir de cette façon plutôt que de lire son guide du routard ou la page wikipedia du "mariage arrangé indien").
Plus qu'un moyen de transport chaotique et un lieu de rencontres instructives, le bus me permet de découvrir les paysages de l'Inde du sud, entre les villes bondées et poluées comme Bangalore, les plaines quasi désertiques, les côtes bordées de cocotiers, les fraiches montagnes et collines verdoyantes ... Il est plaisant d'avoir un apperçu acceléré (autant que puisse l'être un paysage qui défile à la vitesse d'un bus indien) des endroits que je prends ensuite le temps de découvrir plus intimement, de l'intérieur.
Et puis le bus, c'est bien sur tuos ces gens silencieux (ou non) que l'on observe ( à notre tour) en se demandant : qui sont-ils ? ou vont-ils ? à quoi pensent-ils ?
Pendant ces trois semaines et entre deux voyages en bus, j'ai découvert - c'est le moment de sortir votre atlas ou d'ouvrir un onglet "google map - les belles falaises de Varkal, les backwaters de Kollam découverts à bord d'une péniche et ceux d'Allepey parcourus dans un adorable petit houseboat dans lequel j'ai passé la nuit, l'ashram d'Amritapuri, les restes du passé colonial de Fort Kochi. Puis j'ai pris de l'altitude, me suis baladée dans les superbes plantations de thé à Munnar, ai randonné dans les montagnes Nilgiri, aurai presque pu dormir avec un bonnet à Coonoor, avant de retrouver la chaleur des plaines à Mysore. Mysore et son bois de santalm sa soie fabuleuse dont la visite de l'usine a été un émerveillement, son palace illuminé qui nous emporte dans un conte des mille et une nuits ...
Tout cela, je vous laisse le découvrir en photos en attendant le prochain article sur le lieu ou je me trouve en ce moment : le campus de Rishi Valley School, une école fondée par le philosophe indien Jiddu Krishnmamurti et au sein duquel je reste trois semaines ... j'ai déjà très envie de vous en parler, de partager avec vous mes observations, le prochain article aura donc pour thème les écoles alternatives que j'ai pu visiter en Inde, à Auroville et ici à Rishi Valley.
En attendant, joyeux noel à tous !
Une journée à Sadhana Forest 02.12.14
♪♪ 5h45 ♪♪. C’est la douce voix de Julia, une jeune suedoise venue en Inde à vélo, qui me tire mélodieusement de mon sommeil. Elle s’est portée volontaire pour être le “réveil humain” de la semaine et se balade donc entre les huttes pour réveiller en douceur la bonne soixantaine de volontaires que nous sommes en ce moment.
Depuis mon arrivée, de nouvelles personnes se sont présentées chaque jour avec l’intention de partager le temps de quelques semaines l’expérience Sadhana.
Chaque jour de nouveaux visages, des gens de tous ages, de toute nationalité, aux parcours différents …
6h15. Nous nous retrouvons pour le « morning circle », quelques étirements pour s’éveiller, quelques jeux coopératifs pour échanger les premiers rires et sourires de la journée et puis nous nous embrassons pour nous souhaiter individuellement et sincèrement une belle journée
Depuis mon arrivée, de nouvelles personnes se sont présentées chaque jour avec l’intention de partager le temps de quelques semaines l’expérience Sadhana.
Chaque jour de nouveaux visages, des gens de tous ages, de toute nationalité, aux parcours différents …
6h15. Nous nous retrouvons pour le « morning circle », quelques étirements pour s’éveiller, quelques jeux coopératifs pour échanger les premiers rires et sourires de la journée et puis nous nous embrassons pour nous souhaiter individuellement et sincèrement une belle journée
Nous voilà prêts pour le premier SEVA de la matinée. SEVA ? Dans la religion indienne un seva est un travail offert à Dieu. Ici, on le décrit comme un « selfless service », un travail désintéressé, que l’on effectue volontairement pour la communauté.
Du lundi au vendredi, tous les volontaires effectuent deux seva par matinée, qu’ils choisissent parmi les besoins du jour.
6h30. Début du premier seva. Quelques personnes partent se charger du compost, une autre du protocole d’hygiène pour le petit déjeuner, d’autres encore vont en cuisine pour préparer ce qui nous régalera quelques heures plus tard et enfin le reste, la majorité, part en forêt planter de nouveaux arbres, entretenir les jeunes pousses ou préparer de nouveaux espaces.
J’apprends à manier le mumptee (je n’ai pas trouvé la traduction française de cet outil, une sorte de pelle améliorée) et la barre à mine, et à planter selon la méthode de Sadhana. L’ambiance est joyeuse, même lorsque nous faisons cela sous des trombes d’eau comme cela a pu arriver quelques fois. Ces jours là, tout devient plus compliqué, plus périlleux, plus... boueux, oui, aussi !
8h45. Retour dans la hutte principale où nous nous installons tous pour discuter en attendant que des volontaires viennent nous servir une assiette. Le petit déjeuner est toujours composé de fruits frais (papaye, ananas, clémentine, banane, anone) et d’un porridge (de riz ou de millet) ou de pancakes, parfois les deux, accompagnés de jaggery (un sirop que l’on obtient à partir de la canne à sucre) ou d’un chutney salé à base de coco rapé et de basilic par exemple. Parfois, une boisson chaude à base d’épices (souvent de la canelle) accompagne l’ensemble. Ici le thé et le café sont proscrits, tout comme les autres produits susceptibles d’entrainer des addictions. A Sadhana pas de cigarettes, d’alcool ou de drogues. Nous nous engageons à notre arrivée à respecter cela même lorsque nous sortons de Sadhana dès lors que nous y sommes encore volontaires.
« GOOD MORNING EVERYONE ! Today is Monday … » Shekar, un « long-term volonteer » prend la parole pour nous rappeler le programme de la soirée et faire quelques annonces ou remarques concernant la communauté. Puis c’est la petite voix de Shalev, 7 ans, que nous entendons demander : « Is everybody ready for a moment of silence ? » puis sonner les petits "gong" de méditation (meditation chimes en anglais) DING ! Chacun ferme les yeux et apprécie ce silence, précédent ce premier repas de la journée. DING ! Les discussions reprennent et nous savourons ce délicieux petit déjeuner. « Thank you kitchen team ! » lance Noam, 11 ans.
C’est durant le petit déjeuner que Tara vient nous proposer un à un les possibilités pour le second seva de la matinée. Durant ces deux semaines, j’ai tour à tour lutté contre les termintes qui s’attaquent au bois des huttes, désherbé les chemins, cuisiné pour le déjeuner, travaillé sur ordinateur pour aider Sadhana à se faire connaitre, planté des ananas, arrosé les arbres fruitiers récemment plantés et aidé à l’aménagement des terrains pour favoriser la rétention de l’eau lors des pluies. D’autres se sont occupé de l’entretien des toilettes sèches, de gérer le tri/recyclage des déchets, d’organiser le « free shop », les dortoir et autres taches concernant le bon fonctionnement de la communauté, l'entretien des espaces pour en faire un lieu de vie sain et agréable !
12h45. Une fois notre second seva effectué, nous déjeunons dans la hutte. Au menu, salade de crudités, riz et dahl de lentilles. Mathieu rappelle qu’à 16h00 aura lieu son workshop "Fairy Tales" (contes de fées). Chaque jour en effet, certains d’entre nous proposent des ateliers pour partager des connaissances, initier à une pratique, engager des discussions sur un thème donné etc. J’ai ainsi pu écouter et discuter les contes philosophiques proposés par Mathieu, m’initier à la danse indienne et bollywood avec Viji, apprendre à écrire en Indhi avec Dhaval, participer à des jeux coopératifs, j’aurais pu aussi faire du yoga à 4h30 du matin avec Caroline si le courage ne m’avait pas manqué, assister à l’atelier de communication non-violente de Rik, m’initier au Thai-Chi et au Chi-Qong et certainement d'autres activités que j'oublie.
Du lundi au vendredi, tous les volontaires effectuent deux seva par matinée, qu’ils choisissent parmi les besoins du jour.
6h30. Début du premier seva. Quelques personnes partent se charger du compost, une autre du protocole d’hygiène pour le petit déjeuner, d’autres encore vont en cuisine pour préparer ce qui nous régalera quelques heures plus tard et enfin le reste, la majorité, part en forêt planter de nouveaux arbres, entretenir les jeunes pousses ou préparer de nouveaux espaces.
J’apprends à manier le mumptee (je n’ai pas trouvé la traduction française de cet outil, une sorte de pelle améliorée) et la barre à mine, et à planter selon la méthode de Sadhana. L’ambiance est joyeuse, même lorsque nous faisons cela sous des trombes d’eau comme cela a pu arriver quelques fois. Ces jours là, tout devient plus compliqué, plus périlleux, plus... boueux, oui, aussi !
8h45. Retour dans la hutte principale où nous nous installons tous pour discuter en attendant que des volontaires viennent nous servir une assiette. Le petit déjeuner est toujours composé de fruits frais (papaye, ananas, clémentine, banane, anone) et d’un porridge (de riz ou de millet) ou de pancakes, parfois les deux, accompagnés de jaggery (un sirop que l’on obtient à partir de la canne à sucre) ou d’un chutney salé à base de coco rapé et de basilic par exemple. Parfois, une boisson chaude à base d’épices (souvent de la canelle) accompagne l’ensemble. Ici le thé et le café sont proscrits, tout comme les autres produits susceptibles d’entrainer des addictions. A Sadhana pas de cigarettes, d’alcool ou de drogues. Nous nous engageons à notre arrivée à respecter cela même lorsque nous sortons de Sadhana dès lors que nous y sommes encore volontaires.
« GOOD MORNING EVERYONE ! Today is Monday … » Shekar, un « long-term volonteer » prend la parole pour nous rappeler le programme de la soirée et faire quelques annonces ou remarques concernant la communauté. Puis c’est la petite voix de Shalev, 7 ans, que nous entendons demander : « Is everybody ready for a moment of silence ? » puis sonner les petits "gong" de méditation (meditation chimes en anglais) DING ! Chacun ferme les yeux et apprécie ce silence, précédent ce premier repas de la journée. DING ! Les discussions reprennent et nous savourons ce délicieux petit déjeuner. « Thank you kitchen team ! » lance Noam, 11 ans.
C’est durant le petit déjeuner que Tara vient nous proposer un à un les possibilités pour le second seva de la matinée. Durant ces deux semaines, j’ai tour à tour lutté contre les termintes qui s’attaquent au bois des huttes, désherbé les chemins, cuisiné pour le déjeuner, travaillé sur ordinateur pour aider Sadhana à se faire connaitre, planté des ananas, arrosé les arbres fruitiers récemment plantés et aidé à l’aménagement des terrains pour favoriser la rétention de l’eau lors des pluies. D’autres se sont occupé de l’entretien des toilettes sèches, de gérer le tri/recyclage des déchets, d’organiser le « free shop », les dortoir et autres taches concernant le bon fonctionnement de la communauté, l'entretien des espaces pour en faire un lieu de vie sain et agréable !
12h45. Une fois notre second seva effectué, nous déjeunons dans la hutte. Au menu, salade de crudités, riz et dahl de lentilles. Mathieu rappelle qu’à 16h00 aura lieu son workshop "Fairy Tales" (contes de fées). Chaque jour en effet, certains d’entre nous proposent des ateliers pour partager des connaissances, initier à une pratique, engager des discussions sur un thème donné etc. J’ai ainsi pu écouter et discuter les contes philosophiques proposés par Mathieu, m’initier à la danse indienne et bollywood avec Viji, apprendre à écrire en Indhi avec Dhaval, participer à des jeux coopératifs, j’aurais pu aussi faire du yoga à 4h30 du matin avec Caroline si le courage ne m’avait pas manqué, assister à l’atelier de communication non-violente de Rik, m’initier au Thai-Chi et au Chi-Qong et certainement d'autres activités que j'oublie.
Les après-midi étaient donc libres et selon l’humeur ou l’état de fatigue il m’arrivait de lire pendant des heures en écoutant mon voisin gratter timidement sa guitare en fredonnant, faire des tentatives d’écriture qui finissaient toujours en pensées non retranscrites sur le papier, à observer les allers et venues des uns et des autres, les jeux inventés et réinventés par les enfants, leurs balancements sur les grands foulards accrochés ici et là, entendre des bouts de conversations, s’y joindre parfois, rester dans l’observation d’autres fois.
Et lorsque ni la délicieuse paresse sous la hutte, ni la participation à un atelier ne me tentait, je partais alors quelques temps vers la « Mud Pool », littéralement la piscine de boue, qui est en réalité un grand point d’eau dont certes le fond est boueux, mais duquel on ne ressort en aucun cas couleur cumin ! Le trajet vers la mud pool est en lui-même très agréable, je longe la hutte du dortoire principal, passe à côté des restes d’ananas fraichement coupés qui attendent d’être plantés lorsqu’ils auront suffisamment séché, j’emprunte un chemin qui semble être le sanctuaire des libellules et des papillons, notant pour plus tard qu’il faudra que j’y revienne pour prendre quelques clichés (entreprise qui s’avèrera finalement infructueuse tant les libellules sont légères et frivoles, comme j’avais déjà pu le remarquer auprès du Matrimandir.)
Je passe un petit portail, un pont de fortune, essaye de me repérer entre les différents petits chemins, au travers de tous ces arbres qui se ressemblent et enfin la voilà !
Seule, j’y nage en savourant le calme qui m’entoure. En groupe, on s’y amuse comme des enfants, la boue étant support à des tas d’idées nous faisant rire comme des baleines !
18h. Le lundi, le diner se passe en silence. Certains s’y sentent mal à l’aise, engloutissent leur repas et partent rapidement laver leur vaisselle (selon la technique Sadhana : trois bacs d’eau dans lesquels on plonge successivement assiettes et compagnie après les avoir frottés avec des fibres de coco et de la cendre) pour ne revenir que lorsque les conversations auront pu repdrendre. Pour les autres, nous prenons le temps de savourer en silence, en conscience je dirais.
Juste après le diner, nous nous asseyons en cercle pour le « Sharing », un moment hebdomadaire pendant lequel un à un nous exprimons nos ressentis : quelque chose nous a perturbé cette semaine et nous voulons le partager ? C’est le moment. Nous voulons exprimer une reconnaissance, expliquer une attitude ? C’est le moment. Les autres écoutent, ce n’est pas un moment d’échange, seulement un moment ou chacun, s’il le souhaite, peut se livrer.
Chaque soir de la semaine a son évènement, si le lundi est consacré à ce moment de partage pour bien débuter la semaine, le mardi soir a lieu une discussion thématique : « mode de vie Vegan » et « Unschooling » ont été les deux sujets abordés lors de mon passage à Sadhana. Le mercredi, c’est "Open Stage" un spectacle dit de « non talent » durant lequel j’ai admiré la grace de Viji lors d’une danse indienne, ai été transportée par le poème de Mathieu, touchée par les berceuses indiennes doucement chantonnées par une maman et sa fille de 5 ans, entrainée par Adria nous chantant un poème de son village catalan en s’accompagnant à la guitare, stupéfaite par l’orage humain simulé par une trentaine de volontaires guidés par Briget (et je brule maintenant d’envie d’essayer moi-même avec un groupe d’enfants !) et tant d’autres sentiments face aux autres représentations…le mercredi soir a définitivement été mon soir favori à Sadhana.
Hum … cet article me semble déjà trop long … je n’ai pourtant pas abordé l’unschooling, je n’ai pas détaillé toutes ces belles rencontres que j’ai faites, je n’ai pas expliqué comment fait Sadhana pour minimiser son impact sur l’environnement à travers les gestes du quotidien …
Je vous laisse donc avec un diaporama complet de photos et, comme on me l’a suggéré, vous précise que la partie « questions » n’est pas réservée aux enfants comme la page dédiée pourrait le laisser penser !!
A bientôt !
Juste après le diner, nous nous asseyons en cercle pour le « Sharing », un moment hebdomadaire pendant lequel un à un nous exprimons nos ressentis : quelque chose nous a perturbé cette semaine et nous voulons le partager ? C’est le moment. Nous voulons exprimer une reconnaissance, expliquer une attitude ? C’est le moment. Les autres écoutent, ce n’est pas un moment d’échange, seulement un moment ou chacun, s’il le souhaite, peut se livrer.
Chaque soir de la semaine a son évènement, si le lundi est consacré à ce moment de partage pour bien débuter la semaine, le mardi soir a lieu une discussion thématique : « mode de vie Vegan » et « Unschooling » ont été les deux sujets abordés lors de mon passage à Sadhana. Le mercredi, c’est "Open Stage" un spectacle dit de « non talent » durant lequel j’ai admiré la grace de Viji lors d’une danse indienne, ai été transportée par le poème de Mathieu, touchée par les berceuses indiennes doucement chantonnées par une maman et sa fille de 5 ans, entrainée par Adria nous chantant un poème de son village catalan en s’accompagnant à la guitare, stupéfaite par l’orage humain simulé par une trentaine de volontaires guidés par Briget (et je brule maintenant d’envie d’essayer moi-même avec un groupe d’enfants !) et tant d’autres sentiments face aux autres représentations…le mercredi soir a définitivement été mon soir favori à Sadhana.
Hum … cet article me semble déjà trop long … je n’ai pourtant pas abordé l’unschooling, je n’ai pas détaillé toutes ces belles rencontres que j’ai faites, je n’ai pas expliqué comment fait Sadhana pour minimiser son impact sur l’environnement à travers les gestes du quotidien …
Je vous laisse donc avec un diaporama complet de photos et, comme on me l’a suggéré, vous précise que la partie « questions » n’est pas réservée aux enfants comme la page dédiée pourrait le laisser penser !!
A bientôt !
Pour patienter ... 25.11.14
L'expérience Sadhana a été intense, l'article est en cours, il faudra patienter ...
Des photos supplémentaires d'Auroville
C'est maintenant le Kerala qui me tend les bras, depart demain pour Varkala
A bientot !
A bientot !
Départ pour Sadhana Forest 09.11.14
Après trois semaines (que je n'ai pas vues filer) à Auroville, je pars faire du volontariat à Sadhana Forest pendant quinze jours.
Là-bas, point d'ordinateur, mais du temps pour écrire ... je publierai donc lors de mon retour à Pondichéry.
Rendez-vous dans deux semaines !
Là-bas, point d'ordinateur, mais du temps pour écrire ... je publierai donc lors de mon retour à Pondichéry.
Rendez-vous dans deux semaines !
Matrimandir et le parc de l'Unité 06.11.14
M'y voilà.
Jeudi dernier, je rentre pour la première fois dans le parc de l'Unité, le coeur d'Auroville. C'est vers cet immense arbre, ce majestueux banian que je suis tout de suite attirée. De loin, ce n'est qu'un grand arbre mais quand je m'approche, je suis stupéfaite par sa forme, son allure. Un tronc large et alambiqué duquel partent de nombreuses branches. Parmi ces branches, certaines plongent vers le sol et s'y enracinent de nouveau, simulant un nouveau tronc, un nouvel arbre. Les bancs sous ce banian invitent à la méditation, c'est d'ailleurs l'activité à laquelle cet endroit est dédié.
Jeudi dernier, je rentre pour la première fois dans le parc de l'Unité, le coeur d'Auroville. C'est vers cet immense arbre, ce majestueux banian que je suis tout de suite attirée. De loin, ce n'est qu'un grand arbre mais quand je m'approche, je suis stupéfaite par sa forme, son allure. Un tronc large et alambiqué duquel partent de nombreuses branches. Parmi ces branches, certaines plongent vers le sol et s'y enracinent de nouveau, simulant un nouveau tronc, un nouvel arbre. Les bancs sous ce banian invitent à la méditation, c'est d'ailleurs l'activité à laquelle cet endroit est dédié.
Après cet émerveillement, c'est un sentiment de frustration qui s'empare de moi : ici, les photos sont interdites. C'est pourtant tellement beau ... cet arbre, derrière lequel s'érige le batiment fabuleux qu'est le Matrimandir, ce parc. J'ai envie d'immortaliser cette vue d'ensemble, de photographier des détails, de figer des lumières ...
Malgré tout, ce sentiment s'échappe finalement lorsque je prends conscience qu'au delà de sa beauté, ce qui fait l'ambiance unique de ce lieu c'est son calme. Le parc n'est pas public, l'entrée y est restreinte et le silence exigé. Le Matrimandir ne veut pas être un lieu touristique, là aussi pour pouvoir y rentrer il faut s'armer de patience et respecter de nombreuses contraintes. Lorsque l'on arpente les allées du parc, ce silence est saisissant, et permet aux pensées vagabondes de flaner tranquillement, n'étant perturbées que par le frissonnement d'une feuille, le cri d'un oiseau, la course d'un écureuil dont on se serait trop approché.
Alors oui, c'est certainement une bonne chose que les clics d'appareil photo ne viennent pas troubler cela, et que les personnes se promenant dans ce parc en saisisse l'ambiance sans passer au travers de l'objet photographique.
Les images qui illustrent cet article ne sont donc pas les miennes.
Ce jeudi, ce qui m'a amenée dans ce parc c'est la méditation ( ici on appelle plutôt cela une concentration, pour ne faire référence à aucune religion ) qui a lieu chaque semaine dans l'amphithéatre de plein air. Cette concentration commence à 17h15 et se termine au coucher du soleil, environ une heure plus tard.
Malgré tout, ce sentiment s'échappe finalement lorsque je prends conscience qu'au delà de sa beauté, ce qui fait l'ambiance unique de ce lieu c'est son calme. Le parc n'est pas public, l'entrée y est restreinte et le silence exigé. Le Matrimandir ne veut pas être un lieu touristique, là aussi pour pouvoir y rentrer il faut s'armer de patience et respecter de nombreuses contraintes. Lorsque l'on arpente les allées du parc, ce silence est saisissant, et permet aux pensées vagabondes de flaner tranquillement, n'étant perturbées que par le frissonnement d'une feuille, le cri d'un oiseau, la course d'un écureuil dont on se serait trop approché.
Alors oui, c'est certainement une bonne chose que les clics d'appareil photo ne viennent pas troubler cela, et que les personnes se promenant dans ce parc en saisisse l'ambiance sans passer au travers de l'objet photographique.
Les images qui illustrent cet article ne sont donc pas les miennes.
Ce jeudi, ce qui m'a amenée dans ce parc c'est la méditation ( ici on appelle plutôt cela une concentration, pour ne faire référence à aucune religion ) qui a lieu chaque semaine dans l'amphithéatre de plein air. Cette concentration commence à 17h15 et se termine au coucher du soleil, environ une heure plus tard.
Chacun trouve une place et s'installe. Je choisis un espace sur l'avant dernière marche, en hauteur, le Matrimandir éclatant face à moi, le banian sur sa gauche. J'observe cette urne au centre de l'amphithéatre en pensant à ce qu'elle contient et à ses hommes et femmes qui, lors de l'inauguration d'Auroville en 1968 y ont déposé une poignée de terre de leur région. 124 poignées de terre provenant de 124 différentes régions et pays du monde.
Soudain, je suis entourée d'une vingtaine de libellules virevoltant autour et devant moi, rajoutant encore un peu de magie à ce moment.
Lorsque la musique se fait entendre, je prends la position du lotus, comme la plupart des personnes présentes ce jour là, position qui s'avère rapidement inconfortable. La concentration est un exercice difficile. Chasser une à une ses pensées lorsqu'elles viennent pour s'apaiser, faire le vide ... je sais que je ne saurai tenir une heure, d'autant que je me sens incapable de fermer les yeux face à la vue qui s'offre à moi.
J'observe alors ces libellules légères, cet arbre incroyable, je pense longuement à la symbolique que je lui donne, j'observe ce batiment doré qu'il me tarde de découvrir de l'intérieur.
Peu à peu, je me laisse prendre par la musique et ferme les yeux, me prêtant à l'exercice de concentration. Lorsque, quelques minutes plus tard, je les ouvre de nouveau, la lumière à changé et avec elle les couleurs. Fermés, ouverts, fermés, ouverts, et chaque fois un nouveau spectacle.
Je finis par m'allonger sur ces briques rouges et chaudes, m'étant assez gorgée de cette vue qui me fascinait. C'est maintenant le ciel dégagé qui s'offre à moi dans toutes ses nuances de bleu et avec lui, discrète, la lune. Ouverts, fermés, ouverts, fermés, jusqu'à ce que le ciel s'assombrisse tout à fait.
Splendide, étonnant, saisissant.
Soudain, je suis entourée d'une vingtaine de libellules virevoltant autour et devant moi, rajoutant encore un peu de magie à ce moment.
Lorsque la musique se fait entendre, je prends la position du lotus, comme la plupart des personnes présentes ce jour là, position qui s'avère rapidement inconfortable. La concentration est un exercice difficile. Chasser une à une ses pensées lorsqu'elles viennent pour s'apaiser, faire le vide ... je sais que je ne saurai tenir une heure, d'autant que je me sens incapable de fermer les yeux face à la vue qui s'offre à moi.
J'observe alors ces libellules légères, cet arbre incroyable, je pense longuement à la symbolique que je lui donne, j'observe ce batiment doré qu'il me tarde de découvrir de l'intérieur.
Peu à peu, je me laisse prendre par la musique et ferme les yeux, me prêtant à l'exercice de concentration. Lorsque, quelques minutes plus tard, je les ouvre de nouveau, la lumière à changé et avec elle les couleurs. Fermés, ouverts, fermés, ouverts, et chaque fois un nouveau spectacle.
Je finis par m'allonger sur ces briques rouges et chaudes, m'étant assez gorgée de cette vue qui me fascinait. C'est maintenant le ciel dégagé qui s'offre à moi dans toutes ses nuances de bleu et avec lui, discrète, la lune. Ouverts, fermés, ouverts, fermés, jusqu'à ce que le ciel s'assombrisse tout à fait.
Splendide, étonnant, saisissant.
Quelques jours plus tard, je suis revenue dans ce lieu époustouflant pour une concentration dans la chambre intérieure, au coeur du Matrimandir.
Ce batiment dont la construction a commencé en 1972 et s'est achevée en 2008 est l'oeuvre de l'architecte français Roger Anger. Il s'agit d'une sphère soutenue par quatre pilliers et recouverte de grands disques concaves et convexes. Ces disques sont couverts d'une mosaique de feuilles d'or, donnant au Matrimandir sa luminosité.
Ce batiment dont la construction a commencé en 1972 et s'est achevée en 2008 est l'oeuvre de l'architecte français Roger Anger. Il s'agit d'une sphère soutenue par quatre pilliers et recouverte de grands disques concaves et convexes. Ces disques sont couverts d'une mosaique de feuilles d'or, donnant au Matrimandir sa luminosité.
L'entrée dans le Matrimandir revêt une allure assez ritualisée. Nous sommes assez nombreux mais le silence exigé rend feutré nos déplacements et l'on se sent finalement assez seul. Lorsque je découvre l'intérieur j'ai l'impression que l'on entend mon coeur battre, que cela résonne, assez étrange. En me déplaçant sur cette rampe de marbre qui mène à la chambre intérieure je me croirais presque figurante dans un film de science-fiction futuriste. Je porte des chaussettes blanches que l'on m'a données à l'entrée, je grimpe lentement dans ce tourbillon qui commence à me donner mal à la tête, le seul son que j'entends est celui de l'eau qui coule. J'observe les détails de la construction, les matériaux, je suis dans une véritable oeuvre d'art.
Enfin, je pénètre dans la chambre intérieure. Ici aussi tout est blanc, neutre. Marbre blanc, colonnes blanches, moquette blanche et duveteuse qui amortie encore plus et étouffe nos déplacements. Le silence est encore plus fort (qu'il est difficile de trouver les mots ... en fait.) Je prends place sur l'un des coussins blancs pour les 15 minutes de concentration. Face à moi, au centre de la pièce, une grosse boule de verre (70cm de diamètre) qu'un rayon de soleil vient percer. Il fait très beau ce jour là et le rayon luit dans sa rectitude, du haut plafond jusqu'au travers de la boule. Parfois, un grain de poussière vient danser dans ce faisceau lumineux, superbe.
Je me sens un peu oppressée par ce silence, le moindre son est décuplé, les personnes qui ont envie de tousser sont invitées à quitter la pièce. Lorsque je sors de ce moment de concentration je me sens vidée et repars avec un mal de crane ... il faudra que je revienne une nouvelle fois, voir si cette sensation s'attenue.
Je me sens un peu oppressée par ce silence, le moindre son est décuplé, les personnes qui ont envie de tousser sont invitées à quitter la pièce. Lorsque je sors de ce moment de concentration je me sens vidée et repars avec un mal de crane ... il faudra que je revienne une nouvelle fois, voir si cette sensation s'attenue.
Sous cette chambre, on trouve le Lotus Pond, une sorte de fontaine, l'eau coule sur des morceaux de marbre blanc au centre desquels se trouve une boule de verre plus petite, qui vient recueillir le rayon du soleil depuis la chambre intérieure. Autour, se trouvent 12 petites salles de concentration appellées pétales. Chaque pétale a un éclairage d'une couleur différente et porte le nom d'une vertue qui lui est associée (générosité, sincérité, humilité, courage ...)
Ce matin, je suis allée passer 40 minutes dans le pétale de la paix, baigné d'un bleu profond. Exercice toujours aussi difficile et dont je ressors épuisée ... mais le rendez-vous est pris pour dimanche, et alors j'irai je pense dans le pétale "persévérance" !
Ce matin, je suis allée passer 40 minutes dans le pétale de la paix, baigné d'un bleu profond. Exercice toujours aussi difficile et dont je ressors épuisée ... mais le rendez-vous est pris pour dimanche, et alors j'irai je pense dans le pétale "persévérance" !
L'appel de la forêt, version aurovillienne 26.10.14
Comme
je l'écrivais plut tôt, il y a tellement de choses à découvrir à
Auroville, que je me suis demandée si je n'allais pas annuler mon projet
de volontariat dans la forêt pour avoir plus de temps ici. Un petit
doute planait tout de même, celui de risquer de passer à côté de quelque
chose...
Ce vendredi, la lecture du journal d'Auroville m'indique que ce soir là comme chaque semaine, un bus quitte le centre à 16h en direction de Sadhana Forest d'ou il repart vers 21h30 après une soirée découverte du projet, éco-film et dîner. Parfait, cela allait certainement m'aider à prendre ma décision.
Lorsque j'arrive cinq minutes en avance à la Solar Kitchen, le point de rendez-vous, j'apperçois déjà deux petits bus pleins à craquer : il y a aujourd'hui visiblement beaucoup de personnes qui ont eu la même envie que moi, cela est aussi certainement dû à la météo qui ce vendredi, a été plus clémente en nous offrant un bel après-midi ensoleillé.
Vingt-cinq minutes de bus plus tard nous arrivons à Sadhana Forest. Un premier panneau nous vante l'intérêt du vélo plutôt que d'utiliser la moto, tandis qu'un autre nous indique l'emplacement des toilettes sèches. Quelques minutes après notre arrivée une femme me demande si je connais une solution alternative et saine au combat contre les moustiques : il me semble alors que oui, ici est un endroit ou l'on se sent concerné et impliqué dans la protection de l'environnement !
Après une petite démonstration sur l'utilisation des toilettes sèches et sur la façon de se laver les mains en n'utilisant que quelques centilitres d'eau seulement, nous nous installons dans la grande hutte centrale pour une présentation du projet qui est mis en place ici.
La construction est incroyable, spacieuse, l'endroit est rendu cosy par de nombreux tapis et coussins. Une petite mezzanine est, telle une petite cabane perchée, aménagée pour les enfants (mais elle me donne bien envie à moi aussi...). Le soleil perce encore à travers les quelques ouvertures, une légère brise nous effleure : c'est un moment très agréable. C'est dans cette hutte que nous regarderons, plus tard, l'éco-film de la semaine "Wild Brazil".
Alors que la présentation commence, une jeune fille vient, tout sourire, me proposer un ladoo (une petite douceur indienne à base de farine de pois chiche, morceaux de pistache et cardamome), je me régale.
J'écoute maintenant Jamey, un jeune américain venu ici il y a 5 ans et demi pour un volontariat de 2 semaines... et qui n'est finalement jamais reparti. Il nous raconte ce qu'est Sadhana, quelle est son histoire.
Tout à commencé avec un couple et leur fille venus s'installer à Auroville en cherchant à s'intégrer à un projet les intéressant. Ne trouvant pas chaussure à leur pieds ils décidèrent d'arrêter de chercher et d'agir. Ils s'installèrent sur l'une des terres encore inexploitées d'Auroville - et donc toujours en état de désertification - avec pour objectif de lutter contre les effets de la déforestation en reboisant l'espace qui les entourait.
Quelques jours seulement après leur installation, des volontaires proposaient de venir participer avec eux à ce projet. Cinq, puis dix... et ce qui n'était qu'un petit projet familial est rapidement devenu un projet communautaire : les portes de Sadhana Forest sont ouvertes à qui veut venir mettre la main à la pate (à la terre, plutôt), que ce soit pour 2 semaines, 2 mois, 2 ans...
Ici ce sont donc plus de 1000 volontaires qui viennent chaque année participer au projet monté par cette famille.
Il y a des personnes qui rayonnent lorsqu'elles parlent de quelque chose qui les touche tout entier, qui les anime. C'est le cas de Jamey lorsqu'il explique les actions et les valeurs de Sadhana Forest, celles là même qui l'ont convaincu de rester oeuvrer ici avec les fondateurs du projet.
Que fait Sadhana Forest ?
Le projet principal est donc celui du reboisement. Mais pour que celui ci soit efficace, ils se sont vite rendu compte que la gestion de l'eau allait également devoir constituer un champ d'action, il fallait trouver un moyen d'utiliser, de conserver toute cette eau déversée lors de la mousson et qui jusque là ne faisait que ruisseler et s'évader sans permettre à la terre de se gorger un peu du précieux fluide...
Ils utilisent les pratiques de la permaculture pour mener à bien leur projet et sont devenus spécialistes en la matiere, offrant des formations gratuites à qui veut venir échanger un peu d'aide contre des connaissances techniques. En 11 ans, le travail accompli ici est assez impressionnant (ils ont notamment réussi à relever de 6m la hauteur du niveau des nappes souterraines)
Enfin, Sadhana Forest développe sur son site une troisieme action à travers le Children's land, un espace dédié aux enfants. Quatre fois par semaine des enfants venant d'écoles alentours ou autres structures comme des orphelinats viennent passer l'après midi a Sadhana Forest.
Le principe ? Les adultes sur place, des volontaires, sont des "facilitateurs" : les enfants sont libres de faire ce qu'ils veulent et les adultes vont les y aider. Construire des cabanes, une balançoire, jouer à x ou y jeu existant ou inventé, rien n'est suggéré par l'adulte... L'anecdote racontée par Jamey à ce sujet est qu'à chaque fois que les enfants viennent ici pour la premiere fois ils attendent qu'on leur dise ce qu'ils peuvent ou doivent faire, et il existe toujours un petit temps de blocage avant qu'ils ne comprennent qu'ici ce sont leurs idées que l'on attend, leurs envies que l'on va aider à développer.
Sur quelles valeurs repose Sadhana Forest ?
- non compétition / non-violence
Ici tout le monde est traité d'égal a égal et l'on refuse toute forme de domination, qu'elle s'exprime physiquement, psychologiquement, dans l'éducation, sur la nature / les animaux ...
- dans le prolongement de cette valeur de non domination et de non violence, les volontaires suivent ici un mode de vie Vegan, que je ne saurais décrire dans sa complexité car mes connaissances en la matière sont limitées (mais je retourne ce mardi a Sadhana pour une conférence sur ce sujet, je saurais donc mieux en parler la prochaine fois) l'idée générale est de boycotter tout ce qui provient des animaux ou a été testé sur les animaux.
- économie de don
ceux qui travaillent ici, y compris les fondateurs, ne percoivent pas de salaire. La communauté vit et se développe grace aux dons des volontaires et de donnateurs réguliers. Chacun partage ce qu'il peut apporter à ceux qui en ont besoin ( et je parle en terme de ressource d'une maniere générale, pas uniquement financière, le temps est une ressource, la patience aussi, tel ou tel savoir faire...)
En venant ici 2 semaines, je donnerai 300 roupies par jour (l'équivalent de moins de 5 euros) et une vingtaine d'heures par semaine de mon temps pour aider le projet. Je serai nourrie et logée. D'autres personnes qui souhaitent venir mais ne peuvent pas se permettre de donner ces 300 roupies par jour sont accueillis de la meme façon, ceux qui peuvent donner plus le font, toutes les huttes ont été construites par des volontaires sur leurs fonds propres, pour des volontaires et aujourd'hui Sadhana Forest peut matériellement accueillir jusqu'a 150 personnes en meme temps.
- enfin la dernière valeur soutenue par Sadhana est l'unschooling. Ils ne présentent pas cela comme un modele d'éducation, mais une méthode dans laquelle l'adulte est un soutien dans le développement de l'enfant et l'encourage à poursuivre ses inspirations propres, sans projeter sur lui ses propres envies ... Il y a donc ici des volontaires qui viennent en famille pendant plusieurs mois, et quelques familles qui y résident à l'année.
Cette présentation qui a duré une petite heure et a été suivi d'une balade dans les environs fut passionnante. Un peu surprenante voir extrémiste pour qui n'est pas déjà sensibilisé à tout cela, mais les échanges avec les personnes qui m'entouraient ont été très riches et constructives.
S'en est suivi le visionnage de l'éco-film de la semaine et le partage d'un repas (vegan et bio bien sûr) préparé par les volontaires et offert aux 75 personnes que nous étions ce soir là.
Un chouette moment, durant lequel j'ai rencontré des gens de tous âges, nationalités, sensibilités, horizons. Une soirée qui m'a confirmée que OUI, je viendrai bien volontiers donner un peu de mon temps et partager ces valeurs avec eux prochainement ... et viendrai en faire le bilan ici bien entendu !
Pour les curieux : http://sadhanaforest.org/en/
Depuis quelques années le projet s'est étendu a Haiti et au Kenya !
Ce vendredi, la lecture du journal d'Auroville m'indique que ce soir là comme chaque semaine, un bus quitte le centre à 16h en direction de Sadhana Forest d'ou il repart vers 21h30 après une soirée découverte du projet, éco-film et dîner. Parfait, cela allait certainement m'aider à prendre ma décision.
Lorsque j'arrive cinq minutes en avance à la Solar Kitchen, le point de rendez-vous, j'apperçois déjà deux petits bus pleins à craquer : il y a aujourd'hui visiblement beaucoup de personnes qui ont eu la même envie que moi, cela est aussi certainement dû à la météo qui ce vendredi, a été plus clémente en nous offrant un bel après-midi ensoleillé.
Vingt-cinq minutes de bus plus tard nous arrivons à Sadhana Forest. Un premier panneau nous vante l'intérêt du vélo plutôt que d'utiliser la moto, tandis qu'un autre nous indique l'emplacement des toilettes sèches. Quelques minutes après notre arrivée une femme me demande si je connais une solution alternative et saine au combat contre les moustiques : il me semble alors que oui, ici est un endroit ou l'on se sent concerné et impliqué dans la protection de l'environnement !
Après une petite démonstration sur l'utilisation des toilettes sèches et sur la façon de se laver les mains en n'utilisant que quelques centilitres d'eau seulement, nous nous installons dans la grande hutte centrale pour une présentation du projet qui est mis en place ici.
La construction est incroyable, spacieuse, l'endroit est rendu cosy par de nombreux tapis et coussins. Une petite mezzanine est, telle une petite cabane perchée, aménagée pour les enfants (mais elle me donne bien envie à moi aussi...). Le soleil perce encore à travers les quelques ouvertures, une légère brise nous effleure : c'est un moment très agréable. C'est dans cette hutte que nous regarderons, plus tard, l'éco-film de la semaine "Wild Brazil".
Alors que la présentation commence, une jeune fille vient, tout sourire, me proposer un ladoo (une petite douceur indienne à base de farine de pois chiche, morceaux de pistache et cardamome), je me régale.
J'écoute maintenant Jamey, un jeune américain venu ici il y a 5 ans et demi pour un volontariat de 2 semaines... et qui n'est finalement jamais reparti. Il nous raconte ce qu'est Sadhana, quelle est son histoire.
Tout à commencé avec un couple et leur fille venus s'installer à Auroville en cherchant à s'intégrer à un projet les intéressant. Ne trouvant pas chaussure à leur pieds ils décidèrent d'arrêter de chercher et d'agir. Ils s'installèrent sur l'une des terres encore inexploitées d'Auroville - et donc toujours en état de désertification - avec pour objectif de lutter contre les effets de la déforestation en reboisant l'espace qui les entourait.
Quelques jours seulement après leur installation, des volontaires proposaient de venir participer avec eux à ce projet. Cinq, puis dix... et ce qui n'était qu'un petit projet familial est rapidement devenu un projet communautaire : les portes de Sadhana Forest sont ouvertes à qui veut venir mettre la main à la pate (à la terre, plutôt), que ce soit pour 2 semaines, 2 mois, 2 ans...
Ici ce sont donc plus de 1000 volontaires qui viennent chaque année participer au projet monté par cette famille.
Il y a des personnes qui rayonnent lorsqu'elles parlent de quelque chose qui les touche tout entier, qui les anime. C'est le cas de Jamey lorsqu'il explique les actions et les valeurs de Sadhana Forest, celles là même qui l'ont convaincu de rester oeuvrer ici avec les fondateurs du projet.
Que fait Sadhana Forest ?
Le projet principal est donc celui du reboisement. Mais pour que celui ci soit efficace, ils se sont vite rendu compte que la gestion de l'eau allait également devoir constituer un champ d'action, il fallait trouver un moyen d'utiliser, de conserver toute cette eau déversée lors de la mousson et qui jusque là ne faisait que ruisseler et s'évader sans permettre à la terre de se gorger un peu du précieux fluide...
Ils utilisent les pratiques de la permaculture pour mener à bien leur projet et sont devenus spécialistes en la matiere, offrant des formations gratuites à qui veut venir échanger un peu d'aide contre des connaissances techniques. En 11 ans, le travail accompli ici est assez impressionnant (ils ont notamment réussi à relever de 6m la hauteur du niveau des nappes souterraines)
Enfin, Sadhana Forest développe sur son site une troisieme action à travers le Children's land, un espace dédié aux enfants. Quatre fois par semaine des enfants venant d'écoles alentours ou autres structures comme des orphelinats viennent passer l'après midi a Sadhana Forest.
Le principe ? Les adultes sur place, des volontaires, sont des "facilitateurs" : les enfants sont libres de faire ce qu'ils veulent et les adultes vont les y aider. Construire des cabanes, une balançoire, jouer à x ou y jeu existant ou inventé, rien n'est suggéré par l'adulte... L'anecdote racontée par Jamey à ce sujet est qu'à chaque fois que les enfants viennent ici pour la premiere fois ils attendent qu'on leur dise ce qu'ils peuvent ou doivent faire, et il existe toujours un petit temps de blocage avant qu'ils ne comprennent qu'ici ce sont leurs idées que l'on attend, leurs envies que l'on va aider à développer.
Sur quelles valeurs repose Sadhana Forest ?
- non compétition / non-violence
Ici tout le monde est traité d'égal a égal et l'on refuse toute forme de domination, qu'elle s'exprime physiquement, psychologiquement, dans l'éducation, sur la nature / les animaux ...
- dans le prolongement de cette valeur de non domination et de non violence, les volontaires suivent ici un mode de vie Vegan, que je ne saurais décrire dans sa complexité car mes connaissances en la matière sont limitées (mais je retourne ce mardi a Sadhana pour une conférence sur ce sujet, je saurais donc mieux en parler la prochaine fois) l'idée générale est de boycotter tout ce qui provient des animaux ou a été testé sur les animaux.
- économie de don
ceux qui travaillent ici, y compris les fondateurs, ne percoivent pas de salaire. La communauté vit et se développe grace aux dons des volontaires et de donnateurs réguliers. Chacun partage ce qu'il peut apporter à ceux qui en ont besoin ( et je parle en terme de ressource d'une maniere générale, pas uniquement financière, le temps est une ressource, la patience aussi, tel ou tel savoir faire...)
En venant ici 2 semaines, je donnerai 300 roupies par jour (l'équivalent de moins de 5 euros) et une vingtaine d'heures par semaine de mon temps pour aider le projet. Je serai nourrie et logée. D'autres personnes qui souhaitent venir mais ne peuvent pas se permettre de donner ces 300 roupies par jour sont accueillis de la meme façon, ceux qui peuvent donner plus le font, toutes les huttes ont été construites par des volontaires sur leurs fonds propres, pour des volontaires et aujourd'hui Sadhana Forest peut matériellement accueillir jusqu'a 150 personnes en meme temps.
- enfin la dernière valeur soutenue par Sadhana est l'unschooling. Ils ne présentent pas cela comme un modele d'éducation, mais une méthode dans laquelle l'adulte est un soutien dans le développement de l'enfant et l'encourage à poursuivre ses inspirations propres, sans projeter sur lui ses propres envies ... Il y a donc ici des volontaires qui viennent en famille pendant plusieurs mois, et quelques familles qui y résident à l'année.
Cette présentation qui a duré une petite heure et a été suivi d'une balade dans les environs fut passionnante. Un peu surprenante voir extrémiste pour qui n'est pas déjà sensibilisé à tout cela, mais les échanges avec les personnes qui m'entouraient ont été très riches et constructives.
S'en est suivi le visionnage de l'éco-film de la semaine et le partage d'un repas (vegan et bio bien sûr) préparé par les volontaires et offert aux 75 personnes que nous étions ce soir là.
Un chouette moment, durant lequel j'ai rencontré des gens de tous âges, nationalités, sensibilités, horizons. Une soirée qui m'a confirmée que OUI, je viendrai bien volontiers donner un peu de mon temps et partager ces valeurs avec eux prochainement ... et viendrai en faire le bilan ici bien entendu !
Pour les curieux : http://sadhanaforest.org/en/
Depuis quelques années le projet s'est étendu a Haiti et au Kenya !
Goodbye Pondy, Welcome Auroville ! 25.10.14
Les rideaux laissés entrouverts permettent aux furtifs éclairs d'illuminer quelques instants ma nouvelle chambre, le temps d'appercevoir chaque fois un détail supplémentaire du tableau placé au dessus de la planche de bois qui me sert de lit. (ouh, la mauvaise langue que je suis, j'exagère, il y a tout de même un semblant de matelas sur cette planche !)
J'ai la sensation d'être sous une petite bulle fragile entourée par ce superbe orage. J'aime l'orage, et celui qui m'accueille ce soir n'est vraiment pas décevant.
Avec quelques semaines de retard, la mousson est enfin arrivée. A Pondichéry il a suffit de quelques heures pour que le canal se remplisse, que les rues s'innondent par endroit, m'obligeant à marcher en ayant de l'eau jusqu'aux mollets pour aller, de nuit, acheter de quoi manger.
Note pour plus tard : pendant la mousson, faire des réserves de nourriture, cela m'évitera ce genre d'épopée nocturne durant laquelle je n'ai pas trouvé très amusant d'essayer de ratrapper ma tongue fugueuse en me forçant à oublier ce sur quoi j'étais certainement en train de marcher... L'aventure est à chaque coin de rue !
J'ai quitté Pondichéry il y a quelques jours pour Auroville, à 10km plus au nord. En entrant dans l'espace de New Creation, la communauté au sein de laquelle je me suis installée, j'ai été ébahie par l'environnement luxuriant qui m'entourait. Des arbres gigantesques aux formes étranges, des plantes qui me sont inconnues, des fleurs, partout. Et dans cette végétation aussi dense que variée, tous ces mouvements et bruits d'animaux. Des dizaines d'oiseaux différents, grenouilles, vaches, poules, cigales et autres bruits que je n'ai pas encore réussi a identifier.
Alors, forcément, dans ma chambre aussi, ça grouille ... je pourrais tourner un reportage animalier sans quitter mon lit ! Araignées, fourmis géantes complètement folles dans leur façon de se déplacer et mini fourmis très organisées, cela me donne envie de lire Werber tiens ... geckos, moustiques et mille pattes toujours, escargots, et deux espèces d'insectes non encore identifiées ... Je crois que je vais définitivement devoir apprendre à vivre avec eux.
Lorsque j'observe toute cette végétatiom qui m'entoure, j'ai du mal à croire qu'il y a moins de 50 ans cet endroit était un désert ... Voilà en tout cas une belle réussite environnementale du projet qu'est cette "ville de l'aurore".
Auroville est en effet une ville particulière qui a été inaugurée en 1968. Il s'agit en fait plutôt d'un grand village car elle compte aujourd'hui aux alentours de 2000 habitants, de 45 nationalités différentes.
Cette ville internationales est à voir comme une expérience, une tentative d'organisation de société différente.
" Auroville veut être une cité universelle ou hommes et femmes de tous pays puissent vivre en paix et en harmonie progressive au dessus de toute croyance, de toute politique et de toute nationalité. Le but d'Auroville est de réaliser l'unité humaine."
Je me garderai bien de faire des généralités sur cette ville qui fait débat et ne viens pas ici pour juger quoi que ce soit.
Il y a plusieurs façon de venir à Auroville. Beaucoup de visiteurs viennent y passer la journée, ils sont accueillis au Visitor Centre ou ils visionnent une vidéo explicative. Ils peuvent ensuite avoir la possibilité de visiter le Matrimandir, ce superbe batiment situé au coeur de la ville et qui est en fait un lieu de méditation.
Mais l'on peut également venir à Auroville pour un plus long moment, en s'installant dans l'une des nombreuses communautés (sortes de quartiers au sein d'Auroville) et de prendre le temps de découvrir, de rencontrer, d'échanger ...
Pour ma part ce sont deux domaines en particulier qui m'intéressent particulièrement ici.
L'environnement
Comme je l'écrivais plus haut, les terres sur lesquelles s'est créée Auroville étaient en état de désertification à la fin des années 60. Aujourd'hui, c'est une végétation luxuriante qui entoure les pistes de terre rouge que j'emprunte chaque jour. La terre a été régénérée en profondeur par la construction de petites digues et bassins de récupération de l'eau de pluie et 2 millions d'arbres y ont été plantés. Des projets de reboisement sont encore en cours comme à Sadhana Forest ou j'irai certainement passer quelques semaines comme volontaire ...
Exploitations en agriculture biologique, recherches autour de la permaculture, organisation d'ateliers pour partager toutes ces connaissances : une petite ville oui, mais qui fourmille de projets, une ville en action qui me semble être un lieu de recherche constante, d'innovation, d'expérimentation dans tous les domaines.
L'éducation
Le second domaine pour lequel je viens ici à Auroville.
Dès 1954, Mirra Alfassa, la française à l'origine de la création d'Auroville écrivait :
"(...) dans cet endroit, les enfants pourraient croitre et se développer intégralement, sans perdre le contact avec leur ame, l'instruction serait donnée non en vue de passer des examens ou d'obtenir des certificats et des postes, mais pour enrichir des facultés existantes et en faire naitre de nouvelles."
Il y a donc à Auroville de nombreuses écoles qui proposent une pédagogie alternative. Ne serait-ce qu'à New Creation, la guest house dans laquelle je loge et qui permet à André, le gérant, de développer son projet éducatif. Il a monté un centre de recherche autour du développement de l'enfant qu'il met en pratique à travers une maison d'accueil qui réunit une quarantaine d'enfants issus de familles en grandes difficultés des villages tamouls voisins. Les enfants sont ici nourris, logés reçoivent une éducation à l'école du "Libre Progrès" montée par André qui met en place une pédagogie montessori. Les plus grands vont dans des écoles non loin de là ou même au lycée français de Pondichéry pour les francophones.
Je vais pouvoir me rendre utile ici car tout le monde est le bienvenue pour entourer les enfants et apporter sa petite contribution. Je vais ici pouvoir également découvrir la pratique du "jeu de peindre" initié en France par Arno Stern, mais aussi aller rendre visite au Kindergarten la grande école maternelle d'Auroville qui utilise elle aussi la pédagogie Montessori, visiter Aurolab un labo de langue pour enfants et adultes aux pratiques particulières, rencontrer les élèves de Last School, voir les projets artistiques à Pyramid ... et tant de lieux encore qu'il me tarde de découvrir . Tant de lieux qui, je l'espère, vont continuer d'enrichir ma réflexion sur les pratiques pédagogiques pour mon retour en France.
J'ai prévu de rester ici 3 semaines, de prendre le temps de voir, comprendre, rencontrer, échanger. Peut être que 3 semaines ne seront pas suffisantes ... mais mon voyage est souple alors j'adapterai !
A bientôt pour vous faire partager ces découvertes !
Pondichéry : visite de deux écoles 23.10.14
En Inde, l'école est obligatoire de 6 à 14 ans depuis 2010.
Dans les textes.
La réalité est toute autre car encore aujourd'hui plusieurs millions d'enfants indiens travaillent plutôt que d'aller à l'école.
J'ai l'intention tout au long de mon voyage de visiter de nombreuses écoles. Privées, publiques, offrant un enseignement dit traditionnel ou plutôt alternatif. C'est un peu le fil rouge de mon voyage.
A Pondichéry la semaine dernière, j'ai eu la possibilité de visiter deux écoles. J'ai envie d'écrire : deux écoles que tout oppose.
Acharya, une école privée comme il en existe beaucoup en Inde.
J'ai passé la journée dans la classe 8th C, l'équivalent de notre 4ème. Cette énorme école encore en construction accueille des élèves de la maternelle jusqu'au lycée. On y commence les cours à 9h, mais les élèves sont attendus dès 8h45 pour participer au regroupement, sorte d'assemblée telle que l'on peut les voir dans les écoles anglaises. Chant, nouvelles importantes, et l'on se quitte en se souhaitant une bonne journée.
Tous les élèves portent un uniforme, pour les filles même la coiffure (deux tresses relevées) est imposée. Mais d'après ce que j'ai pu observer, il y a une certaine souplesse sur ce dernier point.
Les cours ont lieu de 9h jusqu'à 16h30, avec une pause de 10 min le matin ainsi que l'après midi et d'une heure le midi, ils mangent dans leur classe, avec leur professeur.
En plus des matières qui sont enseignées en France, les élèves ont des cours de culture générale, et de "life skills", que je ne saurais vraiment traduire car ce n'est pas quelque chose que l'on voit fréquemment chez nous. Durant le cours auquel j'ai assisté, l'enseignant lisait de petits récits, témoignages de personnes ayant "réussi" par la force de leur travail, s'en est suivi un débat autour des qualités essentielles pour réussir dans la vie. Je ne serais pas vraiment honnête si je vous cachais que j'ai été parfois choquée par ce que j'ai pu entendre pendant ce cours.
L'école est assez sélective : jusqu'en 7th - équivalent de la 5ème - il est possible de redoubler. A partir de la 8th, si un élève n'a pas le niveau attendu il doit changer d'école. De nombreux parents en Inde considèrent ces écoles comme une opportunité pour leurs enfants de recevoir une éducation de qualité. Après leur journée de classe, la plupart des élèves suivent des cours particuliers, tous les soirs, souvent durant une ou deux heures. Ils ont aussi la possibilité de venir à l'école le samedi.
Ce que je retiendrais de positif après cette journée à Acharya :
- l'utilisation du Mind Mapping (cartes heuristiques) par beaucoup d'enseignants pour permettre aux élèves de résumer, organiser leurs connaissances autour d'un thème donné, en utilisant des moyens très visuels/graphiques et surtout personnels, chaque élève crée sa propre carte. J'avais déjà lu quelques articles à ce sujet, c'est un outil qui peut me sembler intéressant à utiliser à l'école primaire dans l'objectif d'apprendre à apprendre.
- j'ai aimé le moment du midi, temps de partage informel entre professeur et élèves, ainsi que le moment de méditation après le repas avant de reprendre les cours. Je précise que l'école n'est reliée à aucune religion en particulier. Mais un temps de méditation est prévu pendant 5 min durant lesquelles une musique résonne dans toute l'école, les élèves sont invités à fermer les yeux et à rester silencieux ( et certainement à se perdre dans leurs pensées d'enfants ... )
- les élèves bien qu'évoluant dans un cadre assez strict sont assez autonomes. Ils sont très à l'aise pour prendre la parole qui leur est donnée régulièrement et la relation enseignant / élèves semble assez bonne.
Pour les aspects qui m'ont semblés plus négatifs, je les laisse derrière moi à Acharya.
Je laisse " Welcome in a world of winners" dans le bureau du principal que j'avais rencontré la veille, je laisse " I can, you can, if not an Acharyan .... who can ?' au tableau des classes de cet établissement qui vise ouvertement à "former une élite", ce qui est très loin de ma conception de l'enseignement.
Mais en Inde on peut comprendre l'engouement pour ces écoles privées lorsque l'on voit à quoi ressemble certaines écoles gouvernementales. Je ne généraliserai rien car je n'en ai visité qu'une, mais cela m'a permis d'avoir un apperçu de ce que pouvait être l'école publique en Inde.
Une petite école publique de quartier à Pondichéry
Deux jours après ma visite d'Acharya je suis allée passer une après midi dans une petite école à côté de la guesthouse, je suis venue accompagnée de mon hôte et bien m'en a pris car la directrice de l'école n'était d'abord pas tellement d'accord pour que je passe l'après midi avec eux : elle craignait que je fasse ensuite un rapport de ce que j'avais vu et que je le communique au gouvernement ... 10 min de discussions en Tamil et un coup de téléphone plus tard, son visage s'illumine de nouveau, elle m'offre un jus de mangue tout frais et m'accueille chaleureusement dans son école.
Il y a 2 tout petits batiments qui ne sont pas vraiment fermés et laissent pénétrer la pluie qui est assez forte ce jour là.
L'école accueille une trentaine d'enfants jusqu'au niveau 5th, équivalent du CM2. Ici aussi, l'uniforme est de rigueur.
Dans cette école, on fait avec les moyens du bord : quelques tables, des fournitures limités.
L'enseignement se fait a priori en anglais mais mis à part le maitre qui prend en charge les plus grands, les 3 autres adultes présents ce jour là ne parlent pas très bien l'anglais et c'est plutôt le Tamil qui est utilisé.
Différents espaces sont crées pour séparer les différents niveaux, à l'aide de grandes nappes pendues qui servent de rideaux. Les élèves circulent assez librement et sont, sauf plus les plus gands, libres de s'installer ou ils veulent pour faire leurs exercices ou s'entrainer à écrire.
Les enfants ont été assez perturbés par ma présence et avaient très envie de communiquer, d'échanger avec moi plutôt que d'écouter ce que leur maitre ou maitresse leur racontait... j'ai ainsi pu assister à une remise en ordre à l'aide d'une baguette en bois ... j'ai plus tard proposé que l'on prenne un temps pour que les enfants puisse venir me voir, ce qui nous a permis d'échanger quelques chansons, dessins, rires et sourires, avant que tout le monde se remette à travailler ...
Ici aussi, les élèves mangent dans leur classe avec les enseignants. Ils viennent à l'école de 8h30 à 15h30.
Ce que je retiendrai de ce trop court moment dans cette école :
- contrairement à d'autres écoles publiques indiennes, celle-ci à l'avantage de ne pas avoir des classes surchargées.
- en revanche, elle reçoit des aides très aléatoires du gouvernement et est donc en manque de moyens matériels pour assurer l'éducation des enfants dans des conditions acceptables
- d'un point de vu pédagogique malheureusement on est dans un enseignement très traditionnel, j'ai trouvé dommage que les grands, lors d'un cours de sciences, étudient les différentes parties d'une fleur de jasmin à partir d'une photo de mauvaise qualité en noir et blanc alors que l'on en trouve partout dans la ville et qu'il aurait été plus attractif pour les enfants de pouvoir en observer et en manipuler ... j'en ai fait la suggestion au professeur qui m'a répondu que c'était plus simple de suivre leur livre tel quel.
- la rencontre et les échanges avec les enfants ont été très fort et il me tarde de retourner dans ce type d'école ailleurs en Inde.
Toujours est-il que, peut importe l'école dans laquelle ils vont, les enfants sont en ce moment en vacances à l'occasion de Diwali qui a été célébré hier : pétards dans les rues, jeux de lumières, il y a eu toute la journée beaucoup d'animations sonores et visuelles !
HAPPY DIWALI !
Une journée à Pondichéry 15.10.14
5h30, le réveil sonne, la nuit a été courte et tumultueuse : les moustiques et mille pattes noir et orange semblent apprécier me tenir compagnie la nuit, je n'arrive pas à leur faire comprendre que je préférerais me passer de leur presence, verdict : la "communication non violente" ne fonctionne pas très bien avec ces bêtes là...
5h45, je pars pour mon cours de yoga. Pondichéry se compose de trois quartiers. Un canal traversant la ville sépare le quartier francais en bord de mer du quartier tamoule. Au nord-ouest du canal se trouve le quartier musulman au sein duquel je suis installée pendant deux semaines. Chaque quartier a son identité, son rythme et il est amusant de passer de l'un à l'autre...
A cette heure matinale cependant, le calme règne partout dans la ville, sur mon trajet je ne croise presque aucun rickshaw, tout au plus quelques piétons, vélos ou scooters allant je ne sais ou. Les corneilles mangent les restes des détritus jetés au sol la veille et dont les chiens n'ont pas voulu, les écureuils s'agitent déja en détalant ici et là le long d'une gouttière, en haut d'une terrasse. Des portes s'ouvrent, certains nettoient devant chez eux. Il est plaisant de pouvoir traverser les rues principales sans retenir son souffle comme on le fait en journée.
Dix minutes de marche et quatre étages plus tard me voilà sur ce toit, il est 6h et le soleil, face a moi, commence à se lever. Les couleurs sont superbes. Une légère brume, une lumiere bleutée qui se rechauffe à mesure que le soleil se dévoile au dessus du nuage qui le cachait, avant de redevenir discret derrière un autre.
Cette danse matinale, observée depuis le toit de cet immeuble vert du quartier tamoule, est un vrai petit bonheur qui console de s'être levé si tot.
Le prof est la, ainsi que Josiane et Aurelie deux francaises, la première rencontrée à la guesthouse et la seconde à Colombo lorsque nous étions en transit. "Namaste position !" : le cours commence. Une heure plus tard lorsque nous entamons la phase de méditation le prof nous propose d'écouter tous les sons qui nous entourent. Ce sont les bruits de la ville qui se réveille, les klaxons commencent à se faire plus nombreux, le bruit des moteurs, les cris des corneilles ... parfois tout se mélange, j'essaye d'identifier chaque élément de cette rumeur urbaine.
Lorsqu'apres le cours nous faisons le chemin inverse il est 7h30 et dejà l'agitation a repris.
La matinée est le moment idéal pour se balader. Pondichery s'organise en un quadrillage de rues aux noms souvent bi ou trilingues ( ici on parle en effet le tamoule, l'anglais et le francais) on se repère donc assez bien à travers la ville et je retrouve plutot facilement mes endroits préférés, découverts par surprise ou bien conseillés par mon hôte ou par d'autres voyageurs.
Il y a entre autre ce vendeur de Massala tea ou Chai, du thé bouilli directement dans du lait avec les épices que constitue le mélange appelé "massala" et que l'on retrouve dans beaucoup de plats typiques ici : massala dosai, massala chappathi... j'adore ce petit rituel matinal et bizarrement, boire du thé brulant par cette chaleur ne me dérange absolument pas.
La balade dans l'effervescence du quartier tamoule se poursuit, au hasard des rues on découvre parfois de belles batisses, toujours des couleurs, souvent des sourires, qui s'élargissent volontiers lorsque l'on sort un appareil photo.
La ville est odorante. Aux effluves nauséabondes des égouts et de la pollution se mêlent celle de l'encens qui brule dans les maisons, celle du jasmin qu'assemblent des hommes ou des femmes assis par terre sur le trottoir et que l'on retrouve dans les superbes chevelures des indiennes, des écolières. L'odeur du chai, celle des plats que les vendeurs commencent à préparer dans la rue...
Ce festival de couleurs et d'odeurs trouve son apogée au Marche Goubert, très grand marche couvert ou l'on trouve des fleurs, des fruits, légumes et autres plantes, du poisson, des épices, des tissus... il est difficile de savoir ou donner de la tete ni par quoi se laisser tenter tant il y a de choses à découvrir.
La découverte du jour, c'est l'anone : un fruit qui ressemble un peu à un artichaut, a une chair blanchatre très douce au parfum délicatement sucré, et a pour inconvénient de contenir beaucoup de noyaux, mais cela ne gache en rien le plaisir d'en manger.
11h30. Il est temps de songer à quitter la chaleur de la ville betonnée et d'aller se poser à l'ombre pour déjeuner. Quel plaisir lorsque l'on est aussi gourmande que moi que de découvrir toutes ces saveurs, tous ces plats. Je suis bien partie pour tout tester, des plats que je connaissais déjà en France comme les samoussas (que l'on paye ici 5 à 10 roupies, soit l'équivalent de 7 à 14 centimes d'euros...) ou le biryani accompagné d'un lassi bien frais. Mais aussi ( et surtout ! ) tous ces plats que je découvre, le dhal, les chappathis, l'uttapam, les idly, dosai ...il n'y a vraiment pas de quoi se lasser !
Jusqu'à 15h, c'est le repos que j'essaye de trouver dans un endroit ombragé et ventilé. Le moment pour se poser, repenser aux découvertes de la matinée, lire, écrire, dormir aussi parfois lorsque la nuit a été courte ou découpée par les appels à la prière de la mosquée voisine.
Puis de nouveau, l'exploration. Selon l'humeur Pondichery offre la possibilité de retourner dans la frénésie du quartier indien ou bien d'aller se balader dans le calme relatif du quartier francais. Pour cette raison je suis ravie d'avoir commencé mon sejour en Inde par cette ville qui est très loin je pense de l'ambiance de Dehli ou Calcutta. Le quartier francais est assez différent, plus calme, on y retrouve de jolies traces du passé colonial de la ville, notamment en terme d'architecture. Les bougainvilliers fleurissent échaque coin de rue et il est très agréable de s'y promener pour respirer un peu, bien qu'il n'y ait finalement pas tant de choses à y faire et que l'ambiance des tres jolis salons de thé et restaurant soit assez occidentalisée. On y trouve aussi de belles boutiques mais les prix y sont souvent bien plus élevés que dans le quartier tamoule.
Les indiens semblent prendre du plaisir à venir marcher le long de la promenade du front de mer pour s'y rafraichir en soirée, ou bien y faire leur jogging tôt le matin.
Durant l'apres-midi, entre deux longues marches à travers la ville je me laisse tenter par un kulfi : une glace à la cardamome et aux éclats de pistache ou de noix de cajou. C'est une jeune fille qui me le tend avec son beau sourire et l'amusement dans ses yeux de me voir quasiment tous les jours, car elle fait aussi un jus de canne à sucre a se damner... les branches sont passées dans une sorte de grosse presse qui en extrait le jus auquel elle rajoute du citron et du gingembre ... un délice !
Le soir, le repas est partagé avec les autres voyageurs on discute, on échange et la journée se termine ainsi, sur cette belle terrasse d'un toit de Pondichéry.
Il ne reste plus qu'à aller rever de la suivante, avec ses nouvelles découvertes et ses nouvelles rencontres ...
5h45, je pars pour mon cours de yoga. Pondichéry se compose de trois quartiers. Un canal traversant la ville sépare le quartier francais en bord de mer du quartier tamoule. Au nord-ouest du canal se trouve le quartier musulman au sein duquel je suis installée pendant deux semaines. Chaque quartier a son identité, son rythme et il est amusant de passer de l'un à l'autre...
A cette heure matinale cependant, le calme règne partout dans la ville, sur mon trajet je ne croise presque aucun rickshaw, tout au plus quelques piétons, vélos ou scooters allant je ne sais ou. Les corneilles mangent les restes des détritus jetés au sol la veille et dont les chiens n'ont pas voulu, les écureuils s'agitent déja en détalant ici et là le long d'une gouttière, en haut d'une terrasse. Des portes s'ouvrent, certains nettoient devant chez eux. Il est plaisant de pouvoir traverser les rues principales sans retenir son souffle comme on le fait en journée.
Dix minutes de marche et quatre étages plus tard me voilà sur ce toit, il est 6h et le soleil, face a moi, commence à se lever. Les couleurs sont superbes. Une légère brume, une lumiere bleutée qui se rechauffe à mesure que le soleil se dévoile au dessus du nuage qui le cachait, avant de redevenir discret derrière un autre.
Cette danse matinale, observée depuis le toit de cet immeuble vert du quartier tamoule, est un vrai petit bonheur qui console de s'être levé si tot.
Le prof est la, ainsi que Josiane et Aurelie deux francaises, la première rencontrée à la guesthouse et la seconde à Colombo lorsque nous étions en transit. "Namaste position !" : le cours commence. Une heure plus tard lorsque nous entamons la phase de méditation le prof nous propose d'écouter tous les sons qui nous entourent. Ce sont les bruits de la ville qui se réveille, les klaxons commencent à se faire plus nombreux, le bruit des moteurs, les cris des corneilles ... parfois tout se mélange, j'essaye d'identifier chaque élément de cette rumeur urbaine.
Lorsqu'apres le cours nous faisons le chemin inverse il est 7h30 et dejà l'agitation a repris.
La matinée est le moment idéal pour se balader. Pondichery s'organise en un quadrillage de rues aux noms souvent bi ou trilingues ( ici on parle en effet le tamoule, l'anglais et le francais) on se repère donc assez bien à travers la ville et je retrouve plutot facilement mes endroits préférés, découverts par surprise ou bien conseillés par mon hôte ou par d'autres voyageurs.
Il y a entre autre ce vendeur de Massala tea ou Chai, du thé bouilli directement dans du lait avec les épices que constitue le mélange appelé "massala" et que l'on retrouve dans beaucoup de plats typiques ici : massala dosai, massala chappathi... j'adore ce petit rituel matinal et bizarrement, boire du thé brulant par cette chaleur ne me dérange absolument pas.
La balade dans l'effervescence du quartier tamoule se poursuit, au hasard des rues on découvre parfois de belles batisses, toujours des couleurs, souvent des sourires, qui s'élargissent volontiers lorsque l'on sort un appareil photo.
La ville est odorante. Aux effluves nauséabondes des égouts et de la pollution se mêlent celle de l'encens qui brule dans les maisons, celle du jasmin qu'assemblent des hommes ou des femmes assis par terre sur le trottoir et que l'on retrouve dans les superbes chevelures des indiennes, des écolières. L'odeur du chai, celle des plats que les vendeurs commencent à préparer dans la rue...
Ce festival de couleurs et d'odeurs trouve son apogée au Marche Goubert, très grand marche couvert ou l'on trouve des fleurs, des fruits, légumes et autres plantes, du poisson, des épices, des tissus... il est difficile de savoir ou donner de la tete ni par quoi se laisser tenter tant il y a de choses à découvrir.
La découverte du jour, c'est l'anone : un fruit qui ressemble un peu à un artichaut, a une chair blanchatre très douce au parfum délicatement sucré, et a pour inconvénient de contenir beaucoup de noyaux, mais cela ne gache en rien le plaisir d'en manger.
11h30. Il est temps de songer à quitter la chaleur de la ville betonnée et d'aller se poser à l'ombre pour déjeuner. Quel plaisir lorsque l'on est aussi gourmande que moi que de découvrir toutes ces saveurs, tous ces plats. Je suis bien partie pour tout tester, des plats que je connaissais déjà en France comme les samoussas (que l'on paye ici 5 à 10 roupies, soit l'équivalent de 7 à 14 centimes d'euros...) ou le biryani accompagné d'un lassi bien frais. Mais aussi ( et surtout ! ) tous ces plats que je découvre, le dhal, les chappathis, l'uttapam, les idly, dosai ...il n'y a vraiment pas de quoi se lasser !
Jusqu'à 15h, c'est le repos que j'essaye de trouver dans un endroit ombragé et ventilé. Le moment pour se poser, repenser aux découvertes de la matinée, lire, écrire, dormir aussi parfois lorsque la nuit a été courte ou découpée par les appels à la prière de la mosquée voisine.
Puis de nouveau, l'exploration. Selon l'humeur Pondichery offre la possibilité de retourner dans la frénésie du quartier indien ou bien d'aller se balader dans le calme relatif du quartier francais. Pour cette raison je suis ravie d'avoir commencé mon sejour en Inde par cette ville qui est très loin je pense de l'ambiance de Dehli ou Calcutta. Le quartier francais est assez différent, plus calme, on y retrouve de jolies traces du passé colonial de la ville, notamment en terme d'architecture. Les bougainvilliers fleurissent échaque coin de rue et il est très agréable de s'y promener pour respirer un peu, bien qu'il n'y ait finalement pas tant de choses à y faire et que l'ambiance des tres jolis salons de thé et restaurant soit assez occidentalisée. On y trouve aussi de belles boutiques mais les prix y sont souvent bien plus élevés que dans le quartier tamoule.
Les indiens semblent prendre du plaisir à venir marcher le long de la promenade du front de mer pour s'y rafraichir en soirée, ou bien y faire leur jogging tôt le matin.
Durant l'apres-midi, entre deux longues marches à travers la ville je me laisse tenter par un kulfi : une glace à la cardamome et aux éclats de pistache ou de noix de cajou. C'est une jeune fille qui me le tend avec son beau sourire et l'amusement dans ses yeux de me voir quasiment tous les jours, car elle fait aussi un jus de canne à sucre a se damner... les branches sont passées dans une sorte de grosse presse qui en extrait le jus auquel elle rajoute du citron et du gingembre ... un délice !
Le soir, le repas est partagé avec les autres voyageurs on discute, on échange et la journée se termine ainsi, sur cette belle terrasse d'un toit de Pondichéry.
Il ne reste plus qu'à aller rever de la suivante, avec ses nouvelles découvertes et ses nouvelles rencontres ...
Rencontre avec l'Inde 09.10.14
Voilà maintenant cinq jours que je suis arrivée dans ce pays qu'il me tardait tant de découvrir.
Dimanche dernier, l'avion a attéri à Chennai, capitale de la province du Tamil Nadu, et il était enfin temps d'ouvrir grand mes yeux, mes oreilles, de laisser la possibilité à tous mes sens de recevoir ce que l'Inde avait à m'offrir.
Des six pays que j'ai l'intention de découvrir, l'Inde est celui qui m'a valu le plus de recommandations, de récits divers et variés, de descriptions plus ou moins positives de personnes y ayant mis les pieds.
C'est donc avec ce lourd bagage de phrases résonnant en moi que je suis arrivée à Chennai, avec la ferme volonté de le déposer gentiment en arrivant pour qu'il n'y ait aucun filtre s'imposant dans ma rencontre avec l'Inde.
Cette rencontre s'est caractérisée par un tsunami d'émotions. Tour à tour l'étonnement, l'amusement, l'abassourdissement, la gêne, l'enthousiasme, l'émerveillement, la confusion...
En sortant de l'aéroport, c'est une chaleur étouffante et humide qui m'a accueillie. Il fait autour de 35 degrés en ce moment, les débuts de matinée et soirées sont agréables mais en journée il faut adapter ses actvités.
J'ai rejoint Pondichéry en taxi. Ce trajet a duré 3h, le sourire aux lèvres : l'aventure longuement rêvassée commençait pour de bon. Un trajet le sourire aux lèvres oui, mais les yeux à demi-clos aussi ... la faute non pas aux 13h d'avion qui avaient précédé mais plutôt au stress provoqué par la conduite de mon chauffeur ou plutôt à la conduite de tous ces indiens autour qu'ils soient en voiture, en moto, en rickshaw, en scooter, à pieds, à vélo ou tout autre moyen de transport non identifié. Pas vraiment de règle, on klaxonne à tout va pour s'imposer dans cette jungle routière, on pile, on accélère, on slalomme, on double sans trop regarder ce qui nous attend devant, et on repart pour la même ritournelle.
Je suis arrivée à Pondichéry dans la matinée, accueillie par la charmante famille chez qui j'ai loué une chambre d'hôte et chez laquelle je vais rester 2 semaines. J'y ai déposé mes bagages et suis rapidement partie à pieds explorer les alentours.
Les deux premiers jours ont été épuisants, cette surpopulation, ce bruit incessant, cette insalubrité (coucou le rat !), cette misère ... toutes ces choses oui, auxquelles on m'avait préparée, mais qui choquent malgré tout lorsque l'on s'y trouve véritablement confrontée.
Cinq jours plus tard, rien n'est plus pareil. Certes dans la rue rien n'a changé, mais je m'y suis tranquillement habituée et je profite maintenant pleinement de chaque instant passé ici et me sens presque aussi à l'aise qu'à Rennes !
Cette effervescence est certes fatigante mais excitante tout à la fois, une fois les appréhensions passées, et l'on se laisse alors porter par elle, par cette VIE indienne.
Dans le prochain écrit je vous embarquerai dans ma découverte de Pondichéry, que j'ai déjà bien explorée. En attendant, je vous quitte pour un "Kulfi" en bord de mer, il est 17h30, le soleil va bientôt se coucher et la lumière est magnifique sur les batiments colorés qui m'entourent. (photos prochainement...)
Dimanche dernier, l'avion a attéri à Chennai, capitale de la province du Tamil Nadu, et il était enfin temps d'ouvrir grand mes yeux, mes oreilles, de laisser la possibilité à tous mes sens de recevoir ce que l'Inde avait à m'offrir.
Des six pays que j'ai l'intention de découvrir, l'Inde est celui qui m'a valu le plus de recommandations, de récits divers et variés, de descriptions plus ou moins positives de personnes y ayant mis les pieds.
C'est donc avec ce lourd bagage de phrases résonnant en moi que je suis arrivée à Chennai, avec la ferme volonté de le déposer gentiment en arrivant pour qu'il n'y ait aucun filtre s'imposant dans ma rencontre avec l'Inde.
Cette rencontre s'est caractérisée par un tsunami d'émotions. Tour à tour l'étonnement, l'amusement, l'abassourdissement, la gêne, l'enthousiasme, l'émerveillement, la confusion...
En sortant de l'aéroport, c'est une chaleur étouffante et humide qui m'a accueillie. Il fait autour de 35 degrés en ce moment, les débuts de matinée et soirées sont agréables mais en journée il faut adapter ses actvités.
J'ai rejoint Pondichéry en taxi. Ce trajet a duré 3h, le sourire aux lèvres : l'aventure longuement rêvassée commençait pour de bon. Un trajet le sourire aux lèvres oui, mais les yeux à demi-clos aussi ... la faute non pas aux 13h d'avion qui avaient précédé mais plutôt au stress provoqué par la conduite de mon chauffeur ou plutôt à la conduite de tous ces indiens autour qu'ils soient en voiture, en moto, en rickshaw, en scooter, à pieds, à vélo ou tout autre moyen de transport non identifié. Pas vraiment de règle, on klaxonne à tout va pour s'imposer dans cette jungle routière, on pile, on accélère, on slalomme, on double sans trop regarder ce qui nous attend devant, et on repart pour la même ritournelle.
Je suis arrivée à Pondichéry dans la matinée, accueillie par la charmante famille chez qui j'ai loué une chambre d'hôte et chez laquelle je vais rester 2 semaines. J'y ai déposé mes bagages et suis rapidement partie à pieds explorer les alentours.
Les deux premiers jours ont été épuisants, cette surpopulation, ce bruit incessant, cette insalubrité (coucou le rat !), cette misère ... toutes ces choses oui, auxquelles on m'avait préparée, mais qui choquent malgré tout lorsque l'on s'y trouve véritablement confrontée.
Cinq jours plus tard, rien n'est plus pareil. Certes dans la rue rien n'a changé, mais je m'y suis tranquillement habituée et je profite maintenant pleinement de chaque instant passé ici et me sens presque aussi à l'aise qu'à Rennes !
Cette effervescence est certes fatigante mais excitante tout à la fois, une fois les appréhensions passées, et l'on se laisse alors porter par elle, par cette VIE indienne.
Dans le prochain écrit je vous embarquerai dans ma découverte de Pondichéry, que j'ai déjà bien explorée. En attendant, je vous quitte pour un "Kulfi" en bord de mer, il est 17h30, le soleil va bientôt se coucher et la lumière est magnifique sur les batiments colorés qui m'entourent. (photos prochainement...)
Seule ? Ah bon ? Mais ça ne te fait pas peur ? 30.09.14
A tous ceux qui m’ont posé cette question, rassurez-vous : finalement, je ne pars pas seule, Clément m’accompagne !
Clément et moi avons fait connaissance ce matin et à vrai dire, je n’ai pu résister à son sourire enjôleur... il fera donc parti du voyage, pendant ces quelques mois.
Il n’est pas très grand et surtout complètement aplati, la faute au tableau qui lui est tombé dessus... mais cela a certains avantages d’être plat, comme celui de pouvoir voyager dans une lettre, se glisser dans un sac à dos, et ainsi partir à la découverte du monde... et avec moi de l’Asie !
En réalité, j’emporte plusieurs petits “Clément”... et participe ainsi avec quatre classes de CE2-CM1, CM1-CM2 et CM2 au projet “Clément aplati”.
Flat Stanley (dans sa version originale) est un roman américain des années 60 qui fait l’objet d’un projet mondial de correspondance. À la manière du nain d’Amélie Poulain, les petits “Clément” que les élèves m’ont envoyés vont pouvoir découvrir l’Asie en se baladant un peu partout avec moi. Ils visiteront eux aussi l’Inde, la Thaïlande, le Laos, la Birmanie, le Cambodge et le Sri Lanka et, photos à l’appui, témoigneront ainsi de leurs découvertes.
Clément et moi avons fait connaissance ce matin et à vrai dire, je n’ai pu résister à son sourire enjôleur... il fera donc parti du voyage, pendant ces quelques mois.
Il n’est pas très grand et surtout complètement aplati, la faute au tableau qui lui est tombé dessus... mais cela a certains avantages d’être plat, comme celui de pouvoir voyager dans une lettre, se glisser dans un sac à dos, et ainsi partir à la découverte du monde... et avec moi de l’Asie !
En réalité, j’emporte plusieurs petits “Clément”... et participe ainsi avec quatre classes de CE2-CM1, CM1-CM2 et CM2 au projet “Clément aplati”.
Flat Stanley (dans sa version originale) est un roman américain des années 60 qui fait l’objet d’un projet mondial de correspondance. À la manière du nain d’Amélie Poulain, les petits “Clément” que les élèves m’ont envoyés vont pouvoir découvrir l’Asie en se baladant un peu partout avec moi. Ils visiteront eux aussi l’Inde, la Thaïlande, le Laos, la Birmanie, le Cambodge et le Sri Lanka et, photos à l’appui, témoigneront ainsi de leurs découvertes.
Voici le Clément des CM1-CM2 de l'école Isidore Robequin
à Conflans-sur Seine. |
Celui-ci vient tout droit d'Hadol dans les Vosges, où la classe des CM2 attend avec impatience de recevoir de ses nouvelles ... |